Soudan: la famine confirmée à El-Fasher et Kadugli, symbole d'une crise alimentaire qui s’aggrave
- Deux localités atteignent un niveau de famine catastrophique, 20 autres régions sont en danger en raison du conflit et de l’accès restreint, selon le système mondial de suivi de la faim
Geneve
AA / Genève / Beyza Binnur Donmez
La famine a été confirmée dans la ville d’El-Fasher, ravagée par la guerre, dans l’État du Darfour-Nord au Soudan, ainsi que dans la localité assiégée de Kadugli, dans le Sud-Kordofan, selon une nouvelle analyse publiée lundi par le Système intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), soutenu par l’ONU.
Les deux villes « ont été classées en Famine (Phase 5 de l’IPC) avec des preuves solides » en septembre, et ces conditions devraient se poursuivre jusqu’en janvier prochain.
Le communiqué précise que la situation dans la ville assiégée de Dilling, dans le Sud-Kordofan, « est estimée similaire à celle de Kadugli ; toutefois, le manque de données empêche toute classification IPC pour cette zone ».
Il avertit également que « l’incertitude liée à l’évolution du conflit augmente le risque de famine, en particulier dans 20 zones du Grand Darfour et du Grand Kordofan ».
En septembre 2025, environ 21,2 millions de personnes, soit 45 % de la population soudanaise, étaient confrontées à un niveau élevé d’insécurité alimentaire aiguë (Phase 3 ou plus de l’IPC), dont 375 000 personnes (1 %) en Phase 5 (Catastrophe) et 6,3 millions de personnes (13 %) en Phase 4 (Urgence).
Le nombre de personnes en Phase 3 ou plus devrait légèrement diminuer pour atteindre 19,2 millions, soit 40 % de la population, entre octobre 2025 et janvier 2026. Cependant, au Darfour-Nord et dans les Montagnes Nuba occidentales, « les gains liés aux récoltes resteront limités en raison du conflit et de l’insécurité ».
Le 26 octobre, la milice des Forces de soutien rapide (FSR) a pris le contrôle de la ville d’El-Fasher et a commis des massacres de civils, selon des organisations locales et internationales, dans un contexte d’alerte sur le risque que cette offensive renforce la partition géographique du pays.
Depuis avril 2023, l’armée soudanaise et les FSR sont engagées dans une guerre que les médiations régionales et internationales n’ont pas réussi à stopper. Le conflit a fait des milliers de morts et déplacé des millions de personnes.
* Traduit de l'anglais par Adama Bamba
