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Paris : mobilisation pour la libération des passagers du bateau de la Flottille de la liberté

– Plusieurs centaines de personnes réunies place de la République dénoncent un « acte de piraterie » israélien contre le Madleen, un bateau humanitaire qui faisait route vers Gaza

Ümit Dönmez  | 09.06.2025 - Mıse À Jour : 09.06.2025
Paris : mobilisation pour la libération des passagers du bateau de la Flottille de la liberté

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez

La place de la République à Paris est devenue ce lundi soir un carrefour de solidarité avec Gaza. À partir de 18 heures locales, plusieurs centaines de manifestants ont répondu à l’appel de La France insoumise, de l’AFPS (Association France Palestine Solidarité) et du collectif Urgence Palestine pour exiger la libération des douze passagers du Madleen, navire arraisonné en mer par l’armée israélienne.

Par voie de communiqué, l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) a dénoncé « un acte de piraterie » commis dans les eaux internationales contre une embarcation civile transportant de l’aide humanitaire à destination de la bande de Gaza. L’association ajoute que « les douze passagers ont été arrêtés illégalement par les forces israéliennes et conduits de force en Israël ».

Sur la place parisienne, les slogans « Liberté pour la Flottille », « Stop au blocus de Gaza » ou encore « Israël hors de l’eau » s’entendent dans les haut-parleurs. Des drapeaux palestiniens flottent au milieu des pancartes exigeant la libération immédiate des personnes détenues, dont plusieurs ressortissants européens. Des élus, militants, syndicalistes, personnalités politiques de gauche et simples citoyens dénoncent « une escalade dans la répression des initiatives pacifiques de soutien à Gaza ».

La mobilisation fait écho à une opération maritime civile engagée le 1er juin depuis Catane, en Italie. Le Madleen, un voilier de 18 mètres, faisait route vers la bande de Gaza, avec à son bord une douzaine d’activistes internationaux, parmi lesquels des ressortissants français, allemands, espagnols, brésiliens et turcs. Le bateau, selon ses organisateurs, transportait une cargaison humanitaire composée notamment de farine, lait en poudre, prothèses pour enfants, kits de dessalement, et couches.​​​​​​​

Les membres de la coalition « Flottille de la liberté », composée d’ONG et de citoyens engagés, entendaient dénoncer le blocus imposé à Gaza depuis 2007, considéré par l’ONU comme une forme de punition collective. Le Madleen avait aussi secouru en mer des migrants soudanais et était surveillé par des drones dès sa traversée de la Crète.

Dans la nuit du 8 au 9 juin, alors que le navire se trouvait dans les eaux internationales, il a été encerclé par des drones israéliens. Selon plusieurs sources concordantes, un liquide irritant aurait été pulvérisé sur les passagers avant que des commandos ne prennent le contrôle du bateau, qui a ensuite été détourné vers le port israélien d’Ashdod.

Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a confirmé l’interception, déclarant que les militants seraient « invités à regarder des images des massacres du 7 octobre » afin de « comprendre la situation à Gaza ». Il a par ailleurs qualifié les activistes de propagandistes du Hamas.

La coalition organisatrice, elle, affirme qu’aucun lien n’existe avec le Hamas et dénonce une manipulation politique visant à justifier le blocus. « Le Madleen n’était armé que de lait en poudre », résume une militante présente à Paris. L’AFPS réclame l’intervention urgente des autorités françaises pour obtenir un accès consulaire aux passagers français et leur libération sans délai.

Le rassemblement de Paris s’inscrit dans le cadre d'une mobilisation plus large, avec des manifestations simultanées annoncées à Lyon, Toulouse, Marseille et Nantes. Les organisateurs entendent maintenir la pression dans les jours à venir, soulignant que cette opération humanitaire ne sera pas la dernière.

Ce nouvel épisode rappelle tragiquement celui de 2010, où une précédente flottille avait été interceptée dans des conditions sanglantes par Israël, provoquant la mort de dix militants turcs.

Quinze ans plus tard, le débat reste intact : jusqu’où Israël peut-il aller pour faire respecter un blocus décrié, et jusqu’où la communauté internationale laissera-t-elle faire ?


- Situation humanitaire à Gaza

Israël bloque depuis le 2 mars, l’entrée de toute aide humanitaire dans la bande de Gaza, invoquant des raisons de sécurité. Quelques autorisations minimes de passage de l'aide humanitaire ont été accordées, mais celles-ci demeurent largement insuffisantes pour répondre aux besoins de la population gazaouie.

Ce blocus a été condamné par plusieurs ONG, dont Médecins du Monde, Oxfam et le Norwegian Refugee Council, qui alertent sur un "effondrement total" de l’aide humanitaire et dénoncent "l’un des pires échecs humanitaires de notre génération". Dans ce contexte, le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a réaffirmé qu’"aucune aide humanitaire n’entrera à Gaza".

Depuis la reprise des hostilités le 18 mars 2025, les attaques israéliennes ont causé la mort de plus de 4600 Palestiniens, portant le bilan total à Gaza à plus de 54 900 morts, depuis le début du conflit en octobre 2023 suite à une attaque du Hamas. La majorité des victimes palestiniennes sont des civils, notamment des enfants et des femmes.

Pour rappel, la Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à Israël, le 26 janvier 2024, de prévenir tout acte de génocide à l'encontre des Palestiniens à Gaza et de permettre l'accès à l'aide humanitaire. De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) a émis, le 21 novembre 2024, plusieurs mandats d'arrêt, notamment contre le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis dans la bande de Gaza.​​​

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