AA / Istanbul / Adama Bamba

À Mayotte, département français de l’océan Indien, la colère monte dans la communauté éducative. Depuis plusieurs semaines, des enseignants et personnels administratifs protestent contre des salaires impayés ou partiellement versés.

Jeudi matin, les enseignants du collège Kawéni 1 ont de nouveau fermé symboliquement le portail de l’établissement pour dénoncer les retards de versement de leurs rémunérations. Certains affirment n’avoir toujours rien perçu à la date du 29 octobre, tandis que d’autres n’ont reçu qu’une partie de leur salaire.

Sabrina Lepinet, professeure d’anglais contractuelle, indique au média français France Info que le mouvement a été lancé dans l’urgence « dès que nous nous sommes rendu compte qu’il y avait des anomalies et des non-paiements ». Elle explique : « Le but est de montrer notre mécontentement face aux promesses non tenues et d’appeler à la solidarité des parents, des élèves et de tout le personnel du rectorat. »

Malgré plusieurs démarches auprès du rectorat, aucune solution concrète n’a pour l’instant été apportée. Selon l’administration, ces retards seraient dus à un « problème informatique » et à la formation de nouveaux agents chargés du traitement des dossiers. Le rectorat estime que plus de 250 personnes sont concernées, tandis que les syndicats évoquent un chiffre dépassant le millier.

La contestation s’étend désormais au-delà de Kawéni. Le 23 octobre, rapporte le média français Le Monde, une trentaine d’enseignants et d’agents de l’Éducation nationale se sont allongés sur les dalles brûlantes de la place de la République, à Mamoudzou, pour symboliser la « mort de l’enseignement » à Mayotte. « Sans revenus, les enseignants n’arrivent plus à vivre », a dénoncé Erwan Coic, professeur de mathématiques et membre du collectif du collège de Mtsamboro..

« Sans profs, pas d’enseignement à Mayotte », poursuit-il, rappelant que l’île fait déjà face à une pénurie chronique de personnels, à des classes surchargées et aux dégâts laissés par le cyclone Chido en décembre 2024.

Face à une situation toujours floue, les enseignants maintiennent leur mobilisation et prévoient de se rassembler devant le rectorat afin d’obtenir des garanties sur le calendrier de régularisation de leurs salaires.