AA / Doha / Muhammet Tarhan

Le 12ᵉ Sommet mondial de l’innovation en éducation (WISE), une initiative de la Qatar Foundation, a débuté à Doha sous le thème : « Humanity.io : Les valeurs humaines au cœur de l’éducation ».

Le sommet WISE, dont l'agence Anadolu (AA) est Partenaire Global de Communication, a été officiellement inauguré ce lundi au Qatar National Convention Center. L’événement se tient aujourd’hui et demain autour du thème « Humanity.io : Les valeurs humaines au cœur de l’éducation ».

Dans son discours, Sheikha Moza bint Nasser, présidente de la Qatar Foundation et mère de l’Émir du Qatar, a attiré l’attention sur les défis auxquels sont confrontés les systèmes éducatifs dans le monde. Elle a notamment souligné que certaines régions restent presque totalement absentes des palmarès internationaux dans les domaines de la recherche scientifique et de l’innovation.

Évoquant l’essor rapide de l’intelligence artificielle, Sheikha Moza a affirmé que la question centrale de l’éducation devait être repensée :
« Le rythme du changement dépasse désormais nos limites et nos capacités d’adaptation. Cette réalité comporte des risques que nous ne pouvons ni minimiser ni ignorer. »

Elle a mis en garde contre les conséquences dangereuses d’un savoir détaché de toute éthique ou valeur, déclarant :
« Lorsque l’éducation est privée de valeurs et de morale, elle peut très facilement devenir un instrument d’absolu mal. »

Sheikha Moza a insisté sur l’importance de replacer les valeurs humaines au centre de l’éducation et de garantir que la science ne devienne jamais une force destructrice.

De son côté, la ministre qatarienne de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Lolwah bint Rashid bin Mohammed Al Khater, a rappelé que, malgré les transformations rapides du monde, le développement restait tributaire d’une vision centrée sur l’être humain :
« Tant que nous placerons l’humain au cœur de nos actions, la transformation progressera et les opportunités deviendront la condition du développement. »

« Certains pensent que l’intelligence artificielle est surestimée. Pour ma part, je dirais qu’elle ne l’est pas assez »

L’auteur et ancien directeur des opérations de Google X, Mo Gawdat, a souligné que l’intelligence artificielle provoquait une transformation beaucoup plus rapide et profonde qu’on ne le croit.
« Les gens pensent que l’IA est exagérée, alors que je pense qu’elle ne l’est pas suffisamment », a-t-il affirmé.

Évoquant les avancées de l’IA en matière de découvertes scientifiques, Gawdat a révélé qu’un modèle d’IA de Google avait récemment mis au point une nouvelle méthode mathématique.

Il a également qualifié l’intelligence artificielle de « force égalisatrice mondiale », estimant que l’éducation de demain reposera moins sur la mémorisation que sur la capacité à poser les bonnes questions.

Soulignant la nécessité de canaliser l’IA au service de l’humanité, il a déclaré :
« La différence ne vient pas de la technologie, mais de la manière dont nous l’utilisons. »

- « La fiction permet de créer un monde autosuffisant »

L’autrice Laila Lalami a, pour sa part, rappelé que l’usage prédictif de l’intelligence artificielle soulevait de sérieuses questions éthiques, qui constituent d’ailleurs l’un des axes centraux de son dernier roman.

Elle a mis en lumière la capacité de la fiction à simplifier des sujets complexes :
« L’un des avantages de la fiction est de pouvoir créer un petit monde autosuffisant. »

Lalami a également souligné l’importance du récit dans les processus éducatifs :
« Nous n’avons jamais trouvé de meilleure manière de transmettre le savoir que par les histoires. »

Elle a enfin encouragé les étudiants à préserver le processus d’apprentissage par l’erreur, plutôt que de recourir à des réponses toutes faites générées par l’IA.

* Traduit de l'anglais par Adama Bamba