Sondage : Près de la moitié des Allemands favorables à l'interdiction du parti d'extrême droite AfD
- 48% des personnes interrogées se sont dites favorables à la décision de l'agence de renseignement allemande de classer le parti Alternative pour l'Allemagne (AfD) comme « groupe extrémiste avéré », tandis que 37% s'y opposent

Berlin
AA / Berlin / Ayhan Şimşek
Un récent sondage révèle que près de la moitié des Allemands sont favorables à l'interdiction du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), suite à sa désignation comme groupe « extrémiste » par l'agence de renseignement du pays.
L'enquête, menée par l'institut de sondage Insa pour l'hebdomadaire allemand Bild am Sonntag, a révélé que 48 % des personnes interrogées sont favorables à l'interdiction de l'AfD. Le sondage, qui a été réalisé auprès d’un échantillon de 1 001 personnes entre les 2 et 3 mai, révèle également que 37 % des personnes interrogées se disent opposées à cette interdiction et que 15 % d'entre elles sont indécises.
Le sondage a également montré que 61 % des Allemands considèrent l'AfD comme un parti d'extrême droite. Pour 79 % des personnes interrogées, l'évaluation de l'agence de renseignement n'a pas modifié leur perception du parti. Quelque 10 % des personnes interrogées ont déclaré avoir changé d'avis sur le parti après l'avertissement de l'agence de renseignement.
Au terme d'une enquête de trois ans, l'Office fédéral de protection de la Constitution (BfV), l'agence de renseignement nationale allemande, a classé l'AfD dans la catégorie des « groupes extrémistes avérés ». L'enquête du BfV a conclu que l'AfD poursuit un programme nationaliste et d'extrême droite qui compromet l'ordre constitutionnel démocratique de l'Allemagne.
L'agence a souligné que la « prédominance de la vision de l'AfD basée sur l'ethnicité et l'ascendance » est incompatible avec les principes démocratiques de l'Allemagne. Le BfV a également accusé l'AfD de chercher à exclure certains groupes de population, en particulier ceux issus de l'immigration en provenance de pays musulmans, d'une participation égale à la société.
L'AfD, connu pour ses positions anti-immigration, a d'abord été placé sous observation préliminaire en 2019. La formation a ensuite été classée comme « groupe extrémiste présumé » en 2021, désignation confirmée par les tribunaux allemands. La récente décision du BfV étend la classification « extrémiste avéré », précédemment appliquée aux branches régionales de l'AfD en Thuringe, en Saxe et en Saxe-Anhalt, à l'ensemble du parti. Cette nouvelle désignation permet une surveillance accrue du parti.
Alice Weidel et Tino Chrupalla, codirigeants de l'AfD, ont dénoncé la décision du BfV, la qualifiant de « coup dur porté à la démocratie allemande » et annonçant un recours en justice. « L'AfD continuera à se défendre légalement contre ces diffamations qui mettent en danger la démocratie », ont-ils déclaré dans un communiqué commun.
La décision du BfV coïncide avec les préoccupations croissantes concernant l'extrémisme de droite en Allemagne et la popularité croissante de l'AfD. Des sondages récents montrent que le parti a atteint un taux de soutien sans précédent de 26 %, ce qui en fait le premier parti d'Allemagne. L'AfD s'est constitué une base de soutien en menant des campagnes contre l'immigration et en attisant les craintes à l'égard des musulmans et des immigrés. Le parti a également tiré parti de la frustration et du mécontentement croissants à l'égard des partis politiques traditionnels et des inquiétudes liées au déclin économique.
Alors que s'intensifie le débat sur l'interdiction de l'AfD, les partis politiques font preuve de prudence. Vendredi, le chancelier allemand sortant, Olaf Scholz, a appelé à ne pas se précipiter pour interdire la formation d'extrême droite AfD, soulignant que la Cour constitutionnelle imposait des normes strictes pour les cas d'interdiction de partis. Il a souligné que toute requête devrait faire l'objet d'une préparation minutieuse, compte tenu des décisions antérieures de la Cour dans des affaires similaires.
Plusieurs tentatives d'interdiction de partis d'extrême droite en Allemagne ont échoué par le passé en raison de controverses juridiques, de preuves insuffisantes ou d'erreurs dans la préparation des dossiers. La Cour constitutionnelle fédérale a rejeté une demande d'interdiction du parti d'extrême droite NPD en 2003 parce que plusieurs responsables du parti appelés à témoigner se sont avérés être des informateurs de l'agence de renseignement nationale. Une deuxième tentative d'interdiction du NPD a échoué en 2017, les juges fédéraux ayant estimé que le parti n'avait pas la capacité de mettre en œuvre son programme anticonstitutionnel et antidémocratique.
*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj
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