Massacre de civils à Banias en 2013 : des témoignages bouleversants émergent après 11 ans
- Le massacre, qui s’est déroulé les 2 et 3 mai 2013, est décrit comme l'un des actes les plus brutaux du régime syrien durant la guerre civile.

Tartus
AA/ Banias
Onze ans après le massacre de 248 civils perpétré à Banias, dans le village de Beyda (province de Tartous) par le régime de Bachar el-Assad, des témoins oculaires brisent enfin le silence. Anadolu (AA) a recueilli leurs récits poignants et filmé les vestiges de la tragédie.
Le massacre, qui s’est déroulé les 2 et 3 mai 2013, est décrit comme l'un des actes les plus brutaux du régime syrien durant la guerre civile. Les forces du régime, épaulées par des milices pro-gouvernementales (Shabiha) et des unités militaires, ont encerclé le village, capturant ses habitants pour les exécuter de manière systématique.
Une opération de terreur méthodique
Dès le 2 mai, les forces du régime ont rassemblé les habitants sur la place centrale du village. Les hommes ont été enfermés dans un petit magasin de téléphonie, tandis que les femmes et les enfants étaient regroupés dans des maisons proches. Les exécutions sommaires ont commencé immédiatement, accompagnées d'incendies volontaires visant à détruire les preuves.
Le massacre a atteint son paroxysme le lendemain, lorsque les forces du régime ont fait irruption dans chaque maison pour éliminer toute forme de vie. Les survivants n’ont pu échapper à la mort qu’en prenant la fuite avant que le périmètre ne soit totalement bouclé.
Le régime a eu recours à des méthodes effroyables lors du massacre ayant causé la mort de 248 civils au total, comme attacher certains villageois à des véhicules roulant dans des directions opposées, les tuant ainsi.
Les forces du régime, dans le but d'imputer le massacre aux opposants, ont forcé Cheikh Omar, figure éminente du village, à témoigner faussement devant les caméras.
Refusant de se plier à leurs exigences, Cheikh Omar et sa famille ont été exécutés sur place par les forces du régime.
Les interviews réalisées par le correspondant d’Anadolu auprès des villageois montrent que, malgré une légère dissipation de la peur et du silence qui régnaient après le massacre, beaucoup peinent encore à croire à la possibilité de la chute du régime et commencent seulement à se libérer progressivement de l’oppression qu’ils ont subie.
Des témoignages glaçants
Abdessattar Khalil, un habitant ayant perdu sa fiancée et toute sa famille, décrit l’horreur à laquelle il a assisté :
"Ils ont demandé à une femme de calmer son bébé qui pleurait sous les bruits des tirs. N’y parvenant pas, ils ont abattu l’enfant devant elle. J’ai vu un homme forcé de choisir entre sa propre vie et celle de son fils. Après avoir supplié qu'on épargne son enfant, ils l’ont tué sous ses yeux."
De son côté, Hassan Yahya Bayasi, un autre témoin, se remémore les horribles crimes commis ce jour-là : "Ils ont brûlé vivants des habitants, décapité d’autres, et perpétré tous les crimes imaginables. Ma famille a perdu 23 membres, dont des enfants."
Une stratégie de terreur systématique
Les experts internationaux et les chercheurs en sciences politiques estiment que ce massacre avait pour objectif de semer la peur parmi les opposants et de manipuler les tensions confessionnelles, consolidant ainsi le soutien au régime.
Les appels à la justice
Les survivants réclament justice. Rawa Adnan, qui a perdu 13 membres de sa famille, appelle à des poursuites judiciaires: "Nous voulons une justice équitable, mais pas de représailles individuelles qui entraîneraient plus de chaos."
Un bilan qui dépasse les frontières
Le nom de Mirac Ural, un milicien pro-régime accusé d'avoir joué un rôle clé dans le massacre de Banias, réapparaît. Il est également suspecté d’être impliqué dans l’attentat à la bombe de Reyhanlı (Türkiye) en mai 2013, qui a coûté la vie à 52 civils.
Ce drame, que les survivants portent encore comme une plaie béante, illustre l’ampleur des crimes commis durant la guerre en Syrie. Les voix brisées des témoins espèrent désormais trouver écho auprès de la communauté internationale pour que justice soit rendue.
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