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Royaume-Uni : la cheffe du Parti conservateur refuse de qualifier la guerre israélienne contre Gaza de « génocide »

- « Israël mène une guerre. Ce n’est pas à moi de juger exactement comment ils la mènent. (…) Ce n’est pas un génocide, contrairement à ce que certains disent. », a déclaré la cheffe de l’opposition britannique Kemi Badenoch

Mourad Belhaj  | 25.05.2025 - Mıse À Jour : 25.05.2025
Royaume-Uni : la cheffe du Parti conservateur refuse de qualifier la guerre israélienne contre Gaza de « génocide »

Tunis

AA / Tunis / M. Belhaj

La cheffe du Parti conservateur britannique, Kemi Badenoch, a affirmé, dimanche, qu’Israël menait une « guerre par procuration au nom du Royaume-Uni » contre le Hamas dans la Bande de Gaza.

Intervenant sur Sky News, elle a rejeté l’usage du terme « génocide » pour désigner la guerre israélienne en cours contre l’enclave palestinienne assiégée, tout en prenant ses distances avec les critiques récemment exprimées à l'encontre d'Israël par des responsables occidentaux et, notamment par le Premier ministre britannique Keir Starmer.


** « Ce n’est pas un génocide », selon Badenoch

Lors de son passage ce dimanche matin dans l’émission 'Sunday Morning with Trevor Phillips', sur Sky News, Kemi Badenoch a pris fermement position en faveur d’Israël. Réagissant aux accusations de crimes de guerre et de génocide portées contre le gouvernement de Benyamin Netanyahu, elle a déclaré : « Israël mène une guerre. Ce n’est pas à moi de juger exactement comment ils la mènent. (…) Ce n’est pas un génocide, contrairement à ce que certains disent. »

Alors que le journaliste Trevor Phillips lui faisait remarquer qu’elle « semblait ne pas adresser une quelconque critique aux actions israéliennes », la dirigeante conservatrice a répondu : « Ce n’est pas vrai. J’ai déjà critiqué certaines choses », tout en insistant sur la nécessité de soutenir Israël dans sa guerre

Et de préciser : « Israël mène une guerre pour récupérer 58 otages qui n’ont pas été rendus, c’est de cela qu’il s’agit. Ils ont dit qu’il n’y aurait pas de cessez-le-feu tant que leurs citoyens ne sont pas récupérés. »

Évoquant le fait que le mouvement de résistance palestinien Hamas ait réagi favorablement à certaines positions occidentales, Badenoch a lancé : « Si le Hamas loue vos actions, c’est probablement que vous avez fait quelque chose de mal », ajoutant : « Le Hamas est un groupe terroriste. »

Elle a également fait une analogie entre le conflit à Gaza et la guerre en Ukraine : « Israël mène une guerre par procuration au nom du Royaume-Uni, tout comme l’Ukraine le fait pour l’Europe de l’Ouest contre la Russie. »

Interrogée sur les propos du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, qui a accusé le Premier ministre britannique Keir Starmer de « soutenir des assassins, des violeurs et des tueurs d'enfants », Badenoch a éludé toute critique : « Je ne suis pas ici pour surveiller le langage du Premier ministre d’Israël. »

Enfin, elle a souligné l’objectif poursuivi, selon elle, par Tel-Aviv : « Ce que nous devons faire, c’est nous assurer que nous sommes du côté de ceux qui veulent éradiquer le Hamas. Nous avons besoin que cela se produise si nous voulons un jour obtenir une solution à deux États et mettre fin à cette guerre. »


** Critiques croissantes de la communauté internationale

Les déclarations de Kemi Badenoch interviennent dans un contexte de fortes tensions diplomatiques autour de la guerre israélienne contre la Bande de Gaza. Cette semaine, une déclaration conjointe a été publiée par le chef du gouvernement britannique Keir Starmer, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre canadien Mark Carney. Les trois responsables ont appelé Israël à mettre fin à la souffrance « intolérable » infligée aux civils palestiniens, avertissant qu'ils prendraient des « mesures concrètes » si Netanyahu ne changeait pas de cap, notamment en ce qui concerne l'aide humanitaire.

Dans la foulée de cette déclaration, le Royaume-Uni a suspendu, mardi, les négociations commerciales en cours avec Israël, suscitant la colère de Benyamin Netanyahu. Le Premier ministre israélien a accusé le Royaume-Uni, la France et le Canada d’être « du mauvais côté de la justice, du mauvais côté de l'humanité et du mauvais côté de l'histoire », affirmant que le Hamas les avait « remerciés » pour leur récente prise de position.

Mercredi, lors d'une session plénière du Parlement européen consacrée à la situation en Israël et à Gaza, la présidente slovène Natasa Pirc Musar déclarait : « Je vais oser le dire ici et aujourd'hui au Parlement européen... nous sommes témoins d’un génocide » à Gaza, ajoutant : « Nous en sommes témoins, nous le voyons, et nous restons murés dans le silence ».

De son côté, Israël a réitéré sa volonté de poursuivre les opérations militaires jusqu’à ce que « toutes les zones de la Bande de Gaza soient sous contrôle israélien », selon un communiqué du gouvernement Netanyahu publié cette semaine.

Sur le terrain, la situation humanitaire continue de se détériorer. Depuis le 2 mars 2025, les points de passage entre Israël et la Bande de Gaza restent fermés à l’aide alimentaire, médicale et humanitaire, selon plusieurs ONG, organismes des Nations unies et rapports gouvernementaux.

Selon le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, Israël bloque l’entrée d’aides internationales vitales depuis plus de 80 jours, aggravant la crise dans l’enclave.

« Les Palestiniens de Gaza vivent peut-être la phase la plus cruelle de ce conflit brutal », a déclaré Guterres, vendredi, soulignant que l’ensemble de la population est confrontée à un risque imminent de famine, selon les évaluations des organisations internationales.

Le même jour, Saskia Kluit (Pays-Bas), rapporteuse de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE), a déclaré que la crise humanitaire actuelle et le blocus de l'aide à Gaza pourraient s'apparenter à un « nettoyage ethnique et à un génocide ».

L’armée israélienne mène, depuis octobre 2023, une guerre génocidaire contre le territoire palestinien assiégé où 53 901 Palestiniens, principalement des femmes et des enfants, ont été tués, selon le dernier bilan communiqué par le ministère palestinien de la Santé.

En novembre 2024, la Cour pénale internationale (CPI) a délivré des mandats d’arrêt à l’encontre du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, les accusant de crimes de guerre et crimes contre l’humanité perpétrés dans la Bande de Gaza.

Israël est également poursuivi pour « crime de génocide » devant la Cour internationale de justice (CIJ) en raison de la guerre qu'il mène contre l'enclave palestinienne.


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