ONU : Le MAE de la République turque de Chypre du Nord critique le Conseil de sécurité sur la question chypriote
- Ertugruloglu accuse le Conseil de sécurité de l'ONU d'avoir volé « 60 ans » aux Chypriotes turcs, soulignant qu'une fédération sur l'île n'est plus possible

Ankara
AA / Ankara-Istanbul / Busranur Keskinkilc, Can Efesoy, Gokhan Celiker et Damla Delialioglu
Le ministre des Affaires étrangères de la République turque de Chypre du Nord (RTCN) a critiqué le Conseil de sécurité des Nations unies, accusant cet organe d'avoir « volé 60 ans au peuple chypriote turc » malgré des décennies de négociations sur la question chypriote.
Tahsin Ertugruloglu, qui s'est rendu aux États-Unis la semaine dernière pour l'Assemblée générale des Nations Unies, s'est adressé aux journalistes à Washington, où il a qualifié l'appel lancé par le président turc Recep Tayyip Erdogan dans son discours à l'ONU en faveur de la reconnaissance internationale de la RTCN de « très significatif et extrêmement important ».
« Il ne s'agissait pas de déclarations faites pour le simple plaisir de parler », a-t-il déclaré. « Comme vous le savez, elles sont pleinement conformes à une décision approuvée à l'unanimité par le Parlement turc. »
Ertugruloglu a également déclaré que lors de ses réunions avec le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, et son équipe, la position chypriote turque sur la question chypriote avait été réitérée à plusieurs reprises.
Il a souligné que malgré 60 ans de négociations, y compris les efforts déployés par feu Rauf Denktas, président fondateur de la RTCN, pour trouver une solution par le biais d'une fédération, les Chypriotes grecs n'ont jamais véritablement soutenu cette idée. Au contraire, a-t-il déclaré, ils n'ont participé aux pourparlers que pour éviter d'être blâmés, tout en faisant échouer tous les compromis, ce qui a valu à Denktas le surnom injuste de « M. Non ».
Ertugruloglu a déclaré qu'il n'y avait plus aucune chance de voir naître un nouveau partenariat sur l'île, soulignant que cette époque était « révolue depuis longtemps », en grande partie à cause de l'intransigeance de la partie chypriote grecque, soutenue par les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies.
Il a déclaré que l'avenir de Chypre serait façonné par « deux États souverains et égaux » capables de coopérer sur la base d'un accord mutuel et de relations de bon voisinage.
Commentant les élections présidentielles qui se tiendront le mois prochain dans la RTCN, le ministre des Affaires étrangères a déclaré qu'une réunion « 5+1 » pourrait être organisée à l'ONU à New York après les élections afin de discuter plus en détail de la situation. Cette réunion réunirait le président de la RTCN et le dirigeant de l'administration chypriote grecque, ainsi que les ministres des Affaires étrangères des trois pays garants de l'île (la Türkiye, la Grèce et le Royaume-Uni) et Guterres, secrétaire général de l'ONU.
Au sujet de l'activité militaire du côté chypriote grec, il a souligné que tant que les forces armées turques resteront dans la RTCN, il n'y aura aucune menace militaire pour les Chypriotes turcs.
Concernant les informations selon lesquelles l'administration chypriote grecque servirait de base pour transporter des munitions vers Israël, il a averti que la partie grecque, soutenue par Israël et peut-être les États-Unis, pourrait même envisager une action militaire contre la Türkiye.
Il a noté que Washington avait levé son embargo sur les armes à l'encontre de l'administration chypriote grecque en 2021 et lui fournissait désormais des armes et formait ses soldats.
- Chypre, un conflit de plusieurs décennies
Chypre est plongée depuis plusieurs décennies dans un différend opposant Chypriotes grecs et Chypriotes turcs, malgré une série d’efforts diplomatiques menés par l’ONU en vue d’un règlement global.
Les attaques ethniques ayant débuté au début des années 1960 ont contraint les Chypriotes turcs à se replier dans des enclaves pour assurer leur sécurité.
En 1974, un coup d’État chypriote grec visant l’annexion de l’île par la Grèce a conduit à l’intervention militaire de la Türkiye, puissance garante, pour protéger les Chypriotes turcs des persécutions et de la violence. C’est dans ce contexte que la République turque de Chypre du Nord (RTCN) a été fondée en 1983.
Depuis, le processus de paix a connu des avancées et des échecs, notamment une initiative en 2017 en Suisse, organisée sous l’égide des pays garants - Türkiye, Grèce et Royaume-Uni - qui n’a pas abouti.
L’Administration chypriote grecque a rejoint l’Union européenne en 2004, année au cours de laquelle les Chypriotes grecs ont également bloqué à eux seuls un plan de l’ONU visant à mettre fin au conflit de longue date.
*Traduit de l'anglais par Ben Amed Azize Zougmore
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