Politique, Monde

Si l'humanitaire doit ‘’faire mieux avec moins’’, les États doivent agir pour régler les conflits (DG du CICR)

- Pierre Krähenbühl, directeur général du Comité international de la Croix-Rouge a accordé un entretien au quotidien suisse Le Temps

Majdi Ismail  | 10.04.2025 - Mıse À Jour : 10.04.2025
Si l'humanitaire doit ‘’faire mieux avec moins’’, les États doivent agir pour régler les conflits (DG du CICR)

Geneve

AA / Tunis / Majdi Ismail

Si les acteurs de l'humanitaire doivent ‘’faire mieux avec moins’’ il revient aussi aux États de résoudre les conflits, plus nombreux et plus longs, a déclaré ce jeudi le directeur général du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Pierre Krähenbühl.

Dans un contexte marqué par les coupes budgétaires de l’aide internationale et pas seulement à cause de désengagement de l'administration américaine ‘’il est tout à fait légitime que l'humanitaire soit questionné sur son action. (...) On peut nous dire de faire mieux avec moins’’, estime Pierre Krähenbühl dans un entretien au quotidien suisse Le Temps.

Cependant, ‘’les États doivent aussi être cohérents. Dans des conflits qui s'éternisent, ils ont tendance à s'accommoder du fait qu'ils durent et que l'humanitaire est de toute façon là’’, rappelle le numéro 2 du CICR, qui a pris son poste il y a un an, avec pour mission de réformer une institution touchée par une grave crise financière.

Le responsable suisse estime qu’’’On a surtout besoin que les États cherchent à résoudre les conflits en question. Il faut changer une partie du système, qui s'est trop reposé sur les humanitaires. Une action politique plus marquée devient plus nécessaire que jamais. Il est regrettable de constater que certains voient le dialogue et la médiation comme un signe de faiblesse’’.

Et d’ajouter : ‘’La nonchalance avec laquelle l'être humain entre en guerre pour dire plus tard ‘’plus jamais ça’’ est très troublante’’.

Le haut responsable humanitaire s'inquiète aussi de l'impact de la baisse conséquente des financements annoncés par l'administration Trump sur ce qu'on appelle la ‘’Genève internationale’’ - où se trouve le siège européen de l’Onu - et de ses dizaines d'organisations internationales et d'ONG.

‘’Oui, tout le monde est très inquiet. Les coupes effectuées dans la Genève internationale sont une blessure collective’’, a-t-il déploré.

Plusieurs agences de l'Onu par exemple ont été obligée de supprimer des milliers d'emplois dans le monde, et aussi à Genève, que ce soit l'Organisation pour la migration, le Haut-Commissariat aux réfugiés ou encore l'Organisation mondiale de la santé. Lors de l’année 2023-2024, le budget du CICR est passé de 2,8 à 2,1 milliards de francs, tandis que 4 500 postes ont été supprimés et des missions ont été resserrées.

Pierre Krähenbühl a fait savoir que ‘’Les États-Unis ne sont pas les seuls à avoir procédé à des coupes. Plusieurs États européens font de même, précisant qu'ils doivent prioriser les questions de défense nationale et se réarmer, réduisant leur soutien à l’humanitaire.’’

‘’Avec la multiplication des conflits et un désengagement partiel de certains donateurs, l'humanitaire est confronté à une situation particulièrement critique’’, a-t-il dit.

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.