OPINION - Une actualité crédible et indépendante est nécessaire pour lutter contre l'infodémie
- En célébrant son 101ème anniversaire, l’Agence Anadolu est en mesure de fournir un modèle d’information alternatif, de combler les lacunes et de façonner un nouvel ordre mondial de l’information.

Ankara
AA / ANKARA
Par Iftikhar Gilani
La pandémie de coronavirus est la première dans son genre dans l'histoire au cours de laquelle la technologie et les médias sociaux ont joué un rôle important pour assurer la sécurité des personnes, et les maintenir informées, productives et connectées. Mais en même temps, cela a également amplifié une infodémie qui a sapé les recours mondiaux et mis en péril les mesures destinées à contrer l’impact pandémique.
Ce phénomène a une fois de plus mis en évidence le rôle de l'exactitude et de la crédibilité dans le processus de diffusion des informations. Tout en exposant les dangers des intentions malveillantes de ceux qui gèrent les médias sociaux, il a souligné la nécessité que les informations, tout comme les vaccins ou les médicaments, ne doivent être gérées que par des professionnels formés aux techniques de la communication.
En mai 2020, au plus fort de la vague pandémique, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a appelé les États membres à fournir un contenu fiable à propos de la COVID-19, et à prendre des mesures pour lutter contre la désinformation et les informations trompeuses, tout en tirant parti des technologies numériques dans la riposte contre ces phénomènes. L’OMS a également appelé les organisations internationales à lutter contre la menace dans la sphère numérique, à s'employer à prévenir les cyber-activités nuisibles qui pénalisent les recours sanitaires, et à favoriser la communication de données élaborées sur des bases scientifiques au public.
Malgré le tarissement des ressources pour les médias, la situation a tout de même présenté une occasion unique de mettre en valeur le bon journalisme et de bâtir une relation crédible avec les téléspectateurs et les lecteurs.
La pandémie a également prouvé une fois de plus que la couverture médiatique occidentale d’un monde en plein développement est fondée sur un besoin épisodique et fragmentaire.
Le regretté Robert Fisk, un écrivain et journaliste qui avait la citoyenneté britannique et irlandaise, a critiqué un jour ce qu'il a décrit comme des «campagnes de propagande» menés par les rédacteurs en chef des médias occidentaux pour la couverture des conflits et des informations au Moyen-Orient. Comme résultat, ce procédé donne lieu à une couverture ordonnée, acceptable, censurée et intrinsèquement mensongère de l'actualité de la région. Fisk a mentionné l’exemple de la «barrière» de Cisjordanie, - plus grande et plus longue que le mur de Berlin - qui est appelée mur de séparation ou barrière de sécurité dans la presse occidentale. Dans le cas des colonies israéliennes illégales qui sont construites sur des terres volées aux Arabes, elles sont qualifiées dans la presse occidentale de «quartiers juifs».
- Les préjugés des médias occidentaux
En rapportant la tentative ratée du coup d'État en Turquie en 2016, certains médias occidentaux ont qualifié les réactions démocratiques et civiles du peuple turc d' «islamistes», et même de «djihadistes». Ils traitaient les mesures prises après le coup d'État raté comme une menace pour la démocratie au lieu de s’en prendre plutôt à la tentative de coup d'État elle-même. Ils ont essayé de se concentrer l’attention sur le gouvernement turc plutôt que sur les comploteurs et les instigateurs du coup d'État.
De nombreuses tentatives ont été faites à travers le monde pour briser le monopole des géants mondiaux des médias. Fort heureusement, c'est précisément en ce moment que le monde est à la recherche de sources alternatives d'informations.
Selon le grand professionnel des médias indiens Saeed Naqvi, cette quête s’explique par une raison simple : la crédibilité diminuée des médias occidentaux, sauf pour quelques exceptions. Depuis que l'Occident a été perpétuellement impliqué dans des conflits depuis l'Afghanistan jusqu’en Irak, leurs médias ont dû faire tellement de tapage médiatique qu'ils ont perdu leur crédibilité sur le marché de l'information.
Dans cet état de fait, des informations indépendantes et crédibles sont une denrée inestimable.
Prenant conscience de l'importance cruciale des médias, les dirigeants turcs avaient fondé l'Agence Anadolu, il y a près d'un siècle le 6 avril 1920. C'était la deuxième agence de presse au monde - après l'agence soviétique TASS - qui est apparue dans le monde non-colonisé pour contester l'hégémonie médiatique occidentale.
Depuis la création du fil de l’actualité en 1885, pas moins de 28 agences de presse ont proliféré en 1920, mais elles étaient toutes situées en Occident ou dans les colonies de puissances impérialistes.
Depuis 136 ans, les principales agences de presse demeurent concentrées autour de l'épicentre des nations les plus prospères au monde. Ces agences de presse ont un statut que le reste du monde semble avoir suivi et reproduit sans réelle méfiance.
Les agences de presse mondiales et les médias ont également joué un rôle essentiel dans l'élaboration des conditions qui ont rendu possible la mondialisation. Dans cette compétition rude et impitoyable, où les forts ont régulièrement prédaté les moins puissants, achever les 101 ans d'existence n'est pas un mince exploit pour l’Agence Anadolu.
- Le potentiel de l’Agence Anadolu
Avec un réseau couvrant plus de 100 pays, l’Agence Anadolu couvre désormais les affaires mondiales avec savoir-faire et précision dans diverses catégories - politique, économie, finance, énergie, sports, technologie entre autres sujets d’actualité - en 13 langues. En outre, l’Agence Anadolu est la seule agence de presse mondiale originaire d'un pays musulman qui fait partie intégrante du forum du G20.
Mais il est nécessaire pour l’Agence Anadolu de combler les lacunes et d'étendre ses opérations pour diffuser le produit inestimable représenté par une information crédible et indépendante à une audience mondiale.
En investissant davantage dans la technologie, l'expertise, les ressources humaines, les nouvelles stratégies, une plus grande efficacité opérationnelle, la cohésion et l'intégration, l'Agence a le potentiel de défier les cartels médiatiques existants et d'aider à façonner un nouvel ordre mondial de l'information.
À l'heure où les médias sociaux présentent un défi en termes de vitesse, il est devenu nécessaire de présenter les faits le plus précisément et le plus rapidement possible, afin que l'opinion publique du monde entier puisse être informée grâce à une information adéquate pour apprécier la juste ampleur d’un problème et suggérer les solutions adéquates.
Depuis, désormais, plus de 150 ans, les médias occidentaux ne se contentent pas de publier leurs propres histoires, mais racontent aussi nos propres histoires au monde. Le moment est venu pour nous, non seulement de raconter nos propres histoires, mais aussi de présenter les vérités qui se cachent derrière au monde.
Cela est possible en alliant la technologie à l'éthique moderne, où le journalisme n'est plus un sermon, mais plutôt un échange interactif. Le public fait désormais partie intégrante de la collecte et de la diffusion des informations. Mais il y a aussi beaucoup de points communs entre les anciens et les nouveaux médias, et entre les pays en développement et les pays développés qui veulent tous une information crédible et indépendante pour contrer les infodémies.
* Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de l’Agence Anadolu.
*Traduit de l'Anglais par Mounir Bennour
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