Martinique : Rodrigue Petitot condamné à 10 mois de prison ferme aménageable
- À la tête d'un collectif contre la vie chère, Rodrigue Petitot, a été reconnu coupable d’intimidations à l’encontre des maires de l’île par le tribunal correctionnel de Fort-de-France

France
AA / Tunis / Majdi Ismail
Le président du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), Rodrigue Petitot, a été condamné lundi à 10 mois de prison ferme aménageable (sous forme d’une détention à domicile sous surveillance électronique, ndlr) par le tribunal correctionnel de Fort-de-France, pour intimidations à l’encontre des maires de Martinique.
‘’Nous sommes surpris par la décision. On s’attendait à ce qu’on soit entendu, qu’on soit suivi, surtout au regard des jurisprudences que nous avons citées sur la liberté d’expression’’, a réagi Maître Max Bellemare, l’un des trois avocats de Rodrigue Petitot, après l’énoncé du verdict rendu au terme d’une audience de 13 heures, rapporte ‘’France info’’.
‘’Il y a de fortes chances qu’on fasse appel’’, a ajouté Me Bellemare.
C’est ‘’un prisonnier politique’’, a souligné Georges-Emmanuel Germany, autre avocat du président du RPPRAC.
En détention provisoire depuis samedi, Rodrigue Petitot est retourné au centre pénitentiaire de Ducos. Il doit être convoqué sous cinq jours par un juge d’application des peines en vue d’un placement sous bracelet électronique.
Au prononcé de la décision du tribunal correctionnel de Fort-de-France, des heurts ont éclaté à l’extérieur du palais de justice.
Parmi les sympathisants de Rodrigue Petitot, plusieurs dizaines ont lancé des pierres et des bouteilles en verre sur les façades du tribunal et les gendarmes ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogènes.
Cette condamnation est en-deçà des réquisitions du ministère public, qui avait demandé 12 mois de prison ferme à l’encontre du président du RPPRAC.
Sur une vidéo diffusée le 26 novembre sur les réseaux sociaux, le responsable associatif de 42 ans avait exigé le départ du préfet de la Martinique et réclamé aux élus de fermer les mairies, rapporte de son côté, le quotidien Le Monde.
‘’Démontrez-nous que l’on peut compter sur vous. On va vous attaquer. On va faire un grand nettoyage, de l’extérieur comme de l’intérieur’’, avait-il déclaré alors qu’il manifestait, selon la radio locale RCI.
Il a été interpellé jeudi en fin de journée avant d’être placé en détention provisoire jusqu’à son procès.
‘’Les propos que vous avez tenus constituent bien des actes d’intimidation à l’égard d’élus de la Martinique, en particulier les maires’’, a déclaré Thomas Lamorelle, le président du tribunal.
De son côté, le représentant du parquet a rappelé lors de son réquisitoire que le prévenu était en état de récidive légale et risquait, pour les faits qui lui étaient reprochés, jusqu’à 20 ans d’emprisonnement.
‘’On n'a jamais appelé à la violence contre qui que ce soit’’, s’est défendu Rodrigue Petitot pendant son procès.
Depuis septembre, la Martinique - île française des Caraïbes - est secouée par un mouvement contre la vie chère qui a dégénéré en émeutes urbaines et violences essentiellement nocturnes durant lesquelles, 298 véhicules ont été brûlés, 174 locaux commerciaux ont été incendiés, vandalisés ou pillés, et 33 bâtiments privés et six bâtiments publics ont été incendiés, selon la préfecture.
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