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Reconnaissance de la Palestine : l’ambassadeur israélien en France met en garde contre une décision “désastreuse”

– Auditionné au Sénat, l’ambassadeur d’Israël a vivement critiqué l’intention française de reconnaître l’État palestinien, alors que l’Élysée prépare une initiative diplomatique.

Ümit Dönmez  | 11.06.2025 - Mıse À Jour : 11.06.2025
Reconnaissance de la Palestine : l’ambassadeur israélien en France met en garde contre une décision “désastreuse”

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez​​​​​​​

“La reconnaissance de l'État palestinien par la France la semaine prochaine sera un désastre.” Lors de son audition devant la commission des Affaires étrangères du Sénat ce mercredi, l’ambassadeur d’Israël en France a dénoncé ce qu’il considère comme un risque diplomatique majeur. Pour lui, une telle décision “serait un désastre pour les Palestiniens, pour les Israéliens, pour les relations franco-israéliennes et pour la capacité de la France à peser sur les processus diplomatiques futurs au Moyen-Orient”.

L’ambassadeur affirme que le problème ne tient pas à l’idée d’un État palestinien en soi, mais aux conditions dans lesquelles cette reconnaissance aurait lieu. “Les Palestiniens doivent accepter certains compromis très difficiles pour parvenir à la paix”, a-t-il déclaré, évoquant la démilitarisation de l’État à venir, l’absence de contrôle total sur ses frontières, ou encore les précédents refus de l’Autorité palestinienne. Reconnaître un État palestinien aujourd’hui reviendrait, selon lui, à “ôter toute incitation à faire ces compromis”.

La sortie de l’ambassadeur intervient alors que le Président français Emmanuel Macron prépare une initiative diplomatique à l’ONU. La France envisage de reconnaître un État palestinien dans le cadre d’une conférence internationale à New York, prévue du 17 au 20 juin. L’Élysée a indiqué que cette reconnaissance ne serait ni immédiate ni unilatérale, mais inscrite dans un cadre politique “exigeant” : réforme de l’Autorité palestinienne, garanties sécuritaires, et cessation des violences.

En France, la perspective de cette reconnaissance suscite des critiques de plusieurs bords. Des diplomates israéliens et américains y voient un geste “populiste”, sans effet concret sur le terrain. Côté académique et associatif, des ONG et chercheurs dénoncent une posture “symbolique” et “électoraliste”, accusant Emmanuel Macron de vouloir apaiser l’opinion sans véritable rupture avec la ligne actuelle.

Au cœur du débat : la crédibilité de la France. Pour ses partisans, la reconnaissance serait un “devoir moral” et un signal politique fort. Pour ses opposants, elle risquerait au contraire d’isoler Paris de ses partenaires et de figer toute perspective de négociation entre Israéliens et Palestiniens.

À ce jour, plus de 140 États membres de l’ONU ont officiellement reconnu l’État de Palestine.



- Situation humanitaire à Gaza


Depuis la reprise des hostilités le 18 mars 2025, les attaques israéliennes ont causé la mort de près de 5 000 Palestiniens, portant le bilan total à Gaza à plus de 55 000 morts, depuis le début du conflit en octobre 2023, suite à une attaque du Hamas. La majorité des victimes palestiniennes sont des civils, notamment des enfants et des femmes. Malgré l'annonce de cessez-le-feu, les violations persistent, aggravant la situation humanitaire déjà critique.

Pour rappel, la Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à Israël, le 26 janvier 2024, de prévenir tout acte de génocide à l'encontre des Palestiniens à Gaza et de permettre l'accès à l'aide humanitaire. De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) a émis, le 21 novembre 2024, plusieurs mandats d'arrêt, notamment contre le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis dans la bande de Gaza.

Par ailleurs, Israël bloque, depuis le 2 mars, l’entrée de toute aide humanitaire dans la bande de Gaza, invoquant des raisons de sécurité. Quelques autorisations minimes de passage de l'aide humanitaire ont été accordées, mais celles-ci demeurent largement insuffisantes pour répondre aux besoins de la population gazaouie.

Ce blocus a été condamné par plusieurs ONG, dont Médecins du monde, Oxfam et le Norwegian Refugee Council, qui alertent sur un "effondrement total" de l’aide humanitaire et dénoncent "l’un des pires échecs humanitaires de notre génération". Dans ce contexte, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a réaffirmé qu’"aucune aide humanitaire n’entrera à Gaza".


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