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Roumanie : George Simion saisit la justice pour annuler la présidentielle pour "ingérence étrangère"

- Ni la France, ni la Moldavie ni personne d'autre n'a le droit "d'interférer dans les élections d'un autre État", a-t-il déclaré

Lassaad Ben Ahmed  | 21.05.2025 - Mıse À Jour : 21.05.2025
Roumanie : George Simion saisit la justice pour annuler la présidentielle pour "ingérence étrangère"

Tunisia

AA / Tunis / Salim Boussaïd

L'opposant roumain d'extrême droite George Simion a annoncé saisir la Cour constitutionnelle pour annuler l'élection présidentielle dont le second tour avait été remporté, dimanche dernier, par son adversaire Nicusor Dan avec 53,6% des voix.

George Simion s'exprimait sur son compte officiel sur le réseau "X", pointant une ingérence étrangère dans le scrutin.

"Je demande officiellement à la Cour constitutionnelle d'annuler l'élection présidentielle roumaine de mai 2025", a-t-il déclaré, évoquant "les mêmes raisons que celles de décembre : des ingérences extérieures, d'acteurs étatiques et non étatiques".

"Cette fois, preuves à l'appui ! Ni [drapeau de la France], ni [drapeau de la Moldavie], ni personne d'autre n'a le droit d'interférer dans les élections d'un autre État", a-t-il ajouté, appelant tous les Roumains à demander "d'urgence à la Cour constitutionnelle d'annuler cette farce".

"Nous ne renoncerons pas et ne trahirons pas ! Ce n'est que le début d'une grande victoire !", a-t-il conclu.

Les autorités françaises n'ont pas commenté dans l'immédiat ces déclarations de Simion.

-Déclarations de Macron

Vendredi dernier, soit deux jours avant le scrutin, le président français avait mis en garde contre les menaces qui "sapent" l'intégrité des élections en Europe, dont celles de la Roumanie.

"Nous voyons à travers nos élections, la Roumanie le vit en ce moment, la Moldavie l'a vécu il y a très peu de temps, (que) nous avons très clairement des menaces qui sapent l'intégrité de nos démocraties, qui minent leur résilience", a déclaré Emmanuel Macron à l'ouverture d'un sommet de la Communauté politique européenne (CPE) à Tirana, en Albanie.

"Nous subissons des manipulations lors des périodes électorales, mais (aussi) des ingérences informationnelles étrangères à peu près tout le temps. Et c'est quelque chose qui sape la sécurité démocratique de notre Europe", a-t-il poursuivi.

Suite à ces déclarations du président français, l'opposant roumain s'en est vivement pris à Macron.

"Vous n'êtes pas un empereur, vous n'êtes même pas aimé par le peuple français, donc ces attaques et la manière dont vous essayez (...) de vous immiscer dans nos élections ne sont pas ce que nous devrions faire dans une Europe unie", a déclaré Simion en conférence de presse, vendredi.

-Le patron de Telegram intervient

Pour rappel, George Simion, président de l'Alliance pour l'Union des Roumains, vice-président exécutif du parti Européen des conservateurs et réformistes (ECR) et député au Parlement roumain, a obtenu 46,4 % des suffrages au deuxième tour de la présidentielle, dimanche dernier, alors que son adversaire pro-occidental, Nicusor Dan, a récolté 53,6% des voix, selon les résultats officiels.

Aussitôt les résultats provisoires annoncés, le patron de la messagerie cryptée Telegram, Pavel Durov, a accusé la France, sans la nommer, d'"ingérence" dans l'élection présentielle roumaine.

"Un gouvernement d'Europe occidentale (devinez lequel) a contacté Telegram pour lui demander de faire taire les voix conservatrices en Roumanie avant l'élection présidentielle d'aujourd'hui. J'ai refusé catégoriquement. Telegram ne restreindra pas les libertés des utilisateurs roumains", a affirmé Durov sur son propre canal, joignant à son message un emoji "baguette" associé à la France.

Paris a officiellement rejeté ces accusations à travers le Quai d'Orsay.

"Des allégations totalement infondées circulent sur Telegram et Twitter concernant une prétendue ingérence de la France dans le scrutin présidentiel roumain. La France rejette catégoriquement ces allégations et appelle chacun à la responsabilité et au respect de la démocratie roumaine", a écrit la diplomatie française sur X, rappelant "des ingérences numériques et financières bien réelles de la part d’acteurs liés à la Russie", lors d'un premier scrutin invalidé fin 2024 par les autorités roumaines.

Après cette invalidation par la Cour constitutionnelle roumaine, les Roumains se sont rendus de nouveau aux urnes les 04 et 18 mai courant.


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