Racisme en France : la tolérance envers les minorités résiste malgré les discours de haine, selon la CNCDH
- Malgré un contexte politique sous tension, la tolérance envers l’Autre en France se maintient, révèle le rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme

France
AA / Tunis / Majdi Ismail
La tolérance envers les minorités résiste en France malgré un contexte politique tendu, indique la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) dans son rapport annuel publié mercredi et repris par Le Monde.
L’indice longitudinal de tolérance, outil utilisé par la commission pour mesurer l’évolution chaque année dans l’Hexagone, enregistre en 2024 son troisième meilleur résultat depuis 1990. Après un recul de trois points en 2023, il remonte d’un point en 2024 pour s’établir à 63/100 (ex aequo à 2009) et ce, ‘’malgré la diffusion de discours de défiance et de haine par certaines sphères politiques et médiatiques’’, souligne la CNCDH, instance chargée de conseiller les pouvoirs publics sur les questions liées aux droits fondamentaux.
Cet indice est calculé chaque année à partir d’enquêtes en ligne et en face-à-face réalisées par la CNCDH, 100 étant l’indice maximal de tolérance.
Selon le rapport de la CNCDH, ‘’Le sentiment anti-immigré est le plus corrélé aux autres formes de haine’’.
‘’Plus on rejette les immigrés, plus on rejette les personnes perçues comme juives, musulmanes, asiatiques, roms, noires, et plus on s’oppose à l’égalité entre femmes et hommes’’, souligne l’instance consultative.
‘’Contrairement aux idées reçues, s’agissant du sentiment antimusulman, les personnes qui sont hostiles aux musulmans sont aussi les moins attachées à la laïcité, et à l’égalité entre les hommes et les femmes’’, observe la CNCDH.
Le rapport révèle que certains préjugés restent largement partagés chez les personnes interrogées : 60 % pensent que ‘’de nombreux immigrés viennent en France uniquement pour profiter de la protection sociale.’’
Ils sont 23 % à penser que ‘’les enfants d’immigrés nés en France ne sont pas vraiment Français’’ et 46 % que ‘’l’immigration est la principale cause de l’insécurité’’. Le baromètre pointe un passage du ‘’racisme biologique’’ à un racisme s’exprimant davantage autour des ‘’différences culturelles et identitaires.’’
La CNCDH note que les jeunes générations adhèrent moins aux ‘’vieux’’ clichés racistes.
Elle observe en ce sens une ‘’forte polarisation générationnelle’’ : les jeunes générations voient leurs niveaux de tolérance, déjà hauts, progresser, tandis que les cohortes les plus anciennes stagnent ou reculent sur ces questions.
La génération la plus récente, née entre 1977 et 1986, est la seule dont l’indice a systématiquement progressé depuis 2019 et atteint un record historique en 2024 (69/100).
Ainsi, l’acceptation de l’Autre – autre par son origine, sa couleur de peau, sa religion – progresse, mais les préjugés ne disparaissent pas pour autant.