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Portugal : Chute du gouvernement portugais à la suite d'un vote de confiance

- Le gouvernement minoritaire de droite, qui n'a même pas terminé sa première année, perd le vote de confiance suite à des allégations de corruption contre le Premier ministre Luis Montenegro

Esra Tekin  | 12.03.2025 - Mıse À Jour : 12.03.2025
Portugal : Chute du gouvernement portugais à la suite d'un vote de confiance

Istanbul

AA / Madrid - Istanbul / Senhan Bolelli et Esra Tekin

Le gouvernement minoritaire de droite formé au Portugal il y a environ 11 mois a chuté, mardi, suite à son incapacité à obtenir suffisamment de votes pour la motion de confiance qu'il a présentée au Parlement en raison d'allégations de corruption à l'encontre du Premier ministre, Luis Montenegro.

C'est la deuxième fois depuis la fin de la dictature au Portugal et le retour de la démocratie en 1974 qu'un gouvernement est renversé à la suite d'un vote de confiance, la première fois ayant eu lieu en 1977, il y a 48 ans.

La raison de la chute du gouvernement minoritaire de droite, qui n'avait même pas terminé sa première année, tient aux allégations de corruption portées contre le premier ministre Montenegro concernant son entreprise familiale « Spinumviva », qu'il avait fondée et dont il avait ensuite transféré les parts à sa femme et à ses deux enfants après avoir commencé à s'impliquer en politique.

Après deux motions de défiance - l'une déposée le 21 février par le parti d'extrême droite Chega et l'autre le 4 mars par le Parti communiste portugais (PCP) - le Premier ministre Montenegro a demandé un vote de confiance pour tenter de surmonter la crise politique à laquelle son gouvernement minoritaire était confronté.

Lors du vote d'aujourd'hui au Parlement, qui compte au total 230 membres, le gouvernement n'a obtenu qu'un total de 88 voix « pour » alors que 142 députés ont voté « contre ».

Outre le Parti social-démocrate (PSD) et les démocrates-chrétiens du gouvernement minoritaire, seule l'Initiative libérale (IL), parti d'opposition, a soutenu le vote de confiance. Le Parti socialiste (PS), principal parti d'opposition, ainsi que d'autres partis d'opposition tels que le Parti communiste portugais (PCP), le Bloc de gauche (BE), le Livre (L), le Parti Personnes–Animaux–Nature (PAN) et le parti d'extrême droite Chega, qui avaient soutenu la formation du gouvernement minoritaire, ont voté contre le vote de confiance.

La tentative du gouvernement de retirer le vote de confiance après une rencontre en tête-à-tête entre le Premier ministre Monténégro et le principal leader de l'opposition, Pedro Nuno Santos, et les propositions d'une commission d'enquête parlementaire de 15 jours sur les allégations contre Monténégro ont été rejetées.

Dans son discours lors de la session parlementaire, le premier ministre Monténégro a accusé le principal parti d'opposition, le PS, d'avoir perturbé la « stabilité économique », affirmant que le peuple portugais ne voulait pas d'élections anticipées.

Il a également annoncé qu'il serait à nouveau le candidat de son parti au poste de Premier ministre.

Le leader du PS, Santos, a cependant demandé qu'une commission d'enquête parlementaire soit mise en place concernant les allégations contre Montenegro pour le retrait du vote de confiance, arguant que le seul responsable de la crise était « Montenegro, qui refuse de dissiper les doutes ».

Le PS a soutenu que la commission d'enquête devait durer 90 jours, déclarant que la période de 15 jours demandée par le gouvernement n'était « pas sérieuse ».

Après l'effondrement du gouvernement, les Portugais devront se rendre aux urnes pour la troisième fois en trois ans.

Le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa devrait convoquer des élections anticipées le 11 ou le 18 mai.

Selon certains sondages publiés aujourd'hui dans la presse portugaise, la crise à laquelle est confronté le gouvernement a entraîné une augmentation du soutien au principal parti d'opposition, le parti socialiste, qui devrait sortir vainqueur d'un éventuel scrutin.


** Première année d'un gouvernement minoritaire

Antonio Costa, actuellement président du Conseil de l'UE, a démissionné de son poste de premier ministre en novembre 2023 après avoir été désigné comme suspect dans une enquête pour corruption, malgré sa réélection lors des élections législatives anticipées du 30 janvier 2022.

Après les élections législatives anticipées, le Premier ministre Montenegro a formé un gouvernement minoritaire le 2 avril 2024, avec l'Alliance démocratique (AD), une alliance du Parti social-démocrate (PSD) avec 78 sièges et des Démocrates chrétiens (2), suite aux élections législatives qui ont eu lieu il y a près de 11 mois.


**Allégations contre Montenegro

Selon les médias portugais, l'entreprise familiale de Montenegro, Spinumviva, qu'il a fondée et dont il a transféré les parts à sa femme et à ses deux enfants après avoir été élu à la tête du PSD en 2022, est impliquée dans certaines transactions avec Solverde, une société qui détient des concessions pour de nombreux hôtels et casinos au Portugal.

Il est en outre affirmé que Montenegro, qui est également avocat, était le représentant légal de Solverde lors d'importantes négociations entre 2018 et 2022 concernant les concessions de casinos avec le gouvernement.

En réaction à ces informations, Solverde a annoncé, le 4 mars, qu'elle avait annulé son contrat avec Spinumviva afin de « protéger le nom de l'entreprise ».


*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj

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