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Parlement européen/ Borrell : « Notre objectif final est de restaurer la normalité constitutionnelle en Tunisie »

- La situation en Tunisie a été au centre d'un débat au Parlement européen mardi. Une résolution sera soumise au vote jeudi 21 octobre

Fatma Bendhaou  | 19.10.2021 - Mıse À Jour : 19.10.2021
Parlement européen/ Borrell : « Notre objectif final est de restaurer la normalité constitutionnelle en Tunisie  »

Tunisia

AA / Tunis / Yusuf Celim
Une résolution sur la situation politique en Tunisie a été discutée, mardi, en séance plénière au Parlement européen. La résolution sera soumise au vote jeudi 21 octobre.
La séance, qui a duré une heure, a été inaugurée par une allocution du Haut représentant de l'Union européenne (UE) pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Josep Borrell, suivie de 17 interventions de députés européens de diverses mouvances.
« La Tunisie se retrouve dans une situation préoccupante », s’est alarmé Borell au début de son allocution.
Le Haut représentant de l’UE a considéré que le Parlement tunisien ne pouvait pas rester indéfiniment fermé, insistant sur la nécessité de rétablir les activités de cette institution dans les plus brefs délais.
Borell a rappelé que le Président tunisien, Kaïs Saïed, a limogé le Premier ministre Hichem Méchichi et suspendu les travaux de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP/Parlement) en invoquant les pouvoirs d’urgence de l’article 80 de la Constitution tunisienne.
Il a considéré que le Président Saïed a prolongé la suspension du Parlement, alors que la Constitution dispose que le Parlement ne peut être suspendu plus d’un mois, ce qui a suscité, d’après lui, « de vives inquiétudes ».
Le haut-responsable européen a tenu à rappeler que « Le Président Saïed est un professeur de droit constitutionnel ». « Il connaît mieux que moi l’aspect constitutionnel. Il doit annoncer un calendrier clair », a-t-il insisté.
Et de conclure : « Notre objectif final est de restaurer la normalité constitutionnelle en Tunisie au cours des prochaines semaines ».



« Partenaire historique et solide de l’Union européenne »


Plusieurs députés ont insisté, dans leurs interventions, sur la nécessité de soutenir la Tunisie, qui a été qualifiée de « partenaire historique et solide de l’Union européenne ».
La députée européenne, Željana Zovko, (Bosnie) a tenu à rappeler que des tensions politiques, des manifestations massives et une détérioration de la situation économique ont poussé le Président Saïed à recourir à l’article 80 de la Constitution tunisienne.
Nathalie Loiseau (France) a évoqué, pour sa part, la grande popularité de Kaïs Saïed en Tunisie, rappelant qu'il avait remporté les élections présidentielles avec plus de 72 % des voix, dont la plupart sont des jeunes âgés de 18 à 25 ans.
De son côté, la députée, Margarida Marques (Portugal),a affirmé comprendre les raisons qui ont poussé le Président Saïed à recourir aux mesures exceptionnelles, ce qui ne justifie, pas d’après elle la concentration des pouvoirs entre ses mains et la dissolution du Parlement.
La députée européenne, Marie Arena (Belgique) a considéré, elle, que la Tunisie est un pays important pour l’Union européenne. D’après elle, « il s’agit d’une démocratie confrontée à une crise économique, doublée d’une crise politique. Dans une démocratie digne de ce nom, Un homme à lui seul ne peut pas avoir tous les pouvoirs à la fois ».
Pour sa part, Frédérique Ries (Belgique) estime qu’ « il appartient au Président Saïed de capitaliser sur sa popularité pour effectuer les gestes de réformes attendues par les Tunisiennes et les Tunisiens. »
« Une grande partie de la population tunisienne a une grande confiance dans le Président », a souligné dans le même cadre Salima Yenbou (France)
De son côté, le député Thierry Mariani (France) a appuyé que « Le Président Saïed est l’inverse de l’islam politique, qui a gouverné la Tunisie pendant une décennie et a plongé la Tunisie dans un marasme économique ».
« La Peuple tunisien peut compter sur le soutien inconditionnel de l’Union européene. J’appelle à ne pas sanctionner mais aider la Tunisie », a martelé le député Emmanuel Maurel (France).
Pour sa part, le député Gilles Lebreton (France) a considéré que l’objectif de Saïed est d’instaurer une démocratie débarrassée de la corruption. « Je lui souhaite bonne chance et lui assure mon amitié et mon soutien », a-t-il insisté.


"Nous attendons des mesures concrètes"

Lors de son mot de la fin, Josep Borell a réitéré son appel au Président tunisien Saïed : « Je répète, il est important de mettre en place un calendrier bien précis basé sur la séparation des pouvoirs et le respect de l’Etat de droit ».
Borell a rappelé que la résolution sera soumise au vote jeudi 21 octobre.
Et de conclure : « Nous attendons des mesures concrètes de la part des autorités tunisiennes, et nous agirons sur la base de ces mesures. »
Rappelons que le Parlement Européen a estimé, par voie de communiqué publié le jeudi 14 octobre, que « le système démocratique de la Tunisie est menacé en raison de l’absence de séparation des pouvoirs ».
Le Parlement européen avait déposé, par la même occasion, une résolution à la suite d’une déclaration du vice-président de la Commission/haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, conformément à l’article 132, paragraphe 2, du règlement intérieur
Le Parlement européen avait chargé son Président de transmettre la présente résolution au gouvernement de la République tunisienne et au Président de l’Assemblée des représentants du peuple tunisien.

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