Pavel Durov annonce que Telegram partagera les adresses IP des utilisateurs suspectés de crimes
- Le réseau social du Franco-russe modifie ses règles pour mieux collaborer avec la justice.

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Le fondateur de Telegram, Pavel Durov, a annoncé un changement majeur dans les règles de modération de l'application : désormais, les adresses IP et les numéros de téléphone des utilisateurs impliqués dans des activités criminelles pourront être transmis aux autorités judiciaires.
Par voie d'une publication sur son réseau social, Durov a expliqué que cette révision des règles vise à "clarifier" la politique de confidentialité de la plateforme qui, jusqu'à présent, ne permettait cette transmission d'informations qu'en cas d'enquêtes liées au terrorisme.
Désormais, "si vous êtes suspect dans un dossier impliquant des activités criminelles qui violent également les règles de Telegram", a précisé le PDG, les adresses IP et les numéros de téléphone des utilisateurs pourront être communiqués aux autorités, après une analyse juridique des demandes.
Cette annonce marque un tournant pour Telegram, qui avait jusque-là résisté aux pressions des gouvernements concernant la coopération avec les services de police et de justice, notamment en France et dans d'autres pays européens.
Telegram se présentait comme une plateforme respectant farouchement la confidentialité de ses utilisateurs, mais cette décision reflète une volonté de répondre aux critiques concernant son utilisation par des groupes criminels.
Ces nouvelles mesures s’accompagnent d'un renforcement de la modération sur l'application. Durov a précisé que ces dernières semaines, une équipe de modérateurs utilisant des outils d'intelligence artificielle avait supprimé de nombreux contenus illicites du moteur de recherche de Telegram, rendant ainsi plus difficile l'accès à des produits illégaux tels que des armes, des drogues ou des articles volés.
L'interpellation de Durov à Paris, en août dernier, dans le cadre d'une enquête portant sur le manque de coopération de Telegram avec la Justice française, a précipité cette évolution.
Depuis cet événement, l'entreprise a commencé à répondre à des réquisitions judiciaires, et les nouvelles règles devraient, selon Durov, "décourager les criminels" qui exploitent la plateforme pour leurs activités.
Telegram, qui compte plus de 700 millions d'utilisateurs, était souvent critiqué pour son opacité et sa tolérance à l'égard de certains comportements criminels.
- Durov arrêté en France
Pour rappel, le fondateur de la messagerie Telegram avait été arrêté le 24 août à l'aéroport du Bourget, à Paris, après son arrivée en provenance de Bakou, en Azerbaïdjan. Durov avait été interpellé en vertu d’un mandat de recherche émis par les autorités françaises. À son arrivée, il devait passer la soirée à Paris pour un dîner avant qu'il ne fût placé en garde à vue.
Pavel Durov a été mis en examen, le 28 août, pour plusieurs infractions liées à la criminalité organisée, notamment pour refus de communiquer des informations nécessaires aux interceptions judiciaires et pour complicité dans divers crimes et délits, dont le trafic de stupéfiants et la pédocriminalité sur la plateforme Telegram. Il lui est reproché son inaction contre la diffusion de contenus criminels ou délictueux sur Telegram, ce que l’entreprise infirme.
Les autorités françaises avaient émis des mandats de recherche contre le PDG de Telegram et son frère cofondateur, Nikolaï, depuis le 25 mars 2024. Le fondateur de Telegram, qui a été libéré sous contrôle judiciaire, est soumis à des obligations strictes, notamment un cautionnement de cinq millions d'euros et l’interdiction de quitter le territoire français.
Citant une source proche du dossier, la presse française avait également rapporté qu’une seconde enquête était diligentée contre Pavel Durov pour des "violences graves" sur un de ses enfants à Paris, confiée à l’Office des mineurs (OfMin).
Les faits auraient été commis sur un fils du milliardaire franco-russe, âgé de sept ans, alors qu’il était scolarisé à Paris.