AA/Nice/Feïza Ben Mohamed

Le président français Emmanuel Macron a fait part, mercredi, de « l’émotion de la Nation toute entière », après la mort du jeune Naël, tué la veille par un policier à Nanterre.

« Il faut du calme partout car nous n'avons pas besoin d'avoir un embrasement » et d’une « situation qui viendrait se dégrader », a plaidé le chef de l’Etat dans une courte déclaration à la presse.

Reconnaissant que « rien ne justifie la mort d'un jeune », et qualifiant les faits « d’inexcusables », Emmanuel Macron a estimé que dans un « tel contexte, il faut de l'affection et du respect pour le jeune Naël et sa famille ».

« Alors que l'été arrive, il fait très chaud, on a beaucoup de familles, beaucoup de jeunes qui vivent dans des situations très difficiles, qui ne partent pas en vacances, et donc les esprits peuvent s'échauffer dans ces contextes-là », a-t-il poursuivi alors que la nuit a été émaillée de violences, dans de nombreux quartiers.

Pour le chef de l’Etat, « il faut le calme pour que la justice se fasse ».

Quelques instants avant lui, la Première ministre Élisabeth Borne a fait état de son « émotion » et de la détermination des autorités « à faire toute la lumière sur le drame survenu hier dans sa ville ».

Les deux dirigeants s’exprimaient alors que la nuit a été particulièrement difficile dans plusieurs quartiers notamment dans le département des Hauts-de-Seine où 24 policiers ont été blessés, 40 voitures incendiées et 31 personnes interpellées.

Le policier auteur du tir est, pour sa part, toujours en garde à vue pour des faits « d’homicide volontaire » et est entendu par l’inspection générale de la police nationale (IGPN).

Face à la gravité des faits, plusieurs personnalités dont l’acteur Omar Sy et le footballeur Kylian M’Bappé se sont exprimées, le premier espérant qu’une « justice digne de ce nom honore la mémoire de cet enfant » et le second dénonçant une « situation inacceptable ».

Pour rappel, la jeune victime a été abattue alors qu’elle se trouvait au volant d’un véhicule soumis à un contrôle de police. Après un refus d’obtempérer, l’un des agents a ouvert le feu, touchant la victime à la poitrine.

La version policière servie dans la presse et qui affirmait que le policier avait ouvert le feu alors que le conducteur fonçait droit sur lui, a été mise à mal par une vidéo accablante diffusée sur les réseaux sociaux.

Les images montrent au contraire que les deux fonctionnaires étaient positionnés au niveau de la vitre et tenaient le chauffeur en joue avant que l’un d’eux ne le prévienne en criant, qu’il allait « prendre une balle dans la tête ».

De son côté, l’avocat de la famille de la jeune victime, maître Yassine Bouzrou, a fait savoir dans un communiqué de presse, que deux plaintes allaient être déposées: la première pour « homicide volontaire contre le policier auteur du tir » et la seconde pour « faux en écriture » « contre des policiers qui ont affirmé que le jeune homme avait tenté de commettre un homicide sur leur personne » alors que cette version est « formellement démentie par le visionnage de la vidéo ».

L’avocat annonce par ailleurs qu’il va demander le « dépaysement avec dessaisissement immédiat du parquet de Nanterre afin d'une part que le commissariat de Nanterre chargé des investigations n'intervienne pas dans une affaire impliquant des policiers locaux » et « d’autre part afin d'écarter le procureur de la république de Nanterre qui utilise les fausses déclarations des policiers (formellement démenties par la vidéo) pour ouvrir une enquête pour tentative d'homicide contre le jeune homme, dont le décès entraîne pourtant l'extinction de l'action publique ».