AA / Genève / Beyza Binnur Donmez

Le bureau des droits de l’ONU a averti vendredi que les atrocités commises par les Forces de soutien rapide (FSR) soudanaises à El-Fasher et à Bara pourraient constituer « de nombreux crimes selon le droit international ».

« De nouveaux détails émergent sur les atrocités commises pendant et après la chute d’El-Fasher aux mains des FSR », a déclaré le porte-parole Seif Magango à Genève. « Depuis l’incursion majeure des FSR dans la ville le 23 octobre, nous avons reçu des témoignages horribles d’exécutions sommaires, de massacres, de viols, d’attaques contre des travailleurs humanitaires, de pillages, d’enlèvements et de déplacements forcés. »

Le bureau estime que le nombre de civils et de personnes mises hors de combat tuées lors de l’attaque des FSR « pourrait se chiffrer par centaines ». Parmi les atrocités rapportées figurent le meurtre de patients à l’hôpital de maternité Al-Saudi et dans d’autres centres médicaux improvisés, ainsi que le viol collectif d’au moins 25 femmes dans un refuge près de l’université d’El-Fasher.

Selon l’ONU, au moins deux secouristes locaux ont été tués, trois médecins sont détenus par les FSR, et des violations graves ont été signalées à Bara, notamment l’exécution sommaire présumée de cinq volontaires du Croissant-Rouge.

« Ces derniers rapports de violations graves pourraient constituer de nombreux crimes selon le droit international », a souligné Magango, appelant à « des enquêtes indépendantes, rapides, transparentes et approfondies » et à ce que les responsables soient traduits en justice.

Le chef des droits de l’homme de l’ONU, Volker Turk, a réitéré son appel aux États ayant une influence sur les parties belligérantes pour « agir de toute urgence afin de mettre fin à la violence, stopper le flux d’armes et assurer une protection effective des civils ».

Depuis le 15 avril 2023, l’armée soudanaise et les FSR sont engagées dans une guerre civile ayant fait des milliers de morts et des millions de déplacés.

Les FSR ont pris le contrôle d’El-Fasher dimanche, après de violents combats avec l’armée. La ville était déjà assiégée par le groupe rebelle depuis mai 2024. Plusieurs rapports locaux et internationaux font état de massacres, de nettoyage ethnique systématique et de torture de civils par les FSR dans la ville.

* Traduit de l'anglais par Seyma Erkul Dayanc