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Syrie: Les forces du régime d'Assad déployées à proximité des installations de l'entreprise française Lafarge

- L'AA a capturé des images des forces du régime qui se sont déployées autour de l'usine du géant du ciment

Ömer Koparan, Ethem Emre Özcan, Ömer Faruk Yıldız  | 07.09.2022 - Mıse À Jour : 08.09.2022
Syrie: Les forces du régime d'Assad déployées à proximité des installations de l'entreprise française Lafarge

Ankara

AA / Azez - Ankara

L'armée du régime de Bachar al-Assad s'est déployée en plusieurs points à environ 3 kilomètres à l'est de l'entreprise française Lafarge, accusée "de complicité de crimes contre l'humanité" au motif qu'elle finançait l'organisation terroriste Daech en Syrie, dont les installations ont servi de base à l'armée américaine.

Le 7 septembre 2021, l'Agence Anadolu (AA) avait dévoilé des documents démontrant le financement de Daech par le cimentier français.

Les installations de Lafarge sont situées à environ 20 kilomètres de la frontière turque.

D'après les informations recueillies par AA auprès de sources locales, l'usine de ciment est actuellement utilisée comme base par les forces américaines.

Environ 60 soldats américains ont été déployés dans l'usine, située au nord-est d'Alep, près de la ville de Çelebi, qui est occupée par l'organisation terroriste YPG/PKK.

L'installation, propriété de l'entreprise française Lafarge, dispose de véhicules blindés et d'armes lourdes appartenant aux forces de la coalition dirigée par les États-Unis.

- Les forces du régime sont situées à 3 kilomètres de l'installation

Avec l'incitation de la Russie, le YPG/PKK s'est rapidement rapproché du régime d'Assad alors que les possibilités d'actions militaires de la Türkiye augmentaient.

L'organisation terroriste, qui a ainsi tenté de dissuader la Türkiye en présentant les zones qu'elle occupait comme étant sous le contrôle du régime, a autorisé le déploiement de soldats du régime en certains points des zones occupées.

Dans ce cadre, les forces du régime ont été déployées à plusieurs endroits dans la région à environ 3 km à l'est du complexe Lafarge de Çelebi depuis la fin juillet.

Il y a actuellement 300 à 400 soldats du régime, chars, armes lourdes et véhicules blindés dans la région.

- Vue dès L'installation et les forces du régime

Les correspondants de l'AA sur le terrain ont obtenu des images de l'installation Lafarge sous la protection des forces américaines et des zones militaires du régime établis à proximité.

Un hélicoptère militaire, supposé appartenir aux forces de la coalition dirigée par les États-Unis, vole autour de l'installation, où le silence règne dans l'usine à l'arrêt.

Les images des points de déploiement du régime montrent des chars, des obusiers et des munitions. Les éléments du régime séjournent sous des tentes.

- Les questions d'AA sont restées sans réponse

En juillet 2015, la société change de nom en fusionnant avec son rival suisse Holcim. Les correspondants de l'AA, par courriel, ont posé les questions suivantes : "Est-ce que Lafarge est toujours propriétaire des installations de la région de Çelebi au nord de la Syrie ?", "Savez-vous que ces installations sont utilisées par des éléments militaires ?", " Êtes-vous d'accord avec cela ? "

Cependant, les responsables de l'entreprise se sont abstenus de répondre aux questions posées.

- L'avenir de Lafarge dans la région occupée par les YPG/PKK interroge

Dans une décision prise par les Etats-Unis le 12 mai, les entreprises qui investiront dans des zones occupées par YPG/PKK en Syrie dans des domaines tels que l'agriculture, les télécommunications, les transports, la construction et la production, seront exemptées des sanctions imposées. Après cette décision, l'activité a repris sur le site de l'entreprise à Çelebi, anciennement connu sous le nom de Lafarge.

Après la décision d'exemption à l'investissement, les forces de la coalition dirigée par les États-Unis sont arrivées sur l'installation le 16 mai, et le lendemain, les travaux de terrassement autour de l'installation ont commencé.

Alors qu'il s'agit de savoir si Lafarge réactivera son installation en Syrie après des années, une délégation d'experts a mené des examens sur l'installation le mois dernier.

- Avec des documents AA, le financement par l'entreprise française de Daech a été prouvé

Le 7 septembre 2021, l'Agence Anadolu a publié des documents prouvant que l'entreprise française Lafarge a financé l'organisation terroriste Daech avec la connaissance des renseignements français.

D’après les documents, Lafarge a constamment informé le service de renseignement français sur ses relations avec l'organisation terroriste Daech. Les services de renseignement et les agences gouvernementales françaises n'ont pas averti Lafarge qu'il commettait des crimes contre l'humanité en finançant le terrorisme, mais l'ont admis dans des documents confidentiels. Daech a par ailleurs utilisé le ciment acheté à Lafarge dans la construction d'abris et de tunnels.

Dans le cadre de l'investigation ouverte sur l'entreprise en juin 2017, quelques cadres dirigeants, dont le président du conseil d'administration de Lafarge, Bruno Lafont, ont été accusés de "financer le terrorisme ".

L'accusation de "complicité de crimes contre l'humanité" déposée contre la société en juin 2018 a été retirée en novembre 2019.

Les parties civiles impliquées dans l'affaire, telle que l'organisation non gouvernementale de lutte contre la corruption Sherpa, ont saisi la Cour suprême pour s'opposer au retrait de cette accusation.

Le 7 septembre 2021, la cour suprême française avait rendu la décision qui ouvrait la voie à l'inculpation de Lafarge pour "complicité de crimes contre l'humanité" en raison de son financement des terroristes de Daech en Syrie.

Le 18 mai, la cour d'Appel de Paris a approuvé l'ouverture d'une information judiciaire contre le géant français du ciment Lafarge sur l'allégation selon laquelle " il est complice de crimes contre l'humanité ". Il a été prouvé par les documents obtenus par AA que cette société finançait l'organisation terroriste DAESH en Syrie.

- De l'implantation de l'entreprise en Syrie au financement de Daech

Le français Lafarge, l'une des plus grandes entreprises cimentières au monde, a poursuivi ses activités malgré la guerre civile qui a éclaté en Syrie en mars 2011.

L'entreprise, qui a poursuivi ses activités de production malgré la prise de contrôle de la région par l'organisation terroriste Daech, a mis fin à ses activités fin 2014.

Cependant, il a été révélé que la société s'approvisionnait en fournitures et en carburant auprès de l'organisation en plus de verser de l'argent à Daech afin de poursuivre ses activités dans la région de Çelebi.

La société a changé de nom en fusionnant avec son rival suisse Holcim en juillet 2015.

Jusqu'à l'Opération Source de Paix lancée par la Türkiye le 9 octobre 2019 contre les organisations terroristes en Syrie, les soldats américains et français se sont installés dans une partie de l'installation au début de 2015, et en ont utilisé une partie comme base pendant environ 4,5 ans.

TRT World a également révélé dans son documentaire "The Factory", publié en novembre 2021, que Lafarge, qui entretient des relations étroites avec l'Etat français, a versé 10 millions de dollars aux organisations terroristes PKK et Daech.

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