Mobilisation pour la Palestine à Paris : Didier Billion dénonce les "tergiversations" de la France
- Lors d'une manifestation place Saint-Augustin à Paris, le vice-président de l'IRIS a expliqué les raisons de la mobilisation pour la Palestine et critiqué la position française sur la situation dans la bande de Gaza.

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Didier Billion, vice-président de l'IRIS (Institut des relations internationales et stratégiques) a dénoncé les "tergiversations" de la France sur la situation en Palestine.
Interrogé par Anadolu, en marge d'une manifestation en soutien à la Palestine organisée place Saint-Augustin à Paris, le chercheur spécialiste de la Türkiye et du Proche-Orient a souligné l'émotion suscitée par les événements à Gaza. "Il y a évidemment depuis maintenant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, une véritable émotion par rapport à ce qui se passe à Gaza. Malgré les résolutions qui sont passées à l'ONU, malgré les décisions de la Cour internationale de Justice, malgré les décisions de la Cour pénale internationale, on voit que les dirigeants de l'État d'Israël sont décidés à aller visiblement dans une sorte de fuite en avant, à poursuivre les bombardements et les massacres, et je pense qu'il y a une émotion tout à fait légitime. Ce qu'on réclame, c'est simplement l'application du droit international, le cessez-le-feu comme première étape pour enfin un règlement de la question palestinienne", a-t-il expliqué.
En réponse à une question sur les critiques adressées au Gouvernement français, Didier Billion a regretté le manque de changement dans la politique française malgré les déclarations du chef de l'État Emmanuel Macron. "Ce que je regrette profondément, c'est que Monsieur Macron l'a encore prouvé hier. Il se dit indigné, il se dit terriblement ému par ce qu'il se passe à Rafah, notamment après le bombardement de dimanche dernier, sur un camp de toile, sur un camp de déplacés qui a abouti à plus de 45 morts. Mais au-delà des mots, on ne voit pas un changement de politique. On a constaté ces derniers jours que trois États européens avaient reconnu l'État de Palestine, mais Monsieur Macron déclare que, le moment venu, peut-être, la France pourrait reconnaître l'État de Palestine. Mais quand viendra ce moment ?"
- Reconnaissance de l'État Palestinien
Didier Billion a insisté sur l'urgence de la situation et la nécessité pour la France de reconnaître l'État de Palestine. "Je pense qu'il n'y a rien de plus urgent aujourd'hui que de le reconnaître. Je pense que les tergiversations sont indignes d'un pays comme la France qui, pendant de nombreuses années, avaient des positions de principes en respect du droit international. Malheureusement, il me semble que ces positions de principes ont été abandonnées peu à peu et qu'aujourd'hui nous sommes toujours dans une position de tergiversations, qui n'est pas à la hauteur de nos responsabilités et qui, surtout, n'est pas à la hauteur de la tragédie qui se déroule sous nos yeux quotidiennement à Rafah."
Quant aux actions concrètes que la France pourrait entreprendre, Didier Billion a proposé plusieurs mesures. "Je pense que la France, déjà, se grandirait de reconnaître l'État de Palestine immédiatement. Ce n'est pas compliqué, cela peut se faire en quelques heures. Deuxièmement, je pense qu'en tant que membre de l'Union européenne, nous avons un combat à mener au sein même de l'Union européenne, même si nous savons que des positions divergentes existent. Mais il y a par exemple la possibilité de geler l'accord d'association entre l'Union européenne et Israël et évidemment, exiger l'arrêt de la poursuite des livraisons d'armes parce que, au-delà de toutes les déclarations, nous savons parfaitement que si les États qui livrent des armes à Israël décidaient d'arrêter ces livraisons d'armes, cela aboutirait très rapidement, en quelques jours, à l'impossibilité pour l'armée israélienne de continuer son œuvre de mort."
- Livraisons d'armes à Israël
Sur la question des livraisons d'armes, Didier Billion a exprimé son scepticisme face aux déclarations du ministre des Armées Sébastien Lecornu qui avait déclaré à Anadolu que les équipements militaires livrés à Tel Aviv étaient destinés à la réexportation. "Évidemment, je ne suis pas obligé de croire Monsieur Lecornu sur parole. Je pense que les livraisons d'armes ou de composants industriels servant à du matériel militaire sont de faibles quantités, mais même si ce sont de faibles quantités, si la France prenait cette décision de stopper toute livraison, soit de matériel militaire, soit de 'composant dual' appelle-t-on cela en termes techniques, ce serait déjà non seulement un acte très concret, très tangible et efficient, et cela serait aussi un symbole d'une volonté politique d'en finir enfin avec ces bombardements et de parvenir à l'exigence et à l'application d'un cessez-le-feu", a-t-il souligné.
La manifestations récurrentes en France de soutien aux Palestiniens, témoignent de la persistance de l'engagement pour la Palestine dans l'Hexagone et de la critique croissante de la politique française sur ce dossier.
Le 26 mai, Israël a lancé une frappe aérienne contre un camp de personnes déplacées à Rafah, tuant au moins 45 personnes, pour la plupart des femmes et des enfants. Israël poursuit son offensive brutale sur la bande de Gaza (Palestine) depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre, malgré une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU exigeant un cessez-le-feu immédiat.
La guerre israélienne contre Gaza, qui dure depuis le 7 octobre 2023, a fait plus de 118 000 morts et blessés Palestiniens, dont la plupart sont des femmes et des enfants, en plus d'environ 10 000 disparus, dans un contexte d'énormes destructions et de famine qui a déjà coûté la vie à plusieurs enfants et personnes âgées. Israël continue sa guerre en faisant peu de cas d'une résolution de l'ONU exigeant la fin immédiate des hostilités et des décisions de la Cour internationale de justice lui ordonnant de prendre des mesures pour prévenir un "génocide" et ''améliorer la situation humanitaire'' dans la bande de Gaza.
Le navire humanitaire Madleen accoste dans le port israélien d'Ashdod sous escorte militaire
Sommet de l’océan à Nice : Macron salue une mobilisation "inédite" pour la protection des océans
Emmanuel Macron qualifie le pacte européen de "prescripteur pour pouvoir et changer le destin des océans"
Trump affirme que l'Iran est impliqué dans les pourparlers de paix à Gaza avec les États-Unis et Israël
Depuis Nice, Macron dénonce la "honte" à Gaza et appelle à la libération des Français arrêtés par Israël
Dépeches similaires
