AA / Washington / Diyar Guldogan

Les États-Unis sont "en bonne voie" dans la construction d'un quai flottant au large de Gaza, pour acheminer de l'aide humanitaire vers l'enclave assiégée, a déclaré, jeudi, un porte-parole du Pentagone.

"Le JLOTS (Joint Logistics Over-the-Shore capability) est toujours en cours de construction. Nous prévoyons d'atteindre la pleine capacité opérationnelle d'ici la fin du mois, début mai, soit dans un délai d'environ 60 jours comme nous l'avions évoqué, même si, bien sûr, nous nous efforçons d'aller aussi vite que possible sur ce plan", a déclaré à la presse le général de division Pat Ryder.

Le Pentagone avait annoncé, en mars, qu'il entreprendrait une mission d'urgence pour établir un quai temporaire sur la côte de la Bande de Gaza, afin de livrer jusqu'à 2 millions de repas d'aide humanitaire par jour.

L'objectif de la mission est de commencer les opérations de livraison dans environ 60 jours, avait assuré le Pentagone. La mission comprend un quai flottant et un pont-jetée de 1 800 pieds de long (près de 550 mètres) qui sera attaché au rivage, avec un groupe de navires de soutien logistique et de barges qui transporteront l'aide du quai au pont-jetée.

"Nous sommes en bonne voie en termes de calendrier, et nous continuons à travailler en étroite collaboration avec nos partenaires dans la région", a déclaré Ryder, ajoutant qu'Israël "s'est engagé à assurer la sécurité sur le rivage lorsqu'il s'agira de recevoir l'aide puis de la distribuer".

Interrogé sur la manière dont le Pentagone envisage de distribuer l'aide sans provoquer le chaos ou une situation sécuritaire critique, Ryder a déclaré que la situation à Gaza ne "facilite certainement pas la tâche", notamment après la récente frappe israélienne qui a tué des travailleurs humanitaires, en référence aux sept travailleurs humanitaires de l’ONG World Central Kitchen tués, lundi, par des frappes aériennes visant leur convoi de distribution d'aide dans le centre de Gaza.

"Mais cela ne nous a pas empêchés de continuer à travailler avec des groupes et des ONG pour trouver des solutions", a-t-il assuré.

Les États-Unis vont faire de la sécurité de leurs forces une "priorité absolue" dans toutes ces opérations, a souligné le général de division Pat Ryder.

Israël mène une offensive militaire meurtrière contre la Bande de Gaza depuis l'attaque transfrontalière menée, le 7 octobre, par le mouvement de résistance palestinien, Hamas, au cours de laquelle quelque 1 200 Israéliens auraient été tués, selon les autorités de Tel-Aviv.

Depuis lors, 33 037 Palestiniens, principalement des femmes et des enfants, ont été tués à Gaza et quelque 75 668 autres ont été blessés, selon le dernier bilan communiqué par les autorités sanitaires palestiniennes.

La guerre israélienne a poussé 85 % de la population de Gaza à se déplacer à l'intérieur du territoire, dans le cadre d'un blocus paralysant visant la plupart des denrées alimentaires, l'eau potable et les médicaments, faisant planer le spectre de la famine sur la population de l'enclave, tandis que 60 % des infrastructures ont été endommagées ou détruites, selon les Nations unies.

Israël est poursuivi devant la Cour Internationale de Justice (CIJ) pour ''crime de génocide''. Dans une ordonnance rendue en janvier, la CIJ a enjoint Tel Aviv de mettre un terme à ses agissements à caractère génocidaire et de prendre des mesures pour garantir l'acheminement de l'aide humanitaire à la population civile de la Bande de Gaza.

Dans une seconde ordonnance indiquant des mesures conservatoires additionnelles, rendue au mois de mars, la CIJ a exhorté Israël à prendre "sans délai" des mesures pour assurer "l'acheminement sans entrave" de l'aide humanitaire, notamment de la nourriture, de l'eau, du carburant et des fournitures médicales. La Cour internationale de justice a déclaré que "les Palestiniens de Gaza ne sont plus seulement confrontés à un risque de famine [...] mais que la famine est bel et bien là."

*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj