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Srebrenica: une ville fantôme, théâtre d'un génocide, qui cherche à rester debout

- De milliers de personnes y ont perdu la vie en juillet 1995 au cours d'un génocide perpétré pendant la guerre de Bosnie-Herzégovine

Vesna Besic, Lejla Biogradlija  | 08.07.2021 - Mıse À Jour : 08.07.2021
Srebrenica: une ville fantôme, théâtre d'un génocide, qui cherche à rester debout Les bâtiments et les rues de cette petite ville de l'Est de la Bosnie-Herzégovine portent encore les cicatrices du douloureux événement vécu il y a 26 ans. Elvis Spiodic, alors âgé de 11 ans lors du génocide de Srebrenica, s'est confié à l'Agence Anadolu: "Je suis retourné dans ma ville natale il y a 15 ans. J'étais sûr que Srebrenica retrouverait son esprit d'antan. Cafés, restaurants, hôtels et boulangeries fonctionnaient, mais la situation des cinq dernières années n'est pas reluisante. Srebrenica se meurt." ( Elman Omic - Anadolu Ajansı )

Bosnia and Herzegovina

AA / Srebrenica

Les bâtiments et les rues de cette petite ville de l'Est de la Bosnie-Herzégovine portent encore les cicatrices du douloureux événement vécu il y a 26 ans.

Elvis Spiodic, alors âgé de 11 ans lors du génocide de Srebrenica, s'est confié à l'Agence Anadolu: "Je suis retourné dans ma ville natale il y a 15 ans. J'étais sûr que Srebrenica retrouverait son esprit d'antan. Cafés, restaurants, hôtels et boulangeries fonctionnaient, mais la situation des cinq dernières années n'est pas reluisante. Srebrenica se meurt."

"Malheureusement, la ville est en train de devenir un endroit où seuls les retraités vivent. Les jeunes partent parce qu'ils ne pensent pas pouvoir construire leur avenir ici", a ajouté Spiodic, qui pense que le génocide a tout enlevé aux habitants de ce territoire.

Spiodic a indiqué qu'aucun nouveau lieu de travail n'avait été ouvert à Srebrenica ces derniers temps, et a avoué son envie de quitter la ville.

Senad Djozic est retourné à Srebrenica en 2009 et travaille à la bibliothèque de la ville. "D'abord je suis venu seul, et un an plus tard ma mère m'a suivi. Je me suis marié et j'ai fondé une famille ici, mais du point de vue du travail, la situation n'est pas agréable", a-t-il affirmé.

Djozic a aussi évoqué les conditions difficiles des agriculteurs et des éleveurs du coin. "Il n'y a pas de cafés, de restaurants et de cinémas, comme c'est le cas dans d'autres villes. Nous nous sommes habitués à vivre sans tout cela. L'amour pour votre ville natale vous pousse à oublier tous ses défauts", a-t-il déclaré.

Malgré toutes les difficultés, Djozic s'est dit résolu à ne pas quitter Srebrenica, qui selon lui devient progressivement une ville de retraite.

- "J'étais plus optimiste quand je suis venue pour la première fois."

Fadila Efendic a perdu son mari et son fils lors du génocide. Elle pense qu'il est toujours difficile de faire face à la réalité. "Ce sont les gens qui font une ville, pas les bâtiments. Tant de gens ont été tués ici. Ceux qui restent ici aujourd'hui vivent également dans la peur. Ils se disent "quelque chose va-t-il nous arriver". J'étais plus optimiste quand je suis venue pour la première fois", a-t-elle déploré.

- Que s'est-il passé à Srebrenica?

Après l'occupation de Srebrenica par les troupes serbes sous le commandement de Ratko Mladic le 11 juillet 1995, les civils bosniaques réfugiés auprès des soldats néerlandais au sein des installations des Nations Unies (ONU) ont été confiés aux Serbes.

Les Serbes, qui avaient autorisé les femmes et les enfants à franchir la zone contrôlée par les soldats bosniaques, ont massacré au moins 8 372 hommes bosniaques dans les forêts, les usines et les entrepôts. Les Bosniaques assassinés avaient été enterrés dans des fosses communes.

Les victimes dont les corps ont été retrouvés dans des fosses communes sont enterrées lors d'une cérémonie organisée au cimetière commémoratif de Potocari le 11 juillet de chaque année, après identification.

Cette année, 19 victimes du génocide rejoindront les 6 652 autres déjà enterrées dans le cimetière commémoratif de Potocari.

* Traduit du turc par Alex Sinhan Bogmis

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