Réforme électorale : vers la parité dans les petites communes, mais des inquiétudes persistent
– Une nouvelle loi supprime le panachage dans les communes françaises de moins de 1 000 habitants et impose des listes paritaires.

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Les députés ont adopté une réforme électorale qui bouleverse les règles du jeu dans les petites communes françaises. Dans moins d’un an, les habitants de ces villages devront voter sur des listes paritaires, sans pouvoir en modifier l’ordre ou barrer des noms.
Par voie d’un communiqué relayé par les médias, l’Association des maires ruraux de France s’est félicitée pour cette mesure qu’elle réclamait depuis deux décennies. Finies les ratures sur les bulletins : « Les électeurs ne sont pas là pour faire leur marché », justifie l’association, qui souligne l’importance de soutenir une équipe cohérente plutôt que de composer une liste à la carte. En contrepartie, une certaine flexibilité est maintenue : les listes n’ont plus besoin d’être complètes, ce qui permettrait à une commune de présenter, par exemple, neuf candidats au lieu de onze.
Le principal changement réside dans l’obligation d’alterner femmes et hommes sur ces listes. Une avancée que Michel Fournier, président de l’Association des maires ruraux de France, applaudit : « J’ai toujours réussi à faire des listes paritaires, même dans une commune de 200 habitants. Ça prouve qu’on peut y arriver », déclare-t-il. Actuellement, seuls 20 % des maires sont des femmes. Et dans les conseils municipaux des communes de moins de 1 000 habitants, elles ne représentent que 37 % des élus, contre 48 % dans les communes plus grandes où la parité est déjà imposée.
Malgré ce progrès, certaines voix s’inquiètent de la faisabilité de la réforme. La crise des vocations en milieu rural est bien réelle, alertent des députés de droite et d’extrême droite. Comment respecter la parité alors que de nombreuses communes peinent déjà à trouver des candidats tout court ?
Les associations d’élus, bien qu’en majorité favorables à la réforme, attendent également que le gouvernement tienne ses promesses sur un autre chantier : celui du statut de l’élu. Votée à l’unanimité au Sénat il y a plus d’un an, une loi prévoit notamment la revalorisation des indemnités, le financement de frais de garde et de transport, l’instauration d’un congé maternité et la reconnaissance des années de mandat dans le calcul de la retraite. Le gouvernement assure vouloir inscrire ce texte à l’agenda de l’Assemblée d’ici à l’été, peut-être dès la fin mai.
Pour rappel, l’Assemblée nationale examine également, cette semaine, une réforme du mode de scrutin à Paris, Lyon et Marseille, portée par le député Sylvain Maillard, afin de mettre fin à l’élection indirecte des maires dans ces trois métropoles et de garantir une égalité de représentation entre les électeurs. Le projet, soutenu par Emmanuel Macron et déjà adopté en commission, prévoit l’instauration de deux urnes distinctes pour dissocier le vote des conseillers d’arrondissement et celui des conseillers municipaux. S’il divise Les Républicains et le Parti socialiste, il est soutenu sans réserve par le Rassemblement national et La France insoumise. Le texte a de fortes chances d’être adopté en première lecture, malgré les tensions politiques qu’il suscite.