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Prétendu «entrisme» des Frères Musulmans en France: Les associations musulmanes dénoncent une «suspicion généralisée»

Ce rapport de 73 pages, dévoilé mercredi 21 mai, accuse de nombreuses structures et figures musulmanes, d’avoir un agenda caché lié à la confrérie.

Feiza Ben Mohamed  | 21.05.2025 - Mıse À Jour : 21.05.2025
Prétendu «entrisme» des Frères Musulmans en France: Les associations musulmanes dénoncent une «suspicion généralisée»

Provence-Alpes-Cote d Azur

AA / Nice / Feïza Ben Mohamed

Un conseil de défense présidé par Emmanuel Macron s'est tenu mercredi matin à l’Elysée, après la transmission d’un rapport commandé à deux hauts fonctionnaires et supposé décrire la stratégie « d’entrisme » des Frères Musulmans dans la société française.

Alors que la majeure partie de ce rapport est classée « secret défense », une version allégée en 73 pages, a pu être consultée par Anadolu.

L’état des lieux dressé par les auteurs du rapport, se veut clairement alarmiste et prétend qu’il existe une volonté de développement « par le bas » des Frères Musulmans qui constituerait « une menace pour la cohésion nationale ».

Après la parution de nombreux articles de presse, plusieurs structures musulmanes citées dans ce rapport déjà controversé, ont réagi, en dénonçant « des accusations infondées » et mettant en garde contre une « suspicion généralisée ».

Parmi les premiers à s’exprimer, l’IESH (institut européen de sciences humaines) fondé en 1990 avec pour mission de former des imams et des cadres religieux, réfléchit à intenter une action en justice.

Dans un communiqué de presse destiné à répondre « aux accusations infondées d'"islamisme", de "frérisme" et d'"entrisme" », l’institut assure ne porter aucune ambition politique et se concentrer sur sa mission.

« Nous ne faisons pas de politique. Notre mission est cultuelle et pédagogique, jamais militante ni idéologique. Nous ne servons aucune orientation politique, aucun courant militant, et encore moins des logiques d'"entrisme" ou de subversion. Ces accusations relèvent d'un fantasme éloigné de notre réalité quotidienne » est-il martelé.

Pointant « des calomnies », l’IESH explique que « dans une époque marquée par la prolifération de discours extrêmes sur les réseaux sociaux », sa mission consiste à « œuvrer à renforcer la présence de figures religieuses compétentes et formées, capables d'apporter un encadrement spirituel éclairé, et de contrer l'influence d'acteurs illégitimes ou dangereux ».

Et de poursuivre : « Malgré les entraves administratives et financières auxquelles nous faisons face, nous poursuivons notre mission avec constance, transparence et fidélité aux valeurs de la République ».

Pour mettre un terme à ces accusations jugées « infondées », l’institut propose de participer à un audit indépendant « mené de manière neutre et transparente, sans influence politique ni a priori idéologique ».

Dans la même veine, l’organisation MF (Musulmans de France, ex-UOIF: Union des organisations islamiques de France), réfute catégoriquement « toute allégation » visant à l’affilier à « un projet politique étranger ».

Dans le rapport rendu public ce mercredi, MF est présenté comme « la branche nationale des Frères Musulmans en France ».

La fédération rappelle dans son communiqué de presse, avoir « signé la Charte des principes pour l’islam de France le 18 janvier 2021 à l’Élysée, devant le président de la République Emmanuel Macron, réaffirmant son attachement aux valeurs de la République, réfutant tout lien d’allégeance avec une puissance étrangère, notamment avec la confrérie des Frères musulmans, et plus largement avec l’islam politique ».

MF appelle « les autorités publiques, les chercheurs et les acteurs politiques à faire preuve de discernement, de rigueur intellectuelle et d’esprit de justice ».

Et de trancher: « Les amalgames, même involontaires, entre islam, islamisme politique et radicalité sont non seulement dangereux, mais contre-productifs pour la République elle-même (…). Derrière ces accusations infondées, c’est une stigmatisation de l’islam et des musulmans qui se dessine ».

D’un point de vue politique, le chef de file de LFI (La France Insoumise), Jean-Luc Mélenchon, a réagi dans un message en forme « d’alerte » publié sur le réseau social X.

« J'alerte. Cette fois-ci, l'islamophobie franchit un seuil. Un Conseil de défense autour du Président accrédite les thèses délirantes de Retailleau et de Le Pen. Ça suffit ! Vous allez détruire notre pays. Ce genre de méthodes a déjà été appliqué dans le passé d'abord contre les protestants et les juifs. Cela conduit tout droit à un déchaînement d'inquisitions cruelles contre les personnes et désastreuses pour l'unité du pays. Arrêtez ça ! », a-t-il lancé à l’attention du gouvernement.

Dans le détail, ce rapport polémique affirme qu’il y aurait 139 lieux de culte musulmans seraient affiliés aux Frères Musulmans, sur les 2 800 recensés dans le pays.

Pas moins de 55 départements sont concernés et 68 autres lieux de culte seraient proches des Frères Musulmans sans y être directement rattachés.

Parmi les critères pris en compte pour définir si ces lieux sont liés à la confrérie, figure l’affiliation à la fédération MF, qui dément pourtant formellement dépendre des Frères Musulmans.

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