Marzouki : j'ai cherché à "faire échouer" la tenue du sommet de la Francophonie en Tunisie
Aucune réaction officielle des autorités de son pays n'a été communiquée jusqu'à 12h00 (GMT)

Tunisia
AA/Tunis
L'ancien président tunisien, Moncef Marzouki, a annoncé qu'il avait cherché à "saborder" la tenue du sommet de la Francophonie qui devait se tenir dans son pays le mois prochain. L'organisation de ce sommet dans un pays qui connaît un « coup d'État » est un soutien à la « dictature », selon ses propres dires.
C’est ce qui ressort d’une interview accordée, mardi soir, à la chaîne France 24.
De leur côté, les autorités tunisiennes n'ont émis aucun commentaire à ce sujet jusqu’à 12h00 (GMT).
A rappeler que l’ancien ministre de l’enseignement supérieur et recteur de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF), Slim Khabous, avait annoncé mardi le report du Sommet de la francophonie d’un an.
« Le Conseil permanent de la Francophonie, à la réunion duquel j'ai participé aujourd'hui, a décidé d'autoriser le report d'un an de l'organisation du Sommet de la Francophonie à Djerba, Tunisie», a-t-il écrit sur sa page Facebook.
Plus tôt dans la journée de mercredi, l'Organisation internationale de la Francophonie et le ministère tunisien des Affaires étrangères ont annoncé le report d'un an du sommet, qui était prévu en Tunisie fin novembre prochain, et en ont attribué les raisons aux conditions sanitaires liées à la pandémie de coronavirus.
Le sommet était prévu à Djerba les 12 et 13 décembre 2020, mais a été reporté en raison de la pandémie de COVID-19 aux 20 et 21 novembre, avant d'être à nouveau reporté.
Marzouki a affirmé, dans ses déclarations, qu'il était fier de ses efforts déployés avec les responsables français pour contrecarrer la tenue du Sommet de la Francophonie en Tunisie, considérant que l'organiser dans un pays qui connaît, selon lui, « un coup d'État » est une approbation de « la dictature et de la tyrannie ».
D'un autre côté, Marzouki a nié avoir fait appel à un pays étranger pour « s'ingérer dans les affaires intérieures de la Tunisie ».
Samedi, le Syndicat du corps diplomatique tunisien (qui comprend des employés du ministère des Affaires étrangères), a accusé Marzouki d'"inciter les autorités d'un pays étranger à prendre des mesures punitives contre son pays".
"Je souhaite que la Tunisie revienne sur la voie démocratique (..) Je veux le meilleur pour mon pays pour qu’on puisse sortir de cette crise", a ajouté l’ex-chef d’Etat, soulignant qu’il souhaitait que le sommet de la Francophonie se tienne l'année prochaine dans une Tunisie démocratique qui ne connaît pas de coup d'Etat.
Selon un communiqué de son ministère des Affaires étrangères, la Tunisie s'est entretenue avec 8 pays sur l'organisation du 18e Sommet de la Francophonie à Djerba, sans toutefois commenter l'annonce d'une "recommandation" émise par le Conseil permanent de la Francophonie de reporter le sommet à l'année prochaine. .
L'Agence universitaire de la Francophonie a été créée il y a 60 ans et comprend 1 007 universités et écoles supérieures qui utilisent la langue française dans 119 pays, selon la définition de l'agence elle-même.
La Tunisie est en proie à une grave crise politique depuis que le chef de l’Etat avait décidé le 25 juillet dernier de révoquer le Chef du gouvernement Hichem Méchichi, de geler les pouvoirs du Parlement pour une durée de 30 jours, et de lever l’immunité des députés dans le cadre de mesures d’exception. Kaïs Saïed avait annoncé également qu’il s’arrogeait le pouvoir exécutif avec l’aide d’un gouvernement dont il désignera le chef et a procédé dans les jours suivants à une série de limogeages de ministres et de hauts responsables dans l’appareil de l’Etat.
Le Président tunisien avait décidé de supprimer l'instance provisoire de contrôle de la constitutionnalité des projets de loi, de légiférer par décrets présidentiels et d'exercer le pouvoir exécutif avec l'aide d'un gouvernement, alors que des observateurs et des parties politiques estiment que les nouvelles dispositions présidentielles constituent « un coup d’État contre la Constitution ».
La majorité des partis ont rejeté les décisions de Saïed, prorogées en date du 24 août écoulé. Certains partis ont qualifié ces décisions de « coup d’Etat contre la Constitution », tandis que d’autres formations politiques les considèrent comme une « restauration du processus », sur fond de crises politique, économique, et sanitaire (Covid-19).
*Traduit de l'arabe par Wejden Jlassi
Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.