Massacre de Srebrenica: 23 ans après, les familles continuent d’enterrer leurs morts
- Une mère inhumera, au Mémorial de Potocari, les restes de son fils, Vesid Ibric, tué à l’âge de 16 ans, au cours du génocide perpétré par l’armée serbe à Srebrenica (Est)

Bosnia and Herzegovina
AA - Zivinice/Bosnie-Herzégovine
Reconnue comme étant la plus grande tragédie humaine survenue en Europe après la Seconde Guerre mondiale, le génocide de Srebrenica (Est) a coûté la vie à 8 372 civils bosniaques.
Parmi eux, Vesid Ibric, âgé de seulement 16 ans lorsqu’il a été abattu. Seuls quelques ossements ont été retrouvés. Ce dernier sera inhumé au Mémorial de Potocari le 11 juillet prochain.
Vesid est la plus jeune des 35 victimes qui seront inhumées lors d’une cérémonie de commémoration à l’occasion du 23ème anniversaire du massacre.
Sa mère Remzija Ibric, quelque peu apaisée à l’idée que son fils soit enfin inhumé, a raconté avoir quitté son foyer, pour ne jamais y revenir, en raison des violences perpétrées par l’armée serbe dès le 11 juillet 1995.
Aujourd’hui, elle vit dans la localité de Suha à Srebrenica en compagnie de ses deux autres fils, ses belles filles et ses petits enfants.
Dans une interview accordée à l’Agence Anadolu (AA), la mère a confié que les ossements de son fils, qui seront inhumés le 11 juillet, ont été retrouvés il y a dix ans.
La mère a partagé que son fils, passionné de sport et de musique, l’a quittée alors qu’elle se rendait à Potocari.
"Nous avons fait nos adieux au niveau d’une station-service. Je l’ai enlacé et lui ai dit: Mon fils, viens avec moi à Potocari. Et il m’a répondu: Maman, je ne veux pas que tu sois témoin de ma mort”, a raconté la mère les larmes aux yeux.
Le jeune garçon ainsi que son frère aîné, Azir, ont tous deux tenté de regagner Tuzla, sous le contrôle des bosniaques. Malheureusement ils ont été piégés par les soldats serbes alors qu’ils traversaient la forêt.
Séparés l’un de l’autre, ils se sont perdus, a fait savoir la mère, le visage assombri.
- "Qu’il ait une tombe"
Indiquant que par la suite son fils aîné Azir a finalement réussi à se rendre à Tuzla avec un autre de ses frères, Zijad, la mère a partagé que son plus petit fils, Vesid, blessé lorsqu’il s’est fait capturer par les Serbes, a été tué avec plusieurs autres Bosniaques emprisonnés.
Figurant parmi les milliers de mères bosniaques a avoir perdu un fils lors du génocide, Remzija a décidé un jour de se rendre à l’Institut chargé de retrouver les disparus afin d’y récupérer les restes de son fils.
"Nous avons retrouvé seulement six ossements. J’ai voulu qu’il ait une tombe, même si elle ne contient que quelques restes. Une tombe où je pourrais me rendre. J’ai attendu jusqu’à ce jour en pensant qu’ils retrouveraient, peut-être, davantage d’ossements mais je ne veux plus patienter désormais".
La mère a précisé avoir perdu deux frères, dont l’un le corps n’a toujours pas été retrouvé, une soeur et onze neveux, avant d’ajouter qu’elle fera vivre le souvenir de son fils jusqu’à la fin de ses jours.
"Bien sûr que ceux qui ont perpétré tout cela rendront des comptes un jour", a déploré la mère, heureuse toutefois que ses deux autres fils aient survécu.
- 35 inhumations
Cette année, 35 des victimes du génocide, identifiées, trouveront la paix au mémorial de Potocari à l’occasion de la commémoration du massacre.
La plus âgée des victimes est le septuagénaire, Sahin Halilovic. Se trouve également, Remzija Dudic, une jeune femme tuée avec son mari alors qu’elle était enceinte de six mois.
- Que s'est-il passé à Srebrenica?
Après que Srebrenica était tombée entre les mains des troupes serbes, placées sous le commandement du général, Ratko Mladic, le 11 juillet 1995, alors que la ville avait été déclarée "zone de sécurité" par les Nations Unies (ONU) et où 400 casques bleus néerlandais avaient été positionnés, des milliers de civils bosniaques ont été tués par l'armée de la République serbe.
Les Serbes, qui ont permis aux femmes et aux enfants d'atteindre la zone contrôlée par les soldats bosniaques, ont néanmoins tué 8 372 civils dans des zones forestières, des usines et des entrepôts. Les Bosniaques tués, ont été enterrés par groupe dans des charniers.
Après la guerre, des travaux ont été entamés afin de trouver les corps.
Chaque année, le 11 juillet, les restes des victimes sont, après identification, inhumés lors de la cérémonie de commémoration au mémorial de Potocari.
Jusqu’à ce jour, 6 575 victimes ont été inhumées au mémorial de Potocari.
Plus de mille victimes n’ont toujours pas été retrouvées malgré les 23 années qui se sont écoulées depuis le génocide.
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