
Paris
AA / Paris / Ümit Dönmez
Des dizaines de manifestants se sont rassemblés ce mercredi soir devant les locaux de l’Agence France-Presse, place de la Bourse à Paris, à l’appel de plusieurs associations.
Par voie d’un communiqué, le collectif EuroPalestine avait dénoncé "le silence assourdissant des grands médias sur l’assassinat des journalistes à Gaza", annonçant que ce rassemblement visait à rendre hommage aux 244 journalistes palestiniens tués en 29 mois, selon leur décompte. La mort récente d’Hassan Majdi Abu Warda, journaliste tué avec plusieurs membres de sa famille lors d’un bombardement israélien sur Jabalia, a ravivé l’indignation.
Les participants, pour la plupart vêtus de bleu conformément au dress code annoncé, ont brandi des pancartes réclamant "justice pour les journalistes assassinés", "soutien aux rescapés" et "l’entrée libre des journalistes internationaux à Gaza". Plusieurs prises de parole ont souligné le silence de médias occidentaux.
Les manifestants ont notamment interpellé l’AFP, qualifiée de "grossiste des médias" dans le communiqué de CAPJPO-EuroPalestine, lui reprochant son "manque de couverture" de ces assassinats et son rôle supposé dans "l’invisibilisation des violences" visant les professionnels de l’information palestiniens.
Aucun incident n’a été signalé durant la mobilisation, qui s’est déroulée dans un calme tendu, marqué par la gravité des témoignages et des visages.
Alors que Gaza reste largement inaccessible aux journalistes internationaux, les manifestants ont insisté sur l’urgence d’un accès libre pour documenter les exactions sur le terrain. "Empêcher la presse d’entrer, c’est empêcher la vérité de sortir", pouvait-on lire sur l’une des banderoles.
- Situation humanitaire à Gaza
Israël bloque depuis le 2 mars, l’entrée de toute aide humanitaire dans la bande de Gaza, invoquant des raisons de sécurité. Quelques autorisations minimes de passage de l'aide humanitaire ont été accordées, mais celles-ci demeurent largement insuffisantes pour répondre aux besoins de la population gazaouie.
Ce blocus a été condamné par plusieurs ONG, dont Médecins du Monde, Oxfam et le Norwegian Refugee Council, qui alertent sur un "effondrement total" de l’aide humanitaire et dénoncent "l’un des pires échecs humanitaires de notre génération". Dans ce contexte, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a réaffirmé qu’"aucune aide humanitaire n’entrera à Gaza".
Depuis la reprise des hostilités le 18 mars 2025, les attaques israéliennes ont causé la mort de près de 4000 Palestiniens, portant le bilan total à Gaza à plus de 54 000 morts, depuis le début du conflit en octobre 2023 suite à une attaque du Hamas. La majorité des victimes palestiniennes sont des civils, notamment des enfants et des femmes. Malgré l'annonce de cessez-le-feu, les violations persistent, aggravant la situation humanitaire déjà critique.
Pour rappel, la Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à Israël, le 26 janvier 2024, de prévenir tout acte de génocide à l'encontre des Palestiniens à Gaza et de permettre l'accès à l'aide humanitaire. De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) a émis, le 21 novembre 2024, plusieurs mandats d'arrêt, notamment contre le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis dans la bande de Gaza.