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Rapport "Frères musulmans" : La Grande Mosquée de Paris alerte sur les risques de stigmatisation

– L’institution rappelle son engagement républicain et appelle à la responsabilité politique.

Ümit Dönmez  | 22.05.2025 - Mıse À Jour : 22.05.2025
Rapport "Frères musulmans" : La Grande Mosquée de Paris alerte sur les risques de stigmatisation

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez​​​​​​​

La Grande Mosquée de Paris a réagi ce jeudi à la publication officielle du rapport intitulé « Frères musulmans et islamisme politique en France », présenté la veille au président Emmanuel Macron lors d’un Conseil de défense.

Par voie de communiqué, le recteur Chems-eddine Hafiz rappelle que la Grande Mosquée de Paris « a toujours défendu une vision de l’islam compatible avec la lettre et l’esprit des principes de la République ». L’institution dit avoir constamment dénoncé « l’islamisme, le terrorisme et toutes les démonstrations de haine qui se sont exprimées au nom de l’islam », en œuvrant pour la « cohésion nationale » et le respect de la dignité des musulmans.

La Grande Mosquée souligne qu’elle rejette toute instrumentalisation de l’islam à des fins politiques, mais exprime aussi une mise en garde : elle « refuse que la lutte légitime contre l’‘islamisme’ ne devienne un prétexte pour stigmatiser les musulmans et servir des agendas politiques particuliers ». L’institution met en cause un discours politique qui, selon elle, tend à « construire un problème musulman » et à normaliser « un discours discriminatoire de plus en plus décomplexé ».

Évoquant son propre rôle dans la structuration du culte musulman en France, la Grande Mosquée rappelle avoir été un acteur central dans la rédaction de la Charte des principes pour l’islam de France, en 2021, et se veut « indépendante et pionnière » dans sa lutte contre toute tentative de récupération politique de la foi musulmane.

Elle prend acte des accusations contenues dans le rapport, notamment à l’égard de la fédération Musulmans de France (ex-UOIF), mais pointe l’ambiguïté des pouvoirs publics. Elle estime « curieux » que son dialogue passé avec cette fédération soit aujourd’hui sujet à reproche, alors que « ce sont les pouvoirs publics qui ont choisi » d’en faire un interlocuteur légitime « depuis de longues années ».

Emmanuel Macron a exprimé sa préoccupation face à la « gravité des faits » exposés, et exigé du gouvernement « de nouvelles propositions » en réponse à l’« islamisme politique ».

Dans le débat qui suit cette publication, plusieurs critiques se sont fait entendre, notamment de Nicolas Cadène, ancien rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité. Il a dénoncé une méthodologie « peu rigoureuse » et des appréciations « farfelues » dans le rapport, affirmant que certaines conclusions manquent de sources et tombent dans l’amalgame.

Jean-Luc Mélenchon, de son côté, a violemment dénoncé la démarche présidentielle, affirmant que « l’islamophobie franchit un seuil ». Il a comparé cette stratégie à de précédents épisodes de persécutions religieuses en France, qualifiant le Conseil de défense de levier pour « un déchaînement d'inquisitions cruelles ».

La Grande Mosquée de Paris conclut en appelant les responsables politiques à « faire preuve de cohérence » et à éviter les « pièges antirépublicains ». Elle assure qu’elle continuera à défendre la République, la communauté nationale et les musulmans, tout en observant avec « vigilance » les suites politiques de ce dossier sensible.


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