Sciences Po Strasbourg : la police lève le blocage d'étudiants opposés à un partenariat avec une université israélienne
- Des CRS sont intervenus pour évacuer des étudiants protestant contre un partenariat controversé avec l'université Reichman

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Une cinquantaine de CRS sont intervenus jeudi 10 avril 2025 devant Sciences Po Strasbourg pour mettre fin au blocage de l’établissement. Les étudiants occupaient les lieux depuis la veille, dénonçant un partenariat controversé avec la Lauder School of Government de l’université Reichman, en Israël.
Selon la presse locale, la présidence de l’université de Strasbourg avait demandé l’intervention des forces de l’ordre afin de rétablir l’accès à l’établissement. La présidente Frédérique Berrod avait déclaré lors d’une conférence de presse qu’« il me semble que cette décision a été la plus démocratique possible », rappelant que le partenariat avait été validé par le conseil d’administration.
Ce partenariat avait été maintenu mardi soir à l'issue d'un vote serré : 16 voix pour, 14 contre et trois abstentions. Il s’est imposé malgré l’avis défavorable d’un comité paritaire interne, composé notamment de représentants étudiants et enseignants. Ce comité avait recommandé de mettre fin aux échanges avec l’université Reichman, soulignant des divergences sur l’enseignement du droit international et des liens étroits entre l’établissement israélien et le secteur militaire.
L’intervention des CRS a eu lieu en milieu de matinée, alors que des étudiants suivaient un cours improvisé sur le parvis de l’école. Après sommations, les forces de l’ordre ont pu rétablir l’accès au bâtiment sans incident majeur. Des banderoles proclamant « Décolonisons nos universités » et des drapeaux palestiniens avaient été installés à l’entrée.
Ce partenariat cristallise les tensions depuis plusieurs mois. Les opposants l’accusent d’être un soutien indirect à la politique israélienne, notamment dans le contexte de la guerre à Gaza. La direction, elle, défend une logique d’ouverture et de coopération universitaire. La présidente Frédérique Berrod a proposé de réfléchir à une offre de formation pour les étudiants gazaouis, en collaboration avec des partenaires européens.
Le blocage de Sciences Po Strasbourg s’inscrit dans un climat plus large de mobilisation étudiante en France, mais aussi dans plusieurs universités européennes et américaines, autour des liens académiques avec Israël.
- Un bilan humain alarmant et des violations du cessez-le-feu à Gaza
Depuis la reprise des hostilités le 18 mars 2025, les attaques israéliennes ont causé la mort de plus de 1.500 Palestiniens, portant le bilan total à Gaza à plus de 50.000 morts depuis le début du conflit en octobre 2023. La majorité des victimes sont des civils, notamment des enfants et des femmes. Malgré l'annonce de cessez-le-feu, les violations persistent, aggravant la situation humanitaire déjà critique.
Pour rappel, la Cour internationale de justice (CIJ) a ordonné à Israël, le 26 janvier 2024, de prévenir tout acte de génocide à l'encontre des Palestiniens à Gaza et de permettre l'accès à l'aide humanitaire. De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) a émis, le 21 novembre 2024, plusieurs mandats d'arrêt, notamment contre le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis dans la bande de Gaza.