AA/Istanbul/Said Amouri/Tarek Chouiref

De hauts responsables de l’armée israélienne ont reconnu samedi qu’il n’existe aucune preuve que le Hamas ait systématiquement détourné l’aide humanitaire livrée par l’ONU pendant la guerre à Gaza, rapportent les médias israéliens.

Selon le journal Haaretz, qui cite deux officiers supérieurs ainsi que deux autres sources israéliennes proches du dossier, le système de distribution de l’aide de l’ONU à Gaza est « hautement efficace » pour acheminer la nourriture aux civils à travers l’enclave.

Ces déclarations contredisent directement les affirmations répétées des responsables israéliens accusant le Hamas de détourner l’aide à des fins militaires, un argument souvent utilisé pour justifier la limitation de l’assistance humanitaire dans la région.

Cette reconnaissance intervient alors que les critiques internationales s’intensifient contre la gestion israélienne de l’aide, accusée d’obstruction délibérée aux secours, et que des rapports évoquent une corruption croissante dans le système d’aide contrôlé par Israël.

Vendredi, CNN a indiqué que l’administration de Donald Trump n’avait trouvé aucune preuve soutenant les accusations de détournement de l’aide par le Hamas. Le département d’État américain aurait utilisé ces allégations pour soutenir la Gaza Relief Foundation, une entité privée controversée non reconnue par l’ONU.

Depuis le 27 mai, Israël a lancé une initiative parallèle de distribution d’aide via cette fondation, contournant ainsi l’ONU et les agences humanitaires internationales, ce qui a été largement rejeté par la communauté internationale.

Par ailleurs, les forces israéliennes continuent de tirer sur des Palestiniens rassemblés près des centres de distribution, faisant des centaines de morts parmi les demandeurs d’aide.

La crise alimentaire à Gaza s’est aggravée en catastrophe humanitaire. Des images terrifiantes montrent des habitants sévèrement émaciés, certains réduits à la peau et aux os, s’effondrant d’épuisement, de déshydratation et de famine prolongée.

Samedi, le ministère de la Santé de Gaza a annoncé la mort de cinq Palestiniens supplémentaires, dont deux enfants, dus à la faim et à la malnutrition au cours des dernières 24 heures, portant le bilan depuis octobre 2023 à 127 morts par famine, dont 85 enfants.

Mardi, le Programme alimentaire mondial a alerté qu’une personne sur trois à Gaza était restée plusieurs jours sans nourriture en raison du blocus israélien.

Malgré les appels internationaux à un cessez-le-feu, l’armée israélienne poursuit son offensive brutale depuis le 7 octobre 2023, ayant tué plus de 59 700 Palestiniens, principalement des femmes et des enfants. Les bombardements incessants ont détruit l’enclave et provoqué des pénuries alimentaires.

En novembre dernier, la Cour pénale internationale a émis des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité à Gaza.

Israël fait également face à une procédure pour génocide devant la Cour internationale de justice concernant sa guerre contre l’enclave.

Traduit de l'anglais par Sanaa Amir