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Qui est Giorgia Meloni ? Ce que nous savons et ne savons pas de la cheffe de l'extrême droite italienne

- La politicienne, donnée favorite pour devenir la première femme à diriger le gouvernement italien, demeure "encore un mystère", selon les analystes politiques.

Ekip  | 24.09.2022 - Mıse À Jour : 25.09.2022
Qui est Giorgia Meloni ? Ce que nous savons et ne savons pas de la cheffe de l'extrême droite italienne

Roma

AA / Rome / Giada Zampano


Giorgia Meloni, 45 ans, cheffe du parti d'extrême droite Fratelli d'Italia (Frères d'Italie), est une dirigeante chevronnée, dotée d'une stratégie de communication bien rodée, qui est sur le point de devenir la première femme à siéger à la présidence du Conseil italien et partant à prendre la tête du Gouvernement italien le plus à droite depuis la Seconde Guerre mondiale.

Bien qu'elle soit connue pour son discours dur et sa cohérence inébranlable dans ses batailles politiques, l'évolution récente de Meloni en tant que favorite après les élections du 25 septembre soulève des questions sur son avenir en tant que leader politique.

Meloni, qui a commencé sa carrière politique à l'âge de 15 ans, dans le quartier populaire de Garbatella à Rome, a participé à la fondation du parti Fratelli d'Italia en 2012, quatre ans après être devenue la plus jeune ministre du pays sous Silvio Berlusconi.

Son parti s'est progressivement emparé du soutien électoral dont jouissaient ses alliés traditionnels – Forza Italia de Berlusconi et la Ligue de Matteo Salvini – passant de 4 % en 2018 à environ 25 % d'intentions de vote selon les derniers résultats de sondages publiés avant les élections de dimanche.

Au cours de ses années à la tête de son parti Fratelli d'Italia, Meloni a réussi à transformer un parti à l'origine néo-fasciste, né des cendres de la fin de l'ère Mussolini, en une force politique populiste et nationaliste capable d'attirer des électeurs de l'électorat de droite et modéré.

"Je suis Giorgia, je suis une femme, je suis une mère, je suis chrétienne", est l'une des citations de ralliement les plus populaires de Meloni, qui est devenue virale sur les réseaux sociaux et a même été transformée en morceau de rap.​​​​​​​

"Bien que son gouvernement n'ait pas de connotation fasciste, on peut se demander si Meloni s'en tiendra à la ligne de compromis qu'elle a soigneusement mise en avant pendant la campagne électorale", a déclaré Wolfango Piccoli, directeur de la société de recherche basée à Londres, Teneo.

Meloni, qui était à l'origine très critique à l'égard des politiques budgétaires de l'Union européenne (UE), ne devrait pas entrer en conflit avec Bruxelles à court terme, a estimé Piccoli, mais il reste à voir si sa position passée d'eurosceptique pourrait faire un retour.

Les analystes ont observé que pendant la campagne électorale, Meloni s'est adressée à deux publics différents. D'un côté, des alliés internationaux, qu'elle a tenté de rassurer de son soutien à la défense de l'Ukraine et de son approche saine en faveur de l'OTAN. De l'autre, le public interne et son électorat traditionnel, pour lesquels elle a insisté sur des politiques anti-migrants et anti-LGBT.



* Politique identitaire

De nombreux observateurs pensent que Meloni sera confrontée au déclin classique de sa popularité que les anciens dirigeants de l'opposition ont tour à tour subi une fois au gouvernement.

De plus, elle hériterait d'un agenda très difficile, comprenant d'éventuelles pénuries d'énergie, une inflation record et une récession imminente. En plus de cela, elle devra gérer ses alliés litigieux - Berlusconi et Salvini - qui se sentent affaiblis par la popularité de Meloni.

"Meloni en tant que Première ministre reste un mystère", a estimé Massimiliano Panarari, analyste politique à l'Université Mercatorum de Rome, interrogé par l'Agence Anadolu. "Il est très difficile de prédire si elle finira par être la dirigeante d'un parti au pouvoir ou d'une force politique révolutionnaire", a-t-il souligné.

L'idéologie politique de Meloni embrasse fortement la politique identitaire et se concentre sur la défense des frontières nationales, des intérêts nationaux et de la soi-disant « famille traditionnelle ».

Elle a toujours été résolument anti-drogue et anti-avortement, bien qu'elle insiste sur le fait qu'elle n'interdirait pas l'avortement.

Sa vision internationale est moins claire et fait suite à 19 mois de leadership stable et internationalement crédible de l'ancien président du Conseil (Premier ministre) italien et ancien chef de la Banque centrale européenne, Mario Draghi.

"Il sera déterminant de voir à quel point les alliés internationaux seront préoccupés par le nouveau gouvernement italien et comment les marchés réagiront", a déclaré Franco Pavoncello, professeur de sciences politiques et directeur de l'Université John Cabot, basée à Rome.

Meloni devra adopter des positions solides sur les politiques de l'UE s'opposant à la guerre russe en Ukraine, les politiques économiques européennes actuelles et futures, ainsi que la résilience de la démocratie italienne.

"Qui est la vraie Giorgia Meloni ? Elle est tout ce que nous avons vu", a déclaré Emiliana De Blasio, professeur de sociologie des communications à l'Université Luiss de Rome.

"Elle n'a eu aucune difficulté à changer de ton vis-à-vis de l'Europe et ce ne sera probablement pas un problème si elle devient Première ministre, tandis que sa difficulté à s'enraciner dans les territoires locaux pourrait la frapper davantage", a ajouté De Blasio.

Le bloc de droite dirigé par le parti de Meloni est susceptible d'obtenir une majorité confortable à la Chambre basse et au Sénat lors du vote de dimanche.

Les résultats des sondages suggèrent que Fratelli d'Italia et ses alliés devraient obtenir entre 44 % et 47 % des voix, offrant une solide avance sur l'alliance de centre-gauche.

Mais une victoire écrasante qui donnerait au bloc de droite une majorité des deux tiers au Parlement, nécessaire pour modifier la Constitution sans consulter les électeurs par référendum, semble très peu probable, ont estimé les analystes.

Comme la part des électeurs indécis reste importante à environ 25 %, il est toujours possible que l'alliance de droite obtienne une majorité plus faible que ce qui avait été suggéré précédemment.

Les plus fervents partisans de Meloni, qui se sont réunis jeudi, le jour de la clôture de la campagne électorale, sur la Piazza del Popolo, dans le centre de Rome, pensent que "Giorgia" sera assez forte pour gouverner tout en résistant aux compromis.

"La cohérence est sa meilleure qualité", a déclaré Filippo Mosticone, 21 ans, fervent supporter de Meloni et de son parti Fratelli d'Italia. "Je crois que notre heure est enfin arrivée", s'est-il félicité.




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