AA / Istanbul / Mohamed Majed - Rania Abu Shamala

Israël a visé mardi à Doha, la capitale qatarie, la délégation de négociation du mouvement palestinien Hamas avec une frappe aérienne qualifiée d’« échec » par le groupe, mais qui a remis sous les projecteurs deux de ses hauts dirigeants Khalil al-Hayya et Zaher Jabarin.

Quelques heures plus tôt, le Hamas avait annoncé qu’Israël avait échoué dans sa tentative d’assassiner son équipe de négociation chargée de travailler sur un cessez-le-feu à Gaza lors d’un raid à Doha.

La frappe a fait plusieurs morts, dont Hammam al-Hayya, fils du chef du mouvement à Gaza Khalil al-Hayya, son directeur de cabinet Jihad Lubad, trois assistants ainsi qu’un officier de sécurité qatari, Badr al-Dosari.

Un membre du bureau politique du Hamas, Suhail al-Hindi, a déclaré à la chaîne Al Jazeera que « la direction du mouvement, conduite par Khalil al-Hayya et Zaher Jabarin, a survécu à cette lâche tentative d’assassinat », précisant que le bombardement avait eu lieu lors d’une réunion de l’équipe de négociation consacrée à une proposition américaine.

- Khalil al-Hayya : un leader de premier plan

Khalil al-Hayya est l’une des figures les plus en vue du Hamas. Il fait partie du conseil de direction de cinq membres qui dirige le mouvement depuis la mort de Yahya Sinwar, ancien chef du Hamas dans la bande de Gaza, dont il avait auparavant été l’adjoint.

Il a joué le rôle de principal négociateur du Hamas lors des pourparlers sur le cessez-le-feu et la libération des otages, et il est chargé d’une grande partie des affaires étrangères et politiques du mouvement.

Al-Hayya s’est imposé davantage sur le devant de la scène après les assassinats ciblés successifs menés par Israël contre plusieurs hauts dirigeants du Hamas, dont Sinwar, Ismaïl Haniyeh et Saleh al-Arouri, faisant de lui un candidat majeur à la tête politique et organisationnelle du mouvement.

Il avait auparavant présidé le Bureau des relations arabes et islamiques du Hamas lors des élections de la direction en 2021.

Né en 1960, al-Hayya a obtenu un doctorat en hadith et traditions prophétiques à l’Université du Saint Coran au Soudan en 1997. Il a été élu député du Conseil législatif palestinien pour la ville de Gaza en 2006.

En mai 2007, huit membres de la famille de Khalil al-Hayya, dont plusieurs de ses frères et leurs enfants, ont été tués lors d’une frappe aérienne israélienne qui le visait. Al-Hayya n’était pas présent au moment de l’attaque.

En 2008, il a perdu son fils Hamza, commandant de terrain des Brigades al-Qassam, tué lors d’affrontements avec l’armée israélienne dans l’est de Gaza.

Depuis le début de la guerre israélienne contre Gaza, le 7 octobre 2023, d’autres membres de sa famille ont également été tués.

- Zaher Jabarin : ancien prisonnier libéré

Zaher Jabarin, dirigeant du Hamas en Cisjordanie occupée, est originaire de la ville de Salfit. Il est considéré comme l’un des fondateurs des Brigades al-Qassam dans ce territoire, où il a joué un rôle central dans la mise en place de la structure militaire du mouvement.

Il a été arrêté pour la première fois par les forces israéliennes en 1993, lors de la Première Intifada, et condamné à la prison à vie. Israël le tenait pour responsable de plusieurs opérations militaires menées dans les années 1990.

Il a été libéré en 2011 dans le cadre d’un accord d’échange de prisonniers, puis expulsé hors de la Palestine.

Mardi, le Hamas a indiqué que la frappe israélienne avait eu lieu alors qu’une réunion se tenait pour discuter de la dernière proposition de cessez-le-feu avancée par le président américain Donald Trump. Dimanche, ce dernier, allié proche d’Israël, avait confirmé qu’une nouvelle proposition avait été soumise au Hamas pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Quelques heures plus tard, le mouvement a annoncé avoir reçu des idées transmises par les États-Unis via des médiateurs et a affirmé accueillir favorablement toute initiative visant à mettre fin à un conflit qui dure depuis près de deux ans.

*Traduit de l'anglais par Sanaa Amir