Madagascar : les grandes villes plongées dans le noir
-Manque de pluie et d'infrastructures destinées à la production énergétique, sont parmi les facteurs derrière les délestages fréquents à Madagascar.
Antananarivo
AA/Antananarivo//Sandra Rabearisoa
Cinq à neuf heures de coupure d’électricité par jour. Telle est la moyenne des délestages dans plusieurs grandes villes malgaches depuis le début de l’année 2017, apprend Anadolu auprès de sources locales, notamment des habitants de villes comme Antsiranana, Mahajanga et Antananarivo en particulier.
De son côté la Compagnie nationale d"électricité et d’eau de Madagascar (JIRAMA-Jiro sy Rano Malagasy) multiplie les avis de coupures.
Derrière ces délestages aussi fréquents que longs, se cachent des difficultés matérielles et financières, explique la JIRAMA, dans un communiqué publié dans la presse locale.
Elle y évoque notamment le manque de pluie qui ralentit le fonctionnement des centrales hydrauliques générant de l'électricité.
A cela s’ajoute la hausse du prix du gasoil , également utilisé dans la production d'électricité. L’électricité fournie ne permet point de répondre aux besoins de la population. D'ailleurs 14% de la population malgache, essentiellement en milieu urbain, a accès à l’électricité à Madagascar, indique la Banque Mondiale dans un rapport publié en 2016.
Cette situation jugée exaspérante par la population a généré une série d'émeutes dans plusieurs villes, notamment à Itaosy, commune de la périphérie d’Antananarivo, le 08 février dernier. Des étudiants de l’Ecole polytechnique de Vontovorona, à 10 kilomètres de la ville, avaient également manifesté quelques jours plus tôt .
« Ces coupures incessantes réduisent à moitié mes recettes quotidiennes. Les clients qui viennent pour se connecter reviennent bredouille car souvent il n’y a pas d’électricité », déplore Razaiarimalala Landy, gérante d’un cybercafé à Ambohipo, à quelques mètres du centre de la capitale malgache.
Le délestage est désormais devenu un facteur handicapant pour les petits commerces tout comme pour les grandes sociétés.
Tout récemment, Erick Rajaonary, président du groupement des opérateurs malgaches a attiré l'attention sur les pertes irréversibles qu'une telle situation risque de générer en termes de productions industrielles.
Face à ces délestages, le gouvernement a pris un ensemble de mesures, qui risquent de ne point faire avancer les choses selon des citoyens interrogés par Anadolu.
Il s'agit, entre autres, de la nomination d’un nouvel administrateur délégué à la tête de la JIRAMA. En trois mois, ce nouveau responsable aura pour mission de trouver des stratégies durables pour le redressement de la société d’Etat.
Lors d'une récente visite( le 10 février) à Vohibato, dans le sud du pays, le président malgache, Hery Rajaonarimampianina, a tenté de calmer la situation et promis de résoudre le problème, assurant, dans une déclaration à la presse que les autorités travaillent sans répit afin de trouver des solutions pérennes contre le délestage.
Il était également revenu sur les causes de ces coupures citant, notamment, le manque en termes d'infrastructures destinées à la production d'énergie.
De son côté, le Premier ministre malgache, Olivier Mahafaly Solonandrasana , s'est rendu le 15 février dans deux centrales hydrauliques de la JIRAMA, respectivement à Mandroseza et à Mandraka, à proximité d’Antananarivo.
Se voulant rassurant, le Premier ministre a déclaré que "des efforts sont déployés pour diversifier les ressources énergétiques et ne plus se limiter au gasoil en exploitant, notamment, le Fuel lourd et d’autres énergies renouvelables". Il a, également, annoncé la prise de mesures drastiques pour démasquer les branchements illicites d’électricité.
Concernant le recours aux énergies renouvelables, la société Madagascar Oil, une société internationale spécialisée dans la production de gaz et de pétrole internationale a officiellement annoncé à la presse le 27 septembre 2016 que la première utilisation du fuel lourd issu d’une extraction de Tsimiroro (un gisement pétrolier situé à Morondava, dans le Sud-est de la Grande île) à la centrale électrique de Mandroseza a été un succès.
Une coopération entre l’Etat et cette société pétrolière est donc envisagée. John Claussen, directeur Général de Madagascar Oil avait annoncé à cette occasion que « le champ pétrolifère de Tsimiroro est une ressource nationale qui peut aider à soutenir les besoins énergétiques croissants de Madagascar».
Pour Rakotoniaina Solofo Hery, Chef du « parcours énergie renouvelable » au département de Génie électrique de l’Université d’Antananarivo, le recours aux énergies renouvelables et la gestion rationnelle de l’énergie constituent la solution idoine au problème.
"La gestion rationnelle prévoit, notamment, l’utilisation de lampes à basse consommation ainsi que des mesures pour rationaliser la consommation", a-t-il précisé, ajoutant que la Grande île gagnerait à exploiter son potentiel d'énergie solaire, éolienne tout en encourageant les partenariats avec des investisseurs internationaux. Le spécialiste préconise à ce propos de prendre des mesures incitatives et d'élaborer une loi pour les énergies renouvelables.
La production d’électricité dans le pays est assurée par deux sources, à savoir l’hydroélectricité et les énergies fossiles. D’après les chiffres de l’Institut National des Statistiques (INSTAT), une hausse de 2,9% a été observée au niveau de la consommation en électricité en 2016.
Celle-ci est passée de 79 196 MWh en 2013 à 81 293 MWh. Malgré ce besoin croissant, « Madagascar reste sous-équipé en électricité » selon le constat du ministère de l’Energie et des hydrocarbures. Le besoin national en la matière est estimé à 150 000 Mwh (d’après l’INSTAT) voire plus, étant donné qu'une grande partie du pays n’a pas encore accès à l’électricité.
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