
France
AA / Tunis / Majdi Ismail
Attaqué par le camp présidentiel, achevé par Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. le Premier ministre français Michel Barnier n’a su tenir en respect ni ses opposants ni ses alliés.
En votant la censure, mercredi soir, les députés du Nouveau Front populaire (alliance de gauche) et du Rassemblement national (extrême droite) ont renversé son gouvernement et mis fin au mandat de Michel Barnier, nommé le 5 septembre, faisant de lui le plus éphémère locataire de Matignon sous la Ve République.
Ce n’est pas la première fois qu’une motion de censure aboutit sous la Ve République. Le 5 octobre 1962, elle faisait tomber le gouvernement Pompidou dans des circonstances autres.
Si la motion de censure contre Georges Pompidou avait eu un effet boomerang en permettant la nette victoire du oui et donna lieu à une vague gaulliste aux législatives de novembre, celle votée contre Michel Barnier aggrave l'incertitude politique et économique dans une France considérée pivot de l'Union européenne.
Pour renverser le gouvernement Barnier, les parlementaires de gauche et du parti d'extrême droite Rassemblement national, ainsi que ses alliés, ont voté ensemble pour censurer l’équipe de Matignon sur des questions budgétaires, alors que la France est lourdement endettée.
Cette censure intervient à la suite de plusieurs mois de crise, déclenchée par la dissolution de l'Assemblée nationale voulue par le chef de l’État, Emmanuel Macron, après la débâcle de son camp aux européennes face à l'extrême droite.
Les législatives anticipées qui ont suivi ont abouti à une Assemblée nationale fracturée en trois blocs (alliance de gauche, macronistes et droite, extrême droite), dont aucun ne dispose de la majorité absolue.
Au bout de 50 jours de tractations politiques, un gouvernement de droite et du centre avait finalement été nommé début septembre.
Les deux motions ont été déposées après que le premier ministre a déclenché mardi l'article 49.3 de la Constitution permettant de faire adopter un texte sans vote, sur le budget de la Sécurité sociale.
Si Emmanuel Macron s’obstinait à dire qu’il ne pouvait ‘’pas croire au vote d'une censure’’, les faits sont encore plus têtus : ‘’En raison de la motion de censure, (...) le Premier ministre doit remettre au président de la République la démission du gouvernement’’, a déclaré au perchoir la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet. C'est désormais chose faite : Macron a accepté la démission de Barnier.
Le chef de l’État qui bat son record d’impopularité (considéré comme un mauvais président par 76% des Français, avec un taux de rejet de 54%, selon le baromètre politique d’Odoxa-Mascaret, réalisé pour Public Sénat et la presse régionale), doit désormais désigner un nouveau Premier ministre, sur fond de crise sociale, politique et financière. Attendu à 6,1% du PIB en 2024, le déficit public français ratera son objectif de 5% en l'absence de budget.