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Témoignage : atrocités et tortures, immersion dans les geôles syriennes

Des anciens détenus, témoins et victimes d’atrocités durant leur détention, révèlent les sévices commis dans les geôles du régime Assad - "J'ai vu des cadavres aux membres sectionnés, les yeux arrachés"

Mohammed Maher Ben Romdhane  | 30.06.2019 - Mıse À Jour : 01.07.2019
Témoignage : atrocités et tortures, immersion dans les geôles syriennes

Ankara

AA / Idleb / Selen Temizer - Burak Karacaoglu

Après avoir survécu aux raids aériens du régime de Bachar al-Assad, Um Muhammed et ses deux filles ont été capturées et emprisonnées pendant plus de 2 ans, une détention durant laquelle cette mère de famille a été témoin et victime des atrocités infligées aux détenus : "J'ai vu des jeunes mourir enveloppés dans des couvertures, ainsi que des corps mutilés, dont les membres étaient sectionnés, les yeux arrachés ».

En 2014 à Harasta, dans l'est de Damas, la maison d’Um Mohammed était la cible de frappes aériennes, au cours d’une attaque, elle a été touchée par un fragment d’obus, une blessure qui la paralysera partiellement.

Aujourd’hui âgée de 55 ans, Um Mohammed, revient sur cet épisode tragique de sa vie, durant laquelle elle explique avoir été emprisonnée après avoir été transportée dans un hôpital de Damas, près de la zone sous contrôle du régime syrien.

Um Muhammed, qui a, alors entamé deux ans de captivité, une détention partagée avec ses filles, a révélé aux journalistes de l’agence Anadolu (AA) qu'elles vivaient dans le centre de détention d’El-Hatib.

"Ils m'ont emmenée dans une chambre de l’hôpital avec mes filles, avant de fermer la porte. Il aurait été préférable qu’ils m’emmènent à ce moment-là et me jettent dans un cachot. Les soins m’étaient interdits. Ils me gardaient à l’hôpital sans traitement. Il n'y avait pas de service’’, explique Um Muhammed.

-‘’ Chaque jour mon seul souhait était de mourir "

Elle a, ensuite, été conduite de l’hôpital à un centre d’interrogatoire.
"J'ai été témoin de beaucoup de choses quand j'ai été arrêtée. Chaque jour mon seul souhait était de mourir. Je dormais par terre, ni matelas, ni rien. Ils ont gardé mes filles. Elles étaient avec moi. Je les ai suppliés qu’on les libère et qu’elles ne soient pas retenues prisonnières, en vain. Notre clavaire a duré 2 ans et 1 mois’’.

Um Muhammed, continue à expliquer son calvaire :
‘’Mes filles ont beaucoup souffert. Elles ont été jetées seules dans des cellules. Elles avaient soif. Des jeunes ont été battus à mort. Ils torturaient les adolescents jour et nuit. J'ai prié Allah pour eux. On était dans des cellules souterraines. On n'a pas vu la lumière du jour. Il y avait 19 personnes dans un espace qui mesurait pas plus de 10 m². On ne pouvait pas dormir correctement. Je voulais mourir. Je n'avais plus la patience de m’accrocher à la vie. Même si l'état d'un patient était critique, ils ne lui donnaient rien. Ils lui disaient "meurs". Nous buvions dans les toilettes quand on voulait de l'eau. Il n'y avait pas de nourriture.’’

-"Je ne peux pas oublier les hurlements"

"Je ne peux pas oublier les bruits des tortures qu’on leur infligeait là-bas. Ils sont toujours dans ma tête. Les hurlements des jeunes torturés ne me quittent jamais’’, a-t-elle confié.

‘’J'ai vu des jeunes mourir enveloppés dans des couvertures. J'ai vu des cadavres dont les membres avaient été sectionnés. J'ai vu les blessures causées par la torture. Ils séparaient les enfants de leurs mères. On ignorait où ils avaient été emmenés. Les mères pleuraient pour eux. Ils ont emmené des enfants à l’orphelinat".

‘’Pendant ma période de captivité, mon petit-fils, Oussama, ma beaucoup manqué. Nous sommes sortis de prison grâce à la volonté d'Allah. Un jour, ils ont lu une liste de noms. Nous avons été appelées et nous sommes sorties. Ensuite, nous avons séjourné à Damas durant 4 jours. Mes filles et moi étions terrorisées à l’idée de retourner en prison. Quatre jours plus tard, nous sommes arrivées à Idleb. Puis mes fils sont venus ici. Le régime nous y a conduits de force. Nos biens nous ont été confisqués. Ils ont pris nos maisons, nos locaux de travail et nous ont déplacés à Idleb.

Um Muhammed a déclaré qu'elle était maintenant handicapée, ayant été emprisonnée et n’ayant pas reçu les soins nécessaires après l’attaque aérienne dans laquelle elle a été blessée.

"Je me fie à Allah pour obtenir justice. Je me plains de tous les cruels », a déclaré Um Mohammad, avant de noter: "Allah m'a donné la patience. Malgré ma douleur, j’ai été patiente. Je ne me suis jamais plainte pour ne pas déranger qui que ce soit. En prison, je rêvais que la situation serait meilleure un jour, mais je ne pensais pas sortir. Je pensais que j'allais mourir là-bas ».


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