AA / New York / Rabia Iclal Turan

Les New-Yorkais de confession musulmane ont célébré, mardi soir, la victoire de Zohran Mamdani à l'élection municipale, qui devient ainsi le premier musulman et Sud-Asiatique à diriger la "Grosse Pomme", surnom donné à la ville par ses habitants.

Mamdani, 34 ans, socialiste démocrate et législateur de l'État originaire du Queens, a battu l'ancien gouverneur indépendant Andrew Cuomo et le républicain Curtis Sliwa dans ce que les observateurs décrivent comme l'un des plus grands bouleversements politiques de la ville depuis des années.

Avec plus de 50 % des voix et un taux de participation record dépassant les 2 millions de bulletins, la victoire de Mamdani a déclenché des célébrations dans des quartiers comme Astoria dans le Queens, où sa campagne populaire a débuté.

Pour de nombreux habitants musulmans, cette victoire revêt une profonde signification émotionnelle.

« Je suis très enthousiaste à propos de cette élection », exprime Zamzam Ali, qui vit à Brooklyn, à Anadolu lors d'une célébration devant un café yéménite à Astoria. « Zohran Mamdani incarne les luttes universelles auxquelles aspire la population générale d'une ville : de meilleures conditions de vie, des salaires équitables, des prix et des loyers abordables et l'égalité pour tous. »

Ali estime que la victoire de Mamdani a également une résonance personnelle.

« Les musulmans ont vraiment souffert et ont été victimes de discrimination en Amérique depuis le 11 septembre ». « Donc, voir un musulman devenir maire de la ville même où les musulmans ont été accusés de toutes sortes de crimes et de terrorisme, c'est phénoménal. », relève-t-il.

La campagne de Mamdani était axée sur l'accessibilité financière et la justice sociale, promettant un gel des loyers, des bus gratuits, des services de garde d'enfants universels et des épiceries gérées par la ville. Il a également proposé de porter le salaire minimum à 30 dollars de l'heure d'ici 2030 et d'augmenter les impôts sur les entreprises et les millionnaires afin de financer ces programmes.

Faizah, 31 ans, qui a souhaité n'être identifiée que par son prénom, déclare que les propositions de Mamdani lui ont donné de l'espoir.

« En tant qu'enseignante, je pense qu'il a beaucoup de bonnes politiques pour réorienter les fonds afin que les enseignants et les parents puissent réellement mettre davantage l'accent sur l'éducation », a-t-elle déclaré à Anadolu. « Les loyers sont assez exorbitants à New York, donc les geler est une mesure importante. Je pense qu'il est du côté du peuple. »

Pour d'autres, ce moment est synonyme de changement.

« Nous sommes très fiers de lui », a déclaré Badger Shahbain, un New-Yorkais musulman qui connaît Mamdani depuis des années. « Cela va changer le cours de l'histoire : la manière dont il a réussi à gagner change tout. Je suis convaincu qu'il fera un excellent travail. »

Lors de la fête organisée pour célébrer sa victoire au Paramount Theater de Brooklyn, Mamdani a remercié ses partisans et appelé à l'unité. « Nous construirons une mairie qui se tiendra fermement aux côtés des New-Yorkais juifs... où plus d'un million de musulmans sauront qu'ils ont leur place », a-t-il déclaré sous un tonnerre d'applaudissements. « New York ne sera plus une ville où l'on peut faire campagne sur l'islamophobie et remporter une élection. »

Le Conseil des relations américano-islamiques (CAIR) a salué la victoire de Mamdani comme un « tournant historique » pour l'engagement politique des musulmans américains.

« La capacité de Mamdani à remporter la victoire tout en défendant ouvertement les droits humains des Palestiniens et en subissant un déluge de haine antimusulmane marque également une réprimande historique à l'égard de l'islamophobie et du racisme anti-palestinien en politique », a déclaré le groupe.

* Traduit par Tuncay Çakmak