AA / Paris / Ümit Dönmez

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin a annoncé un plan ambitieux, ce lundi soir, pour décongestionner les prisons françaises, confrontées à une surpopulation chronique.

Par voie d’une publication sur X, Darmanin a indiqué qu’il lançait deux appels d’offres pour construire 3 000 places de prison modulaires, « en 18 mois », et à « deux fois moins cher qu’avant ».

Il a dévoilé 17 sites retenus pour les 1 500 premières places, répartis de Troyes à La Réunion.

Invité sur RTL, il a même évoqué la transformation d’Ehpad fermés en établissements pénitentiaires et l’option de louer des places à l’étranger, notamment en Espagne et en Allemagne.

Darmanin a justifié ces mesures par l’urgence d’une densité carcérale moyenne de 135 %, qui atteint plus de 200 % dans certaines maisons d’arrêt, avec 84 447 détenus pour 62 566 places au 1ᵉʳ juin dernier.

Toutefois, cette stratégie suscite des résistances. Citée par la presse locale, Béatrice Bellay, députée socialiste, a ironisé : « On a découvert des places magiques ? Vous les mettez où ? » Dominique Simonnot, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, regrette l’absence de mesures de réduction de peine, jugées plus utiles pour la réinsertion : « C’est beaucoup de déception », a-t-elle affirmé.

Pour rappel, Claire Hédon, Défenseure des droits, avait déjà dénoncé en novembre 2024 la « situation alarmante » résultant de la surpopulation, évoquant infestations, promiscuité et manque d’accès aux soins et recommandant des mécanismes de régulation et des alternatives à l’incarcération.

Darmanin mise sur des prisons modulaires qui seraient à moindre coût – environ 200 000 € par place au lieu de 400 000 € traditionnellement – pour désengorger rapidement le parc pénitentiaire.

Pourtant, l’efficacité de cette stratégie reste controversée. Les critiques soulignent que sans réduction des peines, développement des politiques alternatives ou amélioration de la réinsertion, la surpopulation risque de se réinstaller.

Alors que Darmanin prépare également la création d’une prison de haute sécurité pour narcotrafiquants et réfléchit à une catégorisation des détenus, l’opposition réclame une approche plus globale.