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"Si Israël se souciait des otages, il aurait avancé vers la deuxième phase de l'accord"

- Pour l’anthropologue israélien Jeff Halper, président de l'ICAHD : "Israël commet un génocide à Gaza et l’étend désormais à la Cisjordanie."

Faruk Hanedar  | 26.03.2025 - Mıse À Jour : 27.03.2025
"Si Israël se souciait des otages, il aurait avancé vers la deuxième phase de l'accord"

Quds

AA / Jérusalem

Le président du Comité israélien contre les démolitions de maisons (ICAHD), l’anthropologue israélien Jeff Halper, a accusé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son gouvernement de ne pas se soucier des otages, malgré leurs affirmations selon lesquelles la reprise des attaques sur Gaza viserait à obtenir leur libération.

"Si Israël se préoccupait réellement des otages, il aurait avancé vers la deuxième phase de l’accord." a-t-il déclaré.

Le 18 mars, Israël a rompu l’accord de cessez-le-feu et a intensifié ses frappes sur la bande de Gaza. Depuis le début des hostilités le 7 octobre 2023, le bilan s’est alourdi à 50 021 morts et 113 274 blessés.

Ces nouvelles attaques interviennent alors que Netanyahu a récemment limogé le directeur du service de renseignement intérieur, le Shin Bet, une décision qui suscite des controverses sur la scène politique israélienne.

  • "Netanyahu ne cherche qu'à rester au pouvoir"

Commentant la reprise des frappes israéliennes, Halper a souligné que ces décisions étaient directement liées à la survie politique de Netanyahu et de sa coalition. Il a mis en avant l’influence des ministres d’extrême droite Bezalel Smotrich (Finances) et Itamar Ben-Gvir (leader du parti Pouvoir Juif), affirmant que le Premier ministre était prêt à "détruire Gaza pour conserver leur soutien".

L’anthropologue israélien a rappelé que la population israélienne était consciente des motivations du gouvernement, et que les familles des otages détenus à Gaza exprimaient une colère grandissante.

"Netanyahu ne pense qu'à rester au pouvoir." a-t-il déclaré, évoquant une récente déclaration du président américain Donald Trump, selon laquelle "si tous les otages ne sont pas libérés, les portes de l’enfer s’ouvriront contre le Hamas".

Selon Halper, une solution diplomatique était pourtant en cours avec la médiation du Qatar et de l’Égypte, et devait aboutir à la libération de tous les otages dans le cadre de la seconde phase d’un accord. Mais cette escalade militaire a compromis les négociations.

"Netanyahu s’est empressé de saisir cette opportunité." a-t-il affirmé, expliquant que le Premier ministre israélien a ignoré l’accord qu’il avait lui-même signé et relancé l’offensive en utilisant la libération des otages comme prétexte.

Halper a réfuté l’idée selon laquelle une intensification des attaques favoriserait la libération des captifs, rappelant que par le passé, de telles opérations avaient conduit à la mort d’otages israéliens.

Abordant la question des véritables priorités de Netanyahu, il a conclu :

"Il ne se soucie pas des otages. S’il voulait leur libération, il aurait avancé dans l’accord. Mais il ne veut pas mettre fin à la guerre, car cela signifierait perdre le soutien des partis d’extrême droite et voir son gouvernement s’effondrer. La question est donc simple : veut-on sauver les otages ou la coalition gouvernementale ? Pour Netanyahu, la réponse est claire : sauver son gouvernement. Il prétend agir pour les otages, mais en réalité, il les condamne à la mort."


  • "Les Palestiniens sont totalement sans défense"

Halper a dénoncé l’indifférence générale face aux souffrances des Palestiniens sous les bombardements israéliens, déclarant :

"Les Israéliens s’en moquent. Netanyahu s’en moque. La communauté internationale garde le silence."

Il a souligné que chaque pays défendait avant tout ses propres intérêts et que, dans le contexte actuel, personne ne souhaitait se mettre en opposition avec les États-Unis. C’est pourquoi, selon lui, les réactions face à la reprise des attaques israéliennes sont encore plus faibles qu’avant le cessez-le-feu.

Halper a également fait remarquer que même les pays européens les plus favorables à la cause palestinienne hésitent à exprimer une condamnation ferme, laissant ainsi Israël agir en toute impunité.

"Israël s’est créé une zone de confort, et il n’y a aucun bénéfice à s’opposer à lui. Les Palestiniens sont désormais totalement sans défense." a-t-il conclu.

  • "Le sionisme vise à transformer la Palestine en un État juif"

Abordant l’idéologie sioniste, Halper a affirmé que le génocide faisait partie intégrante du colonialisme de peuplement, une politique qu’Israël applique sur le terrain.

"L’objectif du sionisme est de s’emparer de la Palestine et de la transformer d’un pays arabe en un État juif. Cela ne peut pas se faire sans génocide, car les Palestiniens ne diront jamais : 'D’accord, prenez notre pays, nous partirons ailleurs'."

Selon lui, la résistance palestinienne face à cette politique est légitime et inévitable. Il a souligné qu’Israël ne pouvait pas expulser les Palestiniens de leurs terres sans recourir à des actions génocidaires.

Halper a également mis en lumière les cadres juridiques internationaux qui reconnaissent le droit des peuples opprimés à la résistance, y compris par la lutte armée. Toutefois, il a dénoncé l’absence d’application de ces lois, expliquant que "tout passe par le Conseil de sécurité de l’ONU, où les États-Unis disposent d’un droit de veto", empêchant ainsi toute sanction contre Israël.

Face à cette impunité, Halper a affirmé qu’Israël ne craignait aucune conséquence internationale et poursuivait donc ses actions sans retenue.

"Israël est en train de commettre un génocide à Gaza et l’exporte désormais en Cisjordanie." a-t-il déclaré.

Enfin, Halper a regretté que, malgré le soutien croissant des peuples à la cause palestinienne, ces mobilisations ne se traduisent pas en politiques gouvernementales, ouvrant ainsi la voie à une normalisation progressive de la situation au détriment des Palestiniens.


* Traduit du Turc par Adama Bamba

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