
Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Des milliers de manifestants ont défilé cet après-midi à Paris, de la place de la Bastille à la place de la Nation, pour protester contre les suppressions d'emplois dans l'industrie, le démantèlement du service public, mais aussi du fret ferroviaire. Cette mobilisation s'inscrit dans une série de 120 rassemblements organisés à travers la France à l'appel de la CGT, rejointe par Solidaires et la FSU.
Interrogée par Anadolu, Valérie Lesage, secrétaire générale de l'Union Régionale Île-de-France de la CGT, a souligné l'ampleur des pertes d'emplois: « En France, c'est entre 300 000 et 400 000 emplois qui sont en danger. En Île-de-France, on en comptabilise déjà 15 000. » Elle a également dénoncé le démantèlement des services publics, affirmant qu'ils sont « de plus en plus en difficulté pour rendre le service qu'attend la population ».
Interrogée sur les attentes vis-à-vis du prochain gouvernement, Mme Lesage a appelé à des « moratoires pour arrêter tous les licenciements en cours » et à l'instauration d'une « conditionnalité par rapport aux aides publiques données aux entreprises ». Elle a également plaidé pour l'interdiction des « licenciements boursiers » et pour que l'État devienne un « État stratège en matière d'industrie » afin de réimplanter des industries en France, tout en respectant des normes environnementales strictes.
Fred, agent de la SNCF depuis 27 ans, a exprimé sa préoccupation concernant l'avenir du fret ferroviaire : « Aujourd'hui, c'est la fin du Fret SNCF, au 31 décembre. Ce qui va se passer, c'est qu'il y aura encore plus de camions, malheureusement, sur les routes. » Il a critiqué la répartition des activités de Fret SNCF entre deux nouvelles entités, les qualifiant de « coquilles vides », et a déploré le retrait de concurrents tels que DB Cargo de France récemment.
Cette journée de mobilisation intervient alors que la Commission européenne a exigé la dissolution de Fret SNCF, accusée d'avoir bénéficié d'aides d'État illégales. En réponse, l'entreprise doit cesser ses activités le 31 décembre 2024, pour être remplacée par deux sociétés distinctes : Hexafret pour le transport de marchandises et Technis pour la maintenance des locomotives.
Parallèlement, une grève illimitée a débuté le 11 décembre à l'appel de l'intersyndicale de la SNCF, incluant la CGT-Cheminots et SUD-Rail, pour protester contre le démantèlement du fret ferroviaire et l'ouverture à la concurrence. Ce mouvement perturbe notamment les lignes régionales et les trains de banlieue parisienne, bien que le trafic des TGV et Intercités reste globalement normal.
Les manifestants appellent le gouvernement à prendre des mesures urgentes pour protéger l'emploi industriel, le service public, ainsi qu'à promouvoir des solutions de transport écologiques, alors que la fin de Fret SNCF pourrait entraîner une augmentation significative du trafic routier et des émissions de gaz à effet de serre.