Monde

Salon du Bourget : des entreprises israéliennes d’armement menacent de poursuivre la France

– Rafael et Elbit dénoncent une "discrimination" après la fermeture de leurs stands et envisagent des actions en justice.

Ümit Dönmez  | 18.06.2025 - Mıse À Jour : 18.06.2025
Salon du Bourget : des entreprises israéliennes d’armement menacent de poursuivre la France

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez

​​​​​​​

Des entreprises israéliennes d’armement, dont Rafael et Elbit Systems, ont annoncé leur intention de poursuivre l’État français après avoir été empêchées d’exposer leurs équipements offensifs au Salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget.

Citée par la presse européenne, ce mercredi, la société Rafael affirme que ses droits ont été bafoués et évoque "un préjudice financier majeur". Depuis lundi matin, quatre pavillons israéliens – Rafael, Elbit Systems, Israel Aerospace Industries (IAI) et UVision – sont cachés derrière de hautes bâches noires, suite à une décision du Gouvernement français de bloquer l’accès à leurs stands. Les autorités françaises estiment que les entreprises ont présenté des armes offensives "en violation du cadre convenu" avec les organisateurs.

Face au refus des industriels de retirer les équipements concernés, les stands ont été barricadés dans la nuit de dimanche à lundi. Mardi, des techniciens ont été observés renforçant les dispositifs de blocage, aucun compromis n’ayant été trouvé entre les sociétés et les organisateurs.

"Nous allons les poursuivre pour avoir causé un préjudice financier, pour ne pas nous avoir donné accès à la propriété que nous avions louée", a déclaré Shlomo Toaff, vice-président exécutif de Rafael, dans une interview accordée à Euronews. Il affirme que le stand avait été réservé un an à l’avance, que les plans avaient été transmis depuis plusieurs mois, et que le matériel avait été dédouané bien avant l’ouverture du salon. "Il s’agit de millions d’euros investis", insiste-t-il.

Chez Elbit Systems, le ton est similaire. Sasson Meshar, vice-président principal, affirme ne pas comprendre la logique de la décision, qu’il qualifie de "discriminatoire". "Nous montrons un système militaire de défense, comme d’autres exposants. Ce n’est pas une exposition florale", lance-t-il. Il indique qu’un recours en justice est également envisagé, suivant les conseils de ses juristes.

Le Premier ministre français François Bayrou a justifié cette décision lundi : "La France a voulu affirmer que les armes offensives ne devaient pas être présentes dans un tel événement", évoquant la gravité de la situation humanitaire à Gaza.


- Situation humanitaire à Gaza


Pour rappel, depuis la reprise des hostilités par Tel Aviv le 18 mars 2025, après un cessez-le-feu, les attaques israéliennes ont tué plus de 5 000 Palestiniens, portant le bilan total à Gaza à plus de 55 000 morts, depuis le début du conflit en octobre 2023, suite à une attaque du Hamas. La majorité des victimes palestiniennes sont des civils, notamment des enfants et des femmes. Malgré l'annonce de cessez-le-feu, les violations persistent, aggravant la situation humanitaire déjà critique.

Pour rappel, la Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à Israël, le 26 janvier 2024, de prévenir tout acte de génocide à l'encontre des Palestiniens à Gaza et de permettre l'accès à l'aide humanitaire. De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) a émis, le 21 novembre 2024, plusieurs mandats d'arrêt, notamment contre le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis dans la bande de Gaza.

Par ailleurs, Israël bloque l’entrée de toute aide humanitaire dans la bande de Gaza, invoquant des raisons de sécurité. Quelques autorisations minimes de passage de l'aide humanitaire ont été accordées, mais celles-ci demeurent largement insuffisantes pour répondre aux besoins de la population gazaouie.

Ce blocus a été condamné par plusieurs ONG, dont Médecins du monde, Oxfam et le Norwegian Refugee Council, qui alertent sur un "effondrement total" de l’aide humanitaire et dénoncent "l’un des pires échecs humanitaires de notre génération". Dans ce contexte, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a réaffirmé qu’"aucune aide humanitaire n’entrera à Gaza".


Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.