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Souveraineté numérique : Paris et Berlin affichent leur unité

- À ce titre, Paris et Berlin ont signé une lettre d’intention pour soutenir l’offre commune de Mistral AI (France) et SAP (Allemagne), considérée comme une alternative européenne crédible aux solutions non européennes

Serap Doğansoy, Ben Amed Azize Zougmore  | 18.11.2025 - Mıse À Jour : 18.11.2025
Souveraineté numérique : Paris et Berlin affichent leur unité

Istanbul

AA / Istanbul / Ben Amed Azize et Serap Dogansoy

La France et l’Allemagne ont réaffirmé mardi leur volonté d’accélérer la construction d’une souveraineté numérique européenne, appelant Bruxelles à simplifier plusieurs règles jugées trop contraignantes pour l’innovation, lors d’un sommet bilatéral, à Berlin, consacré aux technologies d’avenir.

Réunis après le Conseil des ministres franco-allemand de Toulon le 29 août 2025, Emmanuel Macron et le chancelier allemand Friedrich Merz ont insisté sur la nécessité de "bâtir une stratégie commune" pour renforcer la compétitivité européenne dans l’intelligence artificielle (IA), le cloud, le quantique et les infrastructures numériques essentielles.

- Demande conjointe de simplification des règles européennes

Les deux dirigeants ont annoncé solliciter ensemble un report d’un an des dispositions du règlement européen sur l’IA concernant les systèmes à haut risque, estimant que leur entrée en vigueur rapide freinerait les capacités d’innovation des entreprises européennes.

Ils ont également plaidé pour une simplification du RGPD, souhaitant une approche "plus proportionnée" de la protection des données, tout en rappelant leur attachement aux principes fondateurs du texte.

Paris et Berlin veulent par ailleurs approfondir l’intégration du marché unique du numérique et du marché des capitaux, un préalable, selon eux, pour mobiliser les investissements massifs nécessaires dans les technologies émergentes.

- Investissements et infrastructures : vers un agenda commun

Le sommet a été marqué par la présentation de plusieurs annonces industrielles, totalisant 12 milliards d’euros d’investissements selon Berlin. Les deux pays ont souligné la montée en puissance de leurs écosystèmes technologiques respectifs, portés à la fois par de grands groupes et des acteurs émergents.

Sur le plan des infrastructures critiques, les dirigeants ont évoqué la coopération franco-allemande autour des supercalculateurs Jupiter (Allemagne) et Alice R. (France), ainsi que la participation commune aux initiatives européennes AI Factory et AI Gigafactory.

Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité de "former davantage de talents" dans l’IA et de structurer des réseaux de centres d’excellence, estimant que l’Europe pouvait "prendre le leadership" dans les technologies avancées si elle mobilisait ses capacités de recherche.

- Protection des données et "préférence européenne"

Le sommet a aussi débouché sur un engagement politique fort avec une "préférence européenne" pour les solutions d’IA dans les administrations publiques.

À ce titre, Paris et Berlin ont signé une lettre d’intention pour soutenir l’offre commune de Mistral AI (France) et SAP (Allemagne), considérée comme une alternative européenne crédible aux solutions non européennes.

« Nous voulons clairement désigner nos propres solutions. Être plus souverain et plus indépendant ne veut pas dire que nous ne voulons pas coopérer, mais sur les piliers clés, nous voulons préserver notre souveraineté », a déclaré le président français, traduisant à la fois une volonté d’indépendance, mais aussi leur désir commun de poursuivre la collaboration avec leurs partenaires américains et chinois.

- "Simplification, innovation et protection"

En conclusion, Emmanuel Macron a résumé la feuille de route franco-allemande autour de trois priorités : simplification des règles, accélération de l’innovation, et protection via une préférence européenne, affirmant que ce triptyque permettrait à l’Union européenne de "bâtir une réussite économique durable".

Les deux dirigeants ont insisté sur le fait que leur rapprochement visait à entraîner l’ensemble des vingt-sept États membres, rappelant la "tradition" qui fait du couple franco-allemand un moteur de l’intégration européenne.



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