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Syrie: les membres du régime déchu rendent les armes et s'enregistrent auprès du nouveau pouvoir

- Dans les centres mis en place par l'administration intérimaire à Damas et dans tout le pays, les soldats et les policiers du régime Assad déposent les armes, alors que les membres de l'armée et la bureaucratie de sécurité s'enregistrent.

Enes Canlı  | 23.12.2024 - Mıse À Jour : 25.12.2024
Syrie: les membres du régime déchu rendent les armes et s'enregistrent auprès du nouveau pouvoir

Damascus

AA / Damas / Enes Canli

Après l'effondrement du régime baasiste de 61 ans en Syrie, les soldats du régime et la bureaucratie de sécurité s'enregistrent en rendant leurs armes dans les "centres d'identification et de réconciliation" mis en place par l'administration intérimaire.

Le point de recrutement situé dans le quartier de Mezze, à Damas, la capitale syrienne, est utilisé comme centre de réconciliation et d'identification mis en place par la nouvelle administration. De nombreuses personnes font la queue devant le portail situé à l'extérieur de l'enceinte. Les personnes qui s'inscrivent dans la file d'attente sont conduites à l'intérieur après l'appel de leur nom.

Les personnes qui font la queue déposent d'abord leurs armes, si elles en ont, et entrent dans le bâtiment en marchant sur un portrait de Bachar al-Assad.

À l'intérieur, des représentants du nouveau gouvernement syrien enregistrent les informations relatives à l'identité des personnes, leur lieu de résidence et les fonctions qu'elles ont occupées sous l'ancien régime. Les personnes sont photographiées à la sortie avec les documents qui leur ont été remis.

Ceux qui s'enregistrent reçoivent une nouvelle carte d'identité pour trois mois, ce qui leur permet de se déplacer en toute sécurité dans le pays.


- À Damas, environ 1 200 personnes remettent leurs armes et s'enregistrent chaque jour.

Walid Abdourabou, officier responsable des centres "d'identification et de réconciliation" ouverts à Damas par le ministère de l'Intérieur de l'administration intérimaire en Syrie, a déclaré au correspondant d'AA que ces centres ont été créés pour que les soldats, les policiers, les employés de l'armée et de la sécurité de l'armée du régime s'identifient et remettent leurs armes et autres véhicules mis à leur disposition.

Il a expliqué que non seulement les soldats et les policiers, mais aussi les éléments connus sous le nom de « shabiha », que le régime Assad utilise comme forces paramilitaires, viennent dans ces centres.

"Ils viennent ici, remettent leurs armes et nous leur donnons une carte temporaire pour trois mois. Pendant cette période, ils peuvent l'utiliser comme carte d'identité", a-t-il expliqué.

Abdourabou a indiqué qu'environ 1 200 à 1 500 personnes ont déposé une demande dans chaque centre de Damas jusqu'à présent.

"Les éléments du régime et ceux qui travaillent ici peuvent reprendre leur travail et leur vie normale s'ils n'ont pas de sang sur les mains. Ceux qui viennent ici sont les enfants du peuple syrien. Le régime les a trompés. Certains d'entre eux ont utilisé leurs armes contre le peuple, et le régime leur a donné un pouvoir illimité. On était loin de l'État de droit et de l'obligation de rendre des comptes", a-t-il ajouté.

Le responsable a par ailleurs déclaré que les éléments du régime déchu, qui ont maintenant rendu leurs armes, "ont utilisé leurs armes contre le peuple de manière indisciplinée, illégale et immorale pour tuer, commettre des violences et confisquer des maisons".

Et de poursuivre : "Nous voulons tourner une nouvelle page et construire une nouvelle Syrie. J'appelle tous les éléments armés du régime à venir dans ce centre de réconciliation et à déposer leurs armes afin qu'ils ne manquent pas cette occasion. S'ils gardent leurs armes, cela signifie qu'ils les utiliseront à des fins de banditisme contre le peuple ou le gouvernement. Cela ne sera pas autorisé".


- Les soldats et les policiers du régime déchu se plaignent du régime d'Assad

Ceux qui ont servi dans l'armée et la police sous le régime se sont plaints de ne plus pouvoir vivre de leurs salaires.

Ibrahim Dib (42 ans), qui a travaillé comme officier de police au ministère de l'intérieur pendant 23 ans sous l'ancien régime, a déclaré que les gens étaient traités avec des attitudes "extrémistes" sous l'ancien régime, raison pour laquelle il a rejoint l'initiative de normalisation et de réconciliation.

À la question de savoir s'il avait des regrets concernant son travail sous le régime, Dib a répondu : "Il ne nous était pas possible d'utiliser des mots tels que résistance, persévérance, etc. Il y avait un ordre sectaire. Seul un certain groupe pouvait s'élever. Mon plus grand regret est de n'avoir rien pu accomplir personnellement au cours de mes 23 dernières années de service. Je vis toujours dans un logement loué. Nous étions les plus faibles. Tout le monde sait qu'au ministère de l'intérieur et dans la police, les salaires et les postes étaient les plus bas. Il n'y avait de favoritisme que pour certains dirigeants".


- "Le peuple syrien ne vivait pas, seuls les dirigeants et leur entourage vivaient"

Ali Asi, de la ville de Lattaquié, qui a servi dans l'armée du régime Assad et a été sur la ligne de front, a déclaré qu'il avait rendu son arme et que "la révolution était le succès du peuple syrien, et que l'oppression, la persécution et les difficultés économiques auxquelles les gens étaient acculés avaient pris fin".

"Le pays avait besoin d'une nouvelle économie et d'une nouvelle vie. Le peuple syrien ne vivait pas, seuls les gens au pouvoir et leur entourage vivaient. L'arrivée de cette nouvelle administration apportera du réconfort à tout le monde", a-t-il dit.

Asi, qui considère l'arrivée de l'opposition syrienne à Damas comme une victoire, affirme que la reprise économique et la sécurité seront assurées.

"J'ai rendu mon arme et nous avons été traités correctement et humainement. Nous avons vu ce qui a changé, ce n'est pas comparable au passé. Ils font de leur mieux pour nous aider. Tout d'abord, il y a plus de pain maintenant. Aujourd'hui, beaucoup de choses qui conduisaient à la pauvreté ont pris fin".


- Des soldats et des policiers se disent sous pression

Un officier, qui a requis l'anonymat, a déclaré qu'il était chargé des affaires financières dans l'armée du régime et qu'il subissait de fortes pressions après que deux de ses quatre frères se soient rangés du côté de l'opposition.

Il a déclaré avoir voulu quitter l'armée par le passé, mais le régime lui avait déjà confisqué ses armes et il craignait que s'il quittait l'armée, son dernier frère et toute sa famille ne soient envoyés dans les centres de torture d'Assad.

L'officier de police a déclaré qu'ils étaient très pauvres et que même leurs salaires mensuels étaient confisqués par les officiers supérieurs pour les mettre dans leurs propres poches en les déduisant sous diverses excuses.

Il a déclaré qu'il était victime de discrimination sur son lieu de travail en raison de sa confession et qu'il était considéré comme un élément du régime dans le quartier où il vivait, et qu'il devait travailler dans une échoppe de colporteurs le soir pour subvenir aux besoins de sa famille.

* Traduit du turc par Tuncay Çakmak

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