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Mohamed Talbi …la mémoire de la pensée tunisienne s’en va après l’éclosion de la fleur de la liberté

- Talbi, considéré comme un des piliers de la pensée tunisienne, est aussi l’enfant de la génération qui a fondé l’université tunisienne moderne. Il est décédé à l’âge de 96 ans

Adil Essabiti  | 30.05.2017 - Mıse À Jour : 31.05.2017
Mohamed Talbi …la mémoire de la pensée tunisienne s’en va après l’éclosion de la fleur de la liberté

Tunisia

AA / Tunis / Adel Thabti

Le penseur tunisien Mohamed Talbi est décédé le 1er mai courangt mort à l’âge de 96 ans portant avec lui la fleur de la liberté qui a poussé dans son cœur, puis dans son pays à la suite de la Révolution de janvier 2011 qui s’est opposée férocement au régime de l’ancien Président Ben Ali.

Dans son oraison funèbre, le Ministre tunsien de la Culture, Mohamed Zine El Abidine, a déclaré que « Talbi était un des piliers de la pensée tunisienne et a fait partie de la génération qui a bâti l’université tunisienne moderne ».

Talbi est né à Tunis en 1921 et a poursuivi ses études au Collège Sadiki puis ses études supérieuresà la Sorbonne à Paris où il a obtenu le doctorat. Il a été également le premier doyen de la Faculté de Lettres de Tunis en 1955.

Talbi a rejoint ensuite l’instance de l’Université tunisienne, a donné des cours sur l’histoire islamique à la faculté de Lettres et de Sciences Humaines de Tunis avant d’être nommé doyen de cette même faculté vers les années 70, puis président de la Commission Nationale Culturelle (gouvernementale) vers les années 1980.

Talbi a été décoré des insignes culturels et honorifiques aussi bien en Tunisie que dans d’autres pays étrangers tels que la France, l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, la Suède …

En 2011, il a assuré la direction de « Beit El Hikma » de Carthage (groupement tunisien pour les Sciences, les Lettres et les Arts / Gouvernemental). En 2012, il a institué l’Association Internationale des musulmans Coraniques (indépendante).

Talbi est, par ailleurs, considéré comme l’un des rares universitaires à s’opposer au régime de Ben Ali, et a créé, en décembre 1998, « Le Conseil National des Libertés » (Association non Gouvernementale) en compagnie de défenseurs des droits de l’Homme dont les plus célèbres sont Moncef Marzouki, ancien Président, Mustapha Ben Jaafar (ancien Président de l’Assemblée Nationale Constituante) Sihem Ben Sedrine, actuelle Présidente de l’Instance de la vérité et de la dignité (gouvernementale).

Ce conseil a rédigé plusieurs rapports relatant les violations des droits de l’Homme commises par le régime de Ben Ali à l’encontre des Islamistes du Parti Ennahdha, interdit à l’époque. Déjà, en 1989, Talbi a dû quitter sa fonction au Ministère de la Culture, accusé de rapprochement avec les Islamistes.

Il a, toutefois, poursuivi son opposition au régime par ses écrits dans la presse arabe, dénonçant la répression en Tunisie. Son domicile au Bardo, proche banlieue de la capitale Tunis, était toujours sous surveillance policière.

Talbi n’était pas un intellectuel de l’élite, dès lors qu’il ne se contentait pas de critiquer par des écrits ou de regarder d’en haut ce qui se passe, mais il était un intellectuel qui participait aux mouvements de protestation des étudiants s’opposant aux procès politiques au point d’être agressé par la police en 2002 alors qu’il exprimait sa solidarité avec les contestataires de gauche victimes de la répression.

En 2008, Talbi a écrit un ouvrage intitulé « Le goulag et la démocratie » où il évoquait les violations des droits de l’Homme en Tunisie ; mais cette œuvre n’a été publiée qu’après la révolution.
La plupart de ses œuvres ont été traduites en diverses langues étrangères. Parmi ses dernières publications : « la famille de Dieu » (1992), « plaidoirie pour un Islam contemporain » (1998), « l’Islam : liberté et dialogue » (1999), « l’universalité du Coran » (2002), «Afin que mon cœur se rassure » (2010), « ma religion c’est la liberté » (2011)

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