
Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
La publication récente des résultats de l’enquête Timss, classant la France dernière en Europe pour les performances en mathématiques, a alimenté les critiques lors de la manifestation de ce jeudi à Paris pour la défense des services publics. Interrogés par Anadolu, enseignants et responsables politiques pointent les conséquences de décennies de désengagement.
Mathieu, enseignant dans le secondaire, voit dans ce classement un reflet des choix politiques de ces dernières décennies.
« Depuis trente ans, l’éducation subit des attaques globales : sabrage des moyens, politique libérale renvoyant chacun à ses propres difficultés. Au lieu de réduire les inégalités sociales, le système accentue la sélection », accuse-t-il.
Pour lui, la solution passe par une refonte des priorités éducatives et un soutien renforcé aux zones en difficulté : « Investir massivement dans l’éducation prioritaire, revoir la pédagogie, remettre l’élève au centre, c’est la seule voie. »
Isabelle, professeure à l’Université Paris VIII, insiste sur la nécessité d’un changement de paradigme.
« Ces classements, malgré leurs limites, montrent un point clair : les moyens manquent partout. Les classes surchargées, les conditions dégradées d’enseignement et d’apprentissage en sont des symptômes directs », déplore-t-elle. Elle plaide pour considérer l’éducation comme un investissement plutôt qu’une dépense. « La jeunesse, c’est l’avenir du pays. Refuser d’investir dans le service public éducatif, c’est saboter notre futur. »
François Béchiau, maire adjoint du XIXe arrondissement de Paris, dénonce, quant à lui, une vision idéologique à l’œuvre dans les politiques éducatives.
« La France est devenue dernière de la classe parce qu’on détruit l’école publique au bénéfice du privé. C’est l’école du fric qui triomphe, avec des classes surchargées et des moyens insuffisants. »
Il appelle à reconnaître l’éducation publique comme une priorité républicaine. « Ce classement est une alerte. Il faut décharger les classes, du primaire au lycée, et repenser totalement l’enseignement professionnel, trop souvent négligé. »
Les résultats de l’enquête Timss sont effectivement sans appel : avec 484 points pour les élèves de CM1, la France se situe non seulement sous la moyenne de l’OCDE, mais est aussi la dernière des pays européens.
En 4e, le constat est tout aussi sévère, avec des scores plaçant les élèves français avant-derniers de l’OCDE.
Ces résultats s’inscrivent dans un contexte de forte mobilisation du secteur public, où enseignants, parents et élus dénoncent les inégalités et les politiques successives de réduction budgétaire.
Les écarts de performance entre élèves favorisés et défavorisés atteignent des niveaux critiques, selon les enseignants, traduisant une école devenue « championne des inégalités sociales ».
Alors que le gouvernement se félicite pour la « stabilisation » des résultats depuis 2019, les voix entendues dans les rues de Paris ce jeudi rappellent que le déclin, lui, continue de peser sur les générations futures.
Les attentes restent fortes pour une réforme profonde, capable de redonner à l’école publique son rôle d’ascenseur social.