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MAE Belge : « Si nous voulons une solution à deux États, nous avons besoin de deux États »

- Déclarations de Maxime Prévot après la décision de son pays de reconnaître l'État palestinien

Selen Valente Rasquinho  | 03.09.2025 - Mıse À Jour : 03.09.2025
MAE Belge :  « Si nous voulons une solution à deux États, nous avons besoin de deux États »

Brussels Hoofdstedelijk Gewest

AA / Bruxelles / Selen Valente

Le ministre belge des Affaires étrangères et vice-Premier ministre Maxime Prévot a déclaré que son gouvernement avait décidé de reconnaître l'État palestinien afin d'envoyer un message fort à Israël, qualifiant les événements à Gaza de "génocide manifeste".

Prévot a fait des déclarations mardi à la correspondante d'Anadolu, à la suite des décisions prises par le gouvernement fédéral belge de reconnaître l'État palestinien et d'imposer des sanctions à Israël.

Alors qu'il faisait pression depuis longtemps sur ses partenaires de la coalition pour une prise de une décision dans ce sens, le chef de la diplomatie belge s'est dit satisfait de l'accord conclu.

"Pour des raisons tant morales que juridiques, j'estimais qu'il était de notre devoir, au sein de la coalition gouvernementale belge, de signer un accord et d'envoyer un message fort à Israël. Ce message indique clairement que le gouvernement doit mettre un terme à l'expansion des colonies illégales et à la suspension de toute aide humanitaire au peuple palestinien", a-t-il donc déclaré.

Évoquant la situation à Gaza, le chef de la diplomatie belge a déclaré que "beaucoup de femmes, d’enfants" et de nombreux autres citoyens souffraient de la faim. Il a poursuivi en confiant que c’était "totalement inacceptable". "Comme son nom l’indique, si nous voulons une solution à deux États, nous avons besoin de deux États. Or, avec l’attitude actuelle du gouvernement israélien, la possibilité d’une solution à deux États est menacée. C’est pourquoi, à l’initiative de l’Arabie Saoudite et de la France, nous avons décidé de reconnaître l’État de Palestine dans les prochaines semaines à New York afin d’envoyer un message diplomatique fort" , a-t-il affirmé dans la suite de ses déclarations.

Prévot a souligné que cette décision était également importante pour montrer politiquement qu’ils s’opposaient à une solution à un seul État en Israël.

Le ministre belge a aussi indiqué que le gouvernement attendrait la libération de tous les prisonniers et le retrait du Hamas du pouvoir à Gaza avant d'officialiser sa décision de reconnaître la Palestine, « afin de ne pas donner l'impression de récompenser le Hamas ».

"Il s'agit clairement d'un génocide" , a-t-il lancé.

N'hésitant pas à qualifier les événements à Gaza de génocide, Prévot a déclaré qu'il s'agissait de son opinion personnelle et qu'il l'avait clairement exprimée il y a plusieurs mois. "J'ai souligné que, selon la plupart des diplomates belges, la situation sur le terrain était vraiment horrible et pouvait être considérée comme un génocide", a-t-il martelé.

Il précise néanmoins que la qualification de génocide ne reflétait pas la position officielle du gouvernement belge et que cette qualification relevait de la compétence du pouvoir judiciaire.

Cependant, poursuit le chef de la diplomatie, "franchement, à mon avis, il s'agit clairement d'un génocide. C'est pourquoi j'ai exercé autant de pression sur le gouvernement belge pour qu'il prenne une décision claire".

« De nombreux pays ont choisi de ne pas appliquer de sanctions, préférant adopter une attitude basée sur ce qu'ils ont fait dans le passé. »

À la question de savoir si l’Union européenne (UE) aggravait indirectement la crise à Gaza en ne sanctionnant pas Israël, Prévot a répondu : « Il est évident que nous rencontrons de nombreux problèmes au sein de l’UE pour prendre des décisions communes concernant les sanctions contre Israël et pour les mettre en œuvre. Il y a beaucoup de pays qui préfèrent adopter une position basée sur les actions passées et choisissent de ne pas appliquer de sanctions. »

Prévot a ainsi poursuivi ses propos :

« Cela signifie que nous devons chercher à obtenir une majorité qualifiée pour envoyer un message clair à Israël indiquant que ses actions sont inacceptables. C’est pourquoi j’ai la responsabilité claire de voter en faveur des positions les plus fermes contre Israël et de la mise en œuvre de certaines sanctions. »

« Nous n’avons même pas pris en compte la position des États-Unis. »

Prévot a expliqué qu’en prenant la décision de reconnaître l’État de Palestine, ils n’avaient pas tenu compte de la position des États-Unis, en ces termes :

« Nous avons pris la décision seuls. Nous n’avons pas pris en compte la position des autres pays, ni même celle des États-Unis. Je ne pense pas que les États-Unis définissent leur position internationale en fonction des sentiments des Européens. »

« Il est évident que la crédibilité de la politique étrangère de l’UE est complètement effondrée. »

Prévot, en évoquant la position de pays comme l’Allemagne au sein de l’UE, a déclaré :
« Bien sûr, mon rôle n'est pas de juger mes homologues des autres pays membres. Je peux comprendre, en regardant l’histoire, pourquoi l’Allemagne et d’autres pays sont réticents à prendre une décision forte contre Israël. »

En faisant référence à la décision du gouvernement allemand de suspendre l’exportation de matériel militaire pouvant être utilisé à Gaza, Prévot a ajouté :

« J’ai constaté que le gouvernement allemand reconnait également qu’il existe certaines limites. C’est un sujet important, et je pense que nous devons mobiliser tous les pays de l’UE afin d'intensifier notre réaction. En effet, il est évident que sans déclarations et décisions fermes, la crédibilité de la politique étrangère de l'UE s'effondrera complètement. C'est pourquoi, en tant qu'UE, nous devons absolument être en mesure d'envoyer des messages clairs et unanimes. »

Entré en fonction en février, Prévot a déclaré qu'il n'aurait jamais imaginé, lorsqu'il était maire de Namur, que la situation à Gaza pourrait en arriver là. « À l'époque, cela était inimaginable, mais il est désormais grand temps d'agir », a-t-il déclaré.


*Traduit du turc par Ben Amed Azize Zougmore

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