Réexamen de l’accord d’association entre l’UE et Israël : La France appelle Bruxelles à "prendre des mesures concrètes"
– Paris condamne le blocage de l’aide à Gaza et presse l’Union européenne de durcir le ton face à la politique israélienne.

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
La France a appelé l’Union européenne à engager un réexamen de son accord d’association avec Israël, dans le contexte de la guerre à Gaza et du blocage persistant de l’aide humanitaire.
Par voie d’un communiqué relayé à l’issue du Conseil des affaires étrangères de l’UE du 20 mai à Bruxelles, le ministère français des Affaires étrangères a condamné « l’extension des opérations militaires israéliennes à Gaza » et le « blocage de l’aide humanitaire », des actes qualifiés de « violation des principes du droit international ». Paris a aussi fait part de sa « forte préoccupation » concernant la politique de colonisation israélienne.
« La France a appelé l’Union européenne à prendre des mesures concrètes, en particulier s’agissant du réexamen de l’accord d’association entre l’UE et Israël », précise le communiqué, saluant à ce titre « l’annonce de la Haute-Représentante » européenne en faveur d’une telle démarche. Cet accord, signé en 1995 et en vigueur depuis 2000, encadre les relations politiques et commerciales entre l’UE et Israël. Son éventuelle remise en question pourrait constituer un tournant dans la diplomatie européenne au Proche-Orient.
Paris s’est également prononcée en faveur de sanctions ciblées « contre les colons violents et entités promouvant la colonisation », une proposition qui requiert l’unanimité des États membres. La France a rappelé son attachement à la solution à deux États et confirmé sa co-présidence, aux côtés de l’Arabie saoudite, d’une conférence internationale prévue en juin à New York pour tenter de relancer ce processus.
À Bruxelles, la réunion a aussi abordé les dossiers ukrainien et syrien. La France a soutenu un 17e paquet de sanctions contre Moscou, qu’elle juge « toujours fermement engagée dans le refus de négocier la paix ». Elle s’est par ailleurs engagée à poursuivre les efforts pour fournir à Kiev des garanties de sécurité durables.
Sur la Syrie, Paris a défendu la levée historique de certaines sanctions économiques afin d’accompagner le redressement du pays sous conditions.
- Situation humanitaire à Gaza
Pour rappel, Israël aurait récemment autorisé une reprise très partielle et largement insuffisante de l'accès à l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, après plus de deux mois de blocus total. Le 20 mai 2025, les Nations unies ont annoncé avoir reçu l'autorisation d'Israël pour faire entrer 93 camions d'aide humanitaire dans l'enclave palestinienne, via le point de passage de Kerem Shalom, une aide qui resterait largement insuffisante.
Pendant ce temps, le chef de l’OCHA, Tom Fletcher, a déclaré mardi à l’émission Radio 4 Today de la BBC que 14 000 bébés à Gaza pourraient mourir dans les prochaines 48 heures si les camions d’aide n’atteignaient pas les communautés de l’enclave.
Israël bloque depuis le 2 mars, l’entrée de toute aide humanitaire dans la bande de Gaza, invoquant des raisons de sécurité. Ce blocus a été condamné par plusieurs ONG, dont Médecins du Monde, Oxfam et le Norwegian Refugee Council, qui alertent sur un "effondrement total" de l’aide humanitaire et dénoncent "l’un des pires échecs humanitaires de notre génération". Dans ce contexte, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a réaffirmé qu’"aucune aide humanitaire n’entrera à Gaza".
Depuis la reprise des hostilités le 18 mars 2025, les attaques israéliennes ont causé la mort de plus de 3000 Palestiniens, portant le bilan total à Gaza à plus de 53 000 morts, depuis le début du conflit en octobre 2023 suite à une attaque du Hamas. La majorité des victimes palestiniennes sont des civils, notamment des enfants et des femmes. Malgré l'annonce de cessez-le-feu, les violations persistent, aggravant la situation humanitaire déjà critique.
Pour rappel, la Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à Israël, le 26 janvier 2024, de prévenir tout acte de génocide à l'encontre des Palestiniens à Gaza et de permettre l'accès à l'aide humanitaire. De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) a émis, le 21 novembre 2024, plusieurs mandats d'arrêt, notamment contre le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis dans la bande de Gaza.