ONU : Cinq pays qui monopolisent la décision, une majorité en attente de réformes
En effet, deux ans après sa création, plus précisément le 29 novembre 1947, l'Assemblée générale des Nations unies a pris sa résolution numéro 181, mettant fin au mandat britannique en Palestine.

New York
AA / New York / Mohamed Tarek
Des voix s'élèvent, depuis des décennies, pour appeler à une réforme du Système des Nations unies, afin d’accorder à l'organisation internationale de plus larges prérogatives, à la faveur desquelles elle pourra faire face aux défis et aux crises qui secouent le monde, au premier rang desquelles figurent les agressions interétatiques, les pandémies, la pauvreté et l'instabilité provoquée par la recrudescence des actes terroristes.
Depuis sa création, en date du 24 octobre 1945, les Nations unies ont été constamment liées dans les esprits arabes à la Cause palestinienne.
En effet, deux ans après sa création, plus précisément le 29 novembre 1947, l'Assemblée générale des Nations unies a pris sa résolution numéro 181, mettant fin au mandat britannique en Palestine.
Depuis cette date et jusqu’à la fin du mois de décembre dernier, les Nations unies ont pris quelque 990 résolutions, soit en moyenne 13 par année, mais dont une seule seulement a été appliquée, et ce qu'il s'agisse de résolutions prises par l'Assemblée générale ou par le Conseil de sécurité.
La raison qui motive la non-application des résolutions des Nations unies relève du fait que l'ensemble de ces résolutions sont privées du soutien de cinq Etats, membres permanent du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Fédération de Russie, Chine, France, Royaume-Uni), dans la mesure où ce sont ces pays qui sont aptes à assurer l’application, d'autant plus qu’ils détiennent le droit de veto.
Le 28 septembre dernier, les ministres des Affaires étrangères de 12 Etats, dont la Turquie, ont mis l'accent sur la nécessité de réformer le Conseil de sécurité des Nations unies, pour en faire « une instance plus démocratique, plus représentative, plus transparentes et plus compétente ».
- Des succès et des échecs
L'échec de l’ONU à trouver une solution à la Cause palestinienne ne peut pas être généralisé à l'ensemble des autres causes pour laquelle l'organisation internationale a été créée.
En effet, l'ONU a contribué à résoudre plusieurs conflits régionaux, à travers le déploiement de 15 forces de maintien de la paix dans différentes régions du monde.
L'organisation a supervisé, également, les élections dans 45 pays au moins et contribué aussi à propager la culture des droits de l'Homme, à réduire la prolifération nucléaire et à émettre des décisions de justice dans les grands conflits entre Etats, tout en fournissant de l'aide humanitaire dans les zones de conflits armés.
En contrepartie, les échecs des Nations unies se sont illustrés de manière plus flagrante, dès lors qu’en plus de la Cause palestinienne, l’organisation internationale a échoué à identifier une solution à la crise syrienne, à la guerre au Yémen, et à la crise dans la région du Darfour (ouest du Soudan).
L'organisation a échoué, également, à circonscrire le terrorisme dans la zone du Sahel africain, à mettre fin à la guerre en Afghanistan et en Irak et a été incapable d’appliquer quatre résolutions prises en une seule année (1993), au sujet du retrait de l'armée arménienne de région azerbaïdjanaise du Haut-Karabakh.
- La clé de la solution
Soixante-quinze ans après sa création, le principal défi auquel fait face l’Organisation des Nations unies consiste à réactiver son Assemblée générale, composée de 193 Etats, en lui accordant de plus larges prérogatives et en réformant les méthodes d'action au Conseil de sécurité.
Le problème consiste à ce que les réformes ne peuvent être adoptées sans l'approbation des cinq Etats permanents du Conseil de sécurité qui rejettent toute proposition qu'ils considèrent comme étant antinomique à leurs intérêts.
Cela a abouti au report, d’une année à une autre, des négociations portant sur la réforme du Conseil de sécurité et de la réactivation de l'Assemblée générale et aucun progrès n’a été réalisé.
L’ancien Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a mis sur pied une commission composée de 16 personnalités et qui a été chargé de soumettre des propositions de réforme. Cette commission est une illustration de la volonté nécessaire de réformer le système onusien.
Dans un long rapport, qui contient 101 propositions, la commission a conclu à l’impératif d’élargir le Conseil de sécurité, où devraient siéger 24 Etats, au lieu des quinze actuellement.
Depuis le début de son mandat, l'actuel Secrétaire général, le portugais Antonio Guterres, a présenté des propositions pour réformer les Nations unies et en améliorer le rendement.
Cependant, les deux initiatives en question n'ont pas eu d’échos favorables auprès des cinq pays permanents du Conseil de sécurité et ce, en dépit du fait que deux Secrétaires généraux de l'ONU l'ont adopté.
- Une nouvelle charte
Il semble que l'unique voie à même de restaurer ce déséquilibre consiste, selon des observateurs, en la réalisation d’un rêve que caressent de nombreux Etats membres, et qui font partie des pays pauvres et en développement, en l'occurrence, l'élaboration d'une nouvelle charte.
Cette nouvelle charte se doit de remplacer celle signée, en date du 26 juin 1945, lors de la Conférence de San Francisco, et qui est entrée en vigueur le 24 octobre 1945.
L'élaboration d'une nouvelle charte, qui reflèterait les aspirations et espoirs des pays en développement, serait antinomique à la nécessaire approbation des cinq pays, membres du Conseil de sécurité.
Cet état de fait laisse les observateurs sceptiques quant aux chances de réforme, qui demeurent selon nombre d’entre eux, limitées en dépit de l'appui de la majorité.
Ces limites proviennent du fait que les grandes puissances, au premier rang desquelles figurent des Etats-Unis, n'accepteront pas de voir leurs prérogatives et leurs positions, au Conseil de sécurité et dans les autres organisations internationales, atteintes ou touchées.
Le nombre des Etats membres de l'Organisation des Nations unies s'élève, aujourd'hui, à 193, contre 51 lors de sa création en 1945.
Bien que le nombre initial des Etats ait quasiment quadruplé, et en dépit des changements connus par la scène internationale depuis cette époque, il n'en demeure pas moins que l'organisation internationale n'a pas connu de réformes qui prennent en considération les intérêts de la majorité des Etats membres.
*Traduit de l’Arabe par Hatem Kattou
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