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Miko Peled: "Ils ne vaincront pas les Palestiniens"

- L'activiste-auteur juif Miko Peled, dont le grand-père était l'un des 37 signataires de la Déclaration d'indépendance d'Israël et dont le père était général lors de la guerre des Six Jours a apporté son soutien à la Palestine

Gülçin Kazan Döger  | 23.11.2023 - Mıse À Jour : 23.11.2023
Miko Peled: "Ils ne vaincront pas les Palestiniens"

Istanbul

AA/Istanbul

L'activiste et écrivain israélien, Miko Peled, a déclaré à propos des attaques israéliennes contre la Palestine : "Ils ne vaincront pas les Palestiniens".

L'activiste-auteur juif Miko Peled, dont le grand-père était l'un des 37 signataires de la Déclaration d'indépendance d'Israël et dont le père était général lors de la guerre des Six Jours, a raconté à la correspondante d'AA comment il est devenu un défenseur des droits des Palestiniens et parlé du conflit israélo-palestinien qui dure depuis le 7 octobre.

"Je viens d'une famille de patriotes sionistes bien connue. Mon père, qui est probablement la personne la plus connue, était général. Matti Peled était officier en 1948 (guerre israélo-arabe) et général en 1967 (guerre des Six Jours), deux piliers importants de l'histoire palestinienne et de la création d'Israël. J'ai grandi en étant très patriote, un grand partisan de mon pays, de mon État et, bien sûr, du sionisme", a expliqué Miko Peled, né à Jérusalem en 1961.

Il a été fortement influencé par les idées de son père au début de sa vie, avant de suivre les traces de son père en s’engageant dans l'armée pendant un certain temps, avant de la quitter avec beaucoup de regrets.

Rappelant que son père était l'un des plus fervents partisans de la guerre des Six Jours, Peled a poursuivi:

"Immédiatement après la guerre, alors qu'il portait encore l'uniforme, mon père a dit, ‘Écoutez, nous n’avons plus besoin de nous affirmer, parce que nous sommes forts, nous sommes ici pour toujours, notre existence n'est plus en doute ou en danger. Nous devrions laisser les Palestiniens avoir leur propre petit État dans une petite partie de la Palestine, a-t-il rapporté, précisant que personne d'autre n'était de cet avis à l’époque. Dès la fin de la guerre, ils ont commencé à construire d'immenses villes à Jérusalem-Est et en Cisjordanie. Ils ont détruit Jérusalem, la Cisjordanie et toute option viable pour un État palestinien".

- Selon le sionisme, il n'y a pas de Palestine

Soulignant que la Palestine n'existe pas dans la philosophie de base du sionisme, Peled a poursuivi :

"Selon le sionisme, il s'agit de la terre d'Israël et cette terre appartient à tous les Juifs du monde, pas aux Palestiniens qui y vivent. Si vous avez une idéologie suprématiste, c'est-à-dire si vous défendez l'idée qu'un groupe a plus de droits qu'un autre, alors vous devez recourir à la violence. Il faut un régime d'apartheid pour que cette idéologie raciste puisse se réaliser. C'est l'État d'Israël".

Poursuivant la discussion, Peled a rappelé que la guerre israélo-palestinienne n'a pas commencé aujourd'hui, mais il y a 75 ans, avec la création d'Israël.

"Les sionistes en tant que mouvement, puis l'État d'Israël, qui a émergé de ce mouvement, ont déclaré la guerre au peuple palestinien. Dans cette guerre, nous avons assisté à un nettoyage ethnique, à des politiques génocidaires et à un régime raciste d'apartheid", a-t-il martelé.

Qualifiant Israël d'"État terroriste", Peled a attiré l'attention sur les persécutions subies par les Palestiniens depuis de longues années.

"Les Palestiniens sont soumis au terrorisme tous les jours. Vous ne savez pas si vous serez battu, poignardé ou tué en marchant dans la rue, si vos enfants seront en sécurité sur le chemin de l'école, si votre maison sera démolie, si vos frères et sœurs seront emmenés par l'armée israélienne ou les services de renseignement israéliens, ou s'ils seront kidnappés ou disparaîtront", a-t-il détaillé.

- Je me suis rendu compte que je vivais dans une sorte de colonie, dans une réalité superficielle et artificielle"

"En 1997, la petite fille de ma sœur a été tuée dans un attentat suicide à Jérusalem. Elle avait 13 ans. C'est une tragédie qui vous ébranle profondément, vous savez, vous ne pouvez plus regarder le monde avec les mêmes yeux après un tel événement. Cela m'a amené à examiner la réalité de ce qu'on m'avait enseigné, l'existence d'Israël", a expliqué Peled, un événement tragique qui l’a poussée à remettre en question l'existence d'Israël alors qu'il avait été élevé dans l'idéologie sioniste.

Il s'est rendu en Palestine pour trouver des réponses à ses questions.


"Lorsque j'ai commencé mon voyage, j'ai réalisé que le pays que je croyais être le mien était le pays de quelqu'un d'autre. Je vivais dans une sorte de colonie, dans une réalité superficielle et artificielle, qui n'était pas réelle. Elle n'était pas fondée sur la réalité. Elle était fondée sur un État d'apartheid construit sur des mensonges, des mensonges qui légitimaient l'État d'Israël, l'existence d'Israël", a-t-il relaté.

- Condamner une nation opprimée pour avoir résisté est le comble de l'hypocrisie

Peled a souligné qu'il trouvait très agressives les attaques menées par Israël contre Gaza sans discrimination contre les civils.

"Les Palestiniens qui n'ont rien à voir avec cet incident paient un lourd tribut. Israël a été humilié et se venge maintenant sur des innocents et des civils qui n'ont rien à voir avec l'attaque", a-t-il souligné tout en rappelant le comportement.

Soulignant que chaque commentaire sur le conflit israélo-palestinien dans les médias occidentaux impose de condamner le Hamas, Peled a noté:

"Il est absurde de condamner des gens qui subissent des pressions depuis si longtemps lorsqu'ils sortent pour résister. On s'y attendait. Si nous voulons éliminer la résistance, nous devons éliminer l'oppression. La résistance est toujours une réaction à l'oppression. Depuis plus de 75 ans, la réponse palestinienne à une violence accrue a été le plus souvent non armée".

Peled partage l'avis selon lequel l'effort de condamnation du Hamas n'est pas fait pour attirer l'attention sur les pertes de vies civiles à Gaza, et poursuit comme suit :

"S'il y a quelque chose à condamner, c'est bien le régime d'apartheid. Il s'agit de condamner la violence et la brutalité dont les Palestiniens sont victimes chaque jour, l'arrestation et l'assassinat de milliers de Palestiniens en Cisjordanie en ce moment même, le racisme qu'Israël impose à ses citoyens palestiniens. Les médecins israéliens qui ont signé la pétition autorisant le bombardement des hôpitaux de Gaza, les étudiants qui ont exigé que les citoyens israélo-palestiniens soient expulsés des dortoirs universitaires. Il faut les condamner, mais condamner une nation opprimée parce qu'elle résiste est le comble de l'hypocrisie et n'a aucun sens".

- Il s'agit d'une guerre contre la paix et la justice. Les gens doivent faire un choix.

Notant que l'évolution du conflit israélo-palestinien est incertaine, Peled a déclaré, "Ce qui est clair sans aucun doute, c'est qu'ils ne vaincront pas les Palestiniens. Qu'on l'appelle Hamas ou autre chose. Peu importe le nom qu'on lui donne. Peu importe le mouvement auquel appartiennent les Palestiniens. Les Palestiniens ne seront pas vaincus".

Ce dernier a rappelé que le soutien de la communauté internationale est extrêmement important pour la liberté de la Palestine.

"Israël représente tout ce que nous savons être mauvais. Appeler à soutenir Israël signifie plus de morts, plus de destructions, plus de racisme, plus de vies innocentes gâchées. Il s'agit d'une guerre contre la paix et la justice. Les gens doivent maintenant faire un choix", a-t-il fustigé, insistant sur le fait que les Palestiniens continuent de lutter de toutes leurs forces malgré le lourd tribut payé.

"J'espère que ce grand changement, qui, selon moi, a eu lieu le 7 octobre, fera avancer la question palestinienne d'une manière qui permettra aux Palestiniens d'exiger ce qu'ils méritent vraiment, principalement en obtenant davantage de soutien au niveau international. Je pense que les Palestiniens ont toujours été habitués à exiger trop peu et à obtenir trop peu, mais je pense qu'il est temps d'exiger toute la Palestine".

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