AA / Paris / Ümit Dönmez

Le Président français Emmanuel Macron a qualifié mercredi d’« historique » le partenariat annoncé entre Nvidia et Mistral AI, y voyant un jalon stratégique vers une plus grande souveraineté numérique et technologique de la France.

Par voie d’un échange public lors d’un panel à VivaTech, Macron a déclaré que cette alliance s’inscrivait dans « notre combat pour la souveraineté, pour l’autonomie stratégique », affirmant que la France voulait « son cloud, ses centres de données, ses capacités de calcul », ainsi que « tous les services et infrastructures permettant de préserver cette intelligence […] et cette diversité ».

Nvidia, géant américain des processeurs graphiques et de l’infrastructure de calcul, est l’un des piliers mondiaux du développement de l’intelligence artificielle. Mistral AI, jeune entreprise française fondée en 2023 par Arthur Mensch, s’est imposée en quelques mois comme un acteur clé de l’IA générative en Europe.

Le patron de Nvidia, Jensen Huang, a tenu à souligner que son entreprise avait produit son tout premier microprocesseur en France, dès 1994, grâce à un partenariat avec Thomson (devenu SGS Thomson Microelectronics). Ce rappel historique, salué par Macron comme « très important », illustre selon lui l’enracinement de longue date de la France dans le secteur des technologies avancées.

- Atouts de la France

Le Président français a insisté sur les atouts nationaux en soulignant que « nous disposons de tous ces atouts : les talents, l’écosystème, l’énergie, l’infrastructure, et un vivier dynamique de start-ups ». Il a cité Arthur Mensch comme un « pionnier », saluant sa capacité à incarner un modèle de réussite française dans l’IA.

Le partenariat entre Nvidia et Mistral AI prévoit notamment la mise en place en France d’un campus dédié à l’intelligence artificielle, présenté comme le plus grand d’Europe. Il visera à développer des capacités de calcul avancées, un cloud souverain et des infrastructures à faible empreinte carbone. « Le partenariat annoncé aujourd’hui entre Nvidia et Mistral AI est, pour moi, historique », a déclaré Macron devant un public de décideurs et d’entrepreneurs.

Ce rapprochement s’inscrit dans une stratégie plus large de réindustrialisation numérique, amorcée avec les annonces du Sommet sur l’IA de février dernier, où l’exécutif avait présenté 109 milliards d’euros d’investissements publics et privés dans ce domaine.

- Posthumanisme

Plus tard dans la soirée, lors d’un second panel au salon VivaTech, Macron a tenu à clarifier sa vision des relations entre l’humain et la machine, déclarant : « Je ne crois pas au posthumanisme ». Le chef de l’État a ainsi marqué ses distances avec les courants technophiles radicaux qui envisagent un dépassement de l’homme par la technologie, notamment par l’intégration du corps et de l’intelligence à des systèmes artificiels.

Le posthumanisme désigne en effet un courant philosophique et technologique qui imagine un futur où l’humain, amélioré ou modifié par les technologies (implants, IA, biotechnologies), verrait ses capacités radicalement augmentées, voire supplantées. Cette position critique vise à établir un positionnement éthique pour la France dans le débat sur l’IA : une innovation au service de l’humain, et non en rupture avec lui.